Le Mouvement médical anthroposophique Structures de ...

forme de rituels initiatiques dans le temple. De nos jours, elles sont déjà requises par les
conditions de vie – intérieures et extérieures – de la plupart des hommes. La vie elle-même est
devenue un « mysterium » dont le sens et les opportunités de développement sont à déceler.
Les évènements initiatiques pouvant en résulter concernent la vie de la connaissance, du
sentiment et de la volonté.
C’est au feu d’une connaissance honnête de soi et du monde que se consume l’auto-illusion
par laquelle on voudrait inconsciemment se protéger, soi-même et les autres, de vérités
désagréables (épreuve du feu).
Dans la crise de confiance qui suit très souvent une grosse déception, provenant de soi-même
ou d’autrui, on fait l’expérience de la qualité propre à l’épreuve de l'eau, dans laquelle « plus
rien ne porte ». Compte tenu de la profonde incertitude et de la rupture de reconnaissance, de
soutien et de réconfort – venant tant de l’intérieur que de l’extérieur – qui y sont liées, on ne
peut alors continuer à se développer sainement que si l’on trouve une raison d’agir qui soit
entièrement fondée sur la chose même qui est en jeu. Les sympathies personnelles peuvent –
et doivent – ici se taire. C’est de l’amour pour l’action, fondé uniquement sur la chose même,
qu’il s’agit, qui porte celui qui vit cette situation, même s’il est « en train de nager ».
La qualité de l’épreuve de l’air, en revanche, est la faculté dont l’homme moderne a besoin
s’il veut agir dans la culture de manière créatrice et bienfaisante. Cela nécessite non seulement
une éducation à la véracité envers soi-même et envers les autres (processus de l’épreuve du
feu) ou un développement de la capacité à comprendre et à aimer l’humain (processus de
l’épreuve de l’eau) ; cela requiert surtout la faculté de l’intuition morale 10 , c’est-à-dire la
faculté de prendre la bonne décision en fonction de la situation ; cela demande du courage, de
la tolérance et un amour inconditionnel de la liberté.
Ces trois nouvelles manières de penser, de sentir et de vouloir – même si l’on ne fait que
commencer à les pratiquer – transforment la vie sociale en espace de développement pour
tous. Mais en même temps, ces facultés, ou ces attitudes dans la vie, relient justement le
monde spirituel et le monde sensible, ce qui permet de franchir consciemment le seuil du
monde spirituel.
Les techniques morales pour l’engagement social et les missions du Goetheanum
Compte tenu de la fréquence actuelle des carences vécues au plan social, il importe de
nommer les compétences sociales requises :
• Dans le domaine de la vie spirituelle, il faut promouvoir l'individualisme et l'engagement
personnel, ou pour ainsi dire, l'esprit d'entreprise spirituel.
• Dans le domaine juridique, il faut que les conventions soient claires et qu’il soit possible de
réfléchir sur les formes de travail dans lesquelles on se trouve et de les optimiser pour le
bénéfice de tous.
• Dans le domaine économique et social, il s’agit d’abord d’une culture de la reconnaissance
de ce qui est réalisé, et de ce que chaque individu, avec ses talents et ses compétences
personnelles, peut apporter.
Si ces trois besoins primordiaux de l'homme moderne sont pris en compte, on peut affronter
de manière constructive ce qui est « difficile » dans la vie sociale. Un développement créatif
de chacun peut s’instaurer, au lieu de la dispersion chaotique des intentions particulières.
Afin de pouvoir s’y exercer, Steiner a dessiné le 27 décembre 1923, pendant le Congrès de
Noël, un croquis montrant trois formes possibles pour construire une communauté : deux
d’entre elles ont une structure horizontale et une troisième croise verticalement les structures