the islamic review janvier 1950 - The Lahore Ahmadiyya Movement ...
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— Que si. Il voulait me priver de la dernière chose qu’il<br />
me restait... mon honneur, déclara-t-elle en pleurant<br />
avec amertume.<br />
— Ne pleures pas, mon enfant, dit l’Israélite. Il le<br />
méritait. Dans quelques heures ce ne sera que du<br />
passé. Nous allons quitter ce pays de démons ».<br />
A ces mots, les chevaux galopèrent à pleine<br />
vitesse.<br />
Les heures passaient mais Amina paraissait<br />
indolente et extrêmement malheureuse.<br />
« Qu’y a-t-il, mon enfant, n’es-tu pas<br />
heureuse de quitter cet enfer ?<br />
— Je souhaiterais que tout se passe comme tu l’as dit,<br />
mais les voix parlent différemment.<br />
— Tes voix encore !<br />
— Oui, elles me disent que j’atteindrai le martyr très<br />
prochainement.<br />
— Pures hallucinations, très chère, pures hallucinations.<br />
— Non, les voix ne me mentent jamais ! ».<br />
* * *<br />
Gibraltar était maintenant en vue. Amina<br />
remarqua : « C’est ici que les Arabes entrèrent le pays<br />
en puissants conquérants, et c’est ici qu’ils le<br />
quittèrent en vaincus humiliés, mais ni toi ni moi ne<br />
sommes destinés à retraverser. Les voix l’assurent ».<br />
L’Israélite pâlit, mais rassembla assez de force<br />
pour dire : « Mais nous sommes si proches de la mer,<br />
et c’est pure folie que de penser que nous pourrions<br />
être capturés par les Espagnols.<br />
— Cela sera comme je te le dis. N’entends-tu pas ?<br />
— Entendre quoi ?<br />
— Le bruit du galop des chevaux qui se rapprochent.<br />
Je te l’ai dit, les voix ne mentent jamais ».<br />
Le son d’une bande de cavaliers se fit de plus<br />
en plus distinct, et en peu de temps ils formèrent un<br />
petit cercle autour des fugitifs. Ils avaient découvert le<br />
THE ISLAMIC REVIEW JANVIER <strong>1950</strong><br />
meurtre de l’Alcayde dans la chambre de la princesse<br />
au petit matin. Ils alertèrent alors toutes les villes et<br />
tous les villages du Sud. Les chevaux paraissaient<br />
harassés, leurs flancs étaient couverts de sueur. Les<br />
deux coupables furent enchaînés et ramenés à<br />
Grenade.<br />
Le tribunal espagnol fut rapide ; il les jugea<br />
tous deux sommairement et les condamna à la mort.<br />
L’Israélite fut écorché vif et la princesse fut envoyée<br />
au bûcher.<br />
Comme elle se tenait enchaînée sur un<br />
immense amas de bois et que les flammes rouges<br />
commençaient à atteindre son corps fin et noble, elle<br />
lança un dernier cri et dit :<br />
« Vous brûlez mon corps mais mon âme reste en vie.<br />
Vous ne pouvez tuer un idéal par la prison, la potence<br />
ou le bûcher. Vous ne faîtes que le renforcer et ainsi<br />
vous enflammez l’imagination des générations à venir.<br />
Je suis fière de devenir un martyr. Le Prophète<br />
Muhammad m’attend au paradis avec une boisson<br />
céleste. Je m’en vais. Je m’en vais. Je ne serai pas<br />
longue.<br />
« Ô féroces flammes ! Dévorez-moi rapidement si vous<br />
souhaitez me faire miséricorde. Je n’aime pas vôtre<br />
monde. Je ne lui appartiens pas. Le paradis est ma<br />
résidence. Là j’irai. Ô assemblée de tyrans ! Vous serez<br />
jugés en retour par le Puissant Juge pour toutes les<br />
atrocités que vous avez commises sur cette belle terre.<br />
J’ai pitié de vous, car ce feu n’est rien comparé à<br />
l’éternel feu de Dieu. Je vous pardonne pour ce que<br />
vous m’avez fait, mais il y a des milliers d’innocentes<br />
victimes qui ne vous pardonneront pas.<br />
« Merci, merci d’avoir fait de moi une sainte et un<br />
martyr ».<br />
Sur ces mots l’âme de la Jeanne d’Arc<br />
musulmane, Princesse Amina, s’éleva jusqu’au plus<br />
hauts cieux.