orphelins Baudelaire
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qui permettent d’être presque sûr. Et les enfants <strong>Baudelaire</strong>,<br />
regardant Hector s’affairer, glanèrent toutes sortes d’indices.<br />
L’air que fredonnait Hector en hachant les ingrédients, par<br />
exemple, était un air rassurant – pas du tout ce que<br />
fredonnerait un malfrat capable de séquestrer des enfants. De<br />
même, lorsqu’il s’avisa que le thé était trop brûlant, Hector prit<br />
chacune des tasses pour souffler dessus un bon coup ; il était<br />
difficile de croire qu’on pût être à la fois aussi attentionné et<br />
capable des pires vilenies.<br />
Mais surtout, surtout, Hector ne pressait pas les enfants de<br />
questions. Il ne leur demandait pas pourquoi ils avaient paru si<br />
surpris, pourquoi ils ne disaient plus rien. Non, il fredonnait à<br />
mi-voix, il attendait simplement qu’ils se sentent prêts à parler.<br />
On avait peine à imaginer que quelqu’un d’aussi délicat eût un<br />
lien avec le comte Olaf.<br />
On n’est jamais sûr de rien, c’est un fait, mais malgré tout,<br />
en regardant Hector enfourner ses enchiladas, les enfants<br />
<strong>Baudelaire</strong> avaient l’impression d’être presque sûrs. Et quand<br />
Hector s’assit à la table et se servit le reste de thé, ils étaient<br />
prêts à lui parler de ce distique.<br />
— Ce poème a été écrit par Isadora Beauxdraps, déclara<br />
Klaus sans préambule – expression signifiant ici : « sans même<br />
laisser à Hector le temps de reposer la théière ».<br />
— Bigre, commenta Hector. Je comprends que vous ayez eu<br />
l’air si estomaqués. Mais qu’est-ce qui vous permet de<br />
l’affirmer ? Des tas de poètes ont écrit ou écrivent encore des<br />
distiques. Ogden Nash, par exemple.<br />
— Dans ses poèmes, Ogden Nash ne parle pas de saphirs,<br />
assura Klaus qui avait reçu une biographie de Nash pour ses<br />
sept ans. Isadora, si. Les parents Beauxdraps, en mourant, ont<br />
laissé une immense fortune en saphirs. Des saphirs que le<br />
comte Olaf aimerait bien empocher. C’est ce que le premier vers<br />
explique.<br />
— Et d’ailleurs, ajouta Violette, c’est l’écriture d’Isadora. Et<br />
c’est tout à fait son style.<br />
— Bien, admit Hector. Si vous dites que ce poème est<br />
d’Isadora Beauxdraps, je vous crois.<br />
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