orphelins Baudelaire
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murailles. En général, c’était pour entrer quelque part, mais<br />
nous, on va s’en servir pour sortir !<br />
Elle empoigna le banc par un bout et indiqua le mur.<br />
— Il faut essayer de foncer tout droit et de heurter le mur de<br />
toutes nos forces à l’endroit où il est affaibli. Prunille, grimpe<br />
sur les épaules de Klaus. Et maintenant, vous deux, prenez<br />
l’autre bout du banc. Je crois qu’à nous trois nous devons<br />
pouvoir faire un bélier fort honorable.<br />
Klaus et Prunille prirent position et le trio fut prêt à tester la<br />
dernière invention de Violette. Les deux sœurs étaient<br />
cramponnées au banc, et Klaus cramponné à Prunille afin<br />
d’empêcher le choc de la désarçonner.<br />
— Maintenant, annonça Violette, on prend du recul, et à<br />
trois, on fonce dans le mur. On vise bien l’endroit où le mortier<br />
est ramolli, hein ? C’est notre seule chance. Prêts ? Uun, deuux,<br />
trois !<br />
Bram ! Le banc de bois, à pleine vitesse, emboutit le mur<br />
violemment. Au bruit du choc, on aurait cru la prison sur le<br />
point de s’écrouler, mais à mieux y regarder c’est à peine si deux<br />
ou trois briques avaient l’air contusionnées.<br />
— On recommence ! lança Volette. Uun, deuux, trois !<br />
Et bram ! Dehors, un bruit d’ailes en déroute trahit l’émoi<br />
des corbeaux. Trois briques de plus semblaient avoir souffert,<br />
l’une d’elles s’était fissurée.<br />
— Ça marche ! exulta Klaus. Notre bélier fonctionne !<br />
— Iiin, deuuu, minga ! lança Prunille, et une fois de plus le<br />
banc de bois emboutit le mur.<br />
— Ouille ! cria Klaus en sautant à cloche-pied, au risque de<br />
désarçonner sa petite sœur. J’ai reçu un bout de brique sur le<br />
pied !<br />
— Hourrah ! jubila Violette. Euh, pardon, Klaus ! Navrée<br />
pour ton orteil, mais hourrah parce que, si les briques<br />
s’effritent, c’est bon signe. Posons ce bélier pour regarder.<br />
— Turlututu ! refusa Klaus. Pas le temps de regarder, on<br />
continue. Quand on verra la fontaine, on le saura, que ça a<br />
marché. Uun, deuux, trois !<br />
Bram ! et plonc ! plonc ! pataplonc !<br />
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