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orphelins Baudelaire

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Il les poussa, trébuchants, le long d’un corridor obscur,<br />

bordé d’un alignement de cellules apparemment toutes vides –<br />

et toutes plus sales les unes que les autres, pour autant qu’on<br />

pouvait en juger.<br />

— C’est vous qui serez bientôt sous les verrous, Olaf ! prédit<br />

Klaus, d’un ton qui se voulait assuré. Si vous croyez vous en<br />

tirer comme ça !<br />

— Mon nom est Dupin. Et mon métier est de livrer les<br />

criminels à la police.<br />

— Mais si vous nous passez par le bûcher, dit Violette,<br />

jamais vous ne mettrez la main sur la fortune <strong>Baudelaire</strong>.<br />

Pour toute réponse, au fond du couloir suivant, Dupin jeta<br />

les trois enfants dans un galetas.<br />

C’était un réduit étriqué, empestant le moisi à plein nez,<br />

avec un banc de bois pour tout mobilier. Le peu de jour qui<br />

tombait de la lucarne montrait que Dupin n’avait pas menti :<br />

l’endroit était d’une saleté infâme.<br />

Le détective voulut refermer la porte, mais il faisait bien<br />

trop sombre pour distinguer la poignée avec des lunettes noires<br />

sur le nez, si bien qu’il les retira d’un geste rageur. Les enfants<br />

eurent un choc. Ils avaient beau haïr ce déguisement grotesque,<br />

c’était pire encore de revoir en vrai ce sourcil féroce et surtout,<br />

surtout ces petits yeux luisants qui les hantaient depuis des<br />

mois.<br />

— Rassurez-vous, dit-il de sa voix sifflante. Vous ne finirez<br />

pas au bûcher. Pas tous les trois, du moins. Demain, en début<br />

d’après-midi, l’un de vous s’évadera par miracle – si l’on peut<br />

qualifier de miracle un enlèvement par l’un de mes assistants.<br />

Les deux autres, peu m’importe ce qu’il adviendra d’eux. Car il<br />

est une chose que vous semblez ignorer, petits morveux, mais<br />

qui n’a pas échappé à mon génie : il se peut qu’il faille tout un<br />

village pour élever un enfant, mais il suffit d’un enfant pour<br />

hériter une fortune !<br />

Sur ce, avec un grand rire rauque, l’odieux personnage tira<br />

la porte derrière lui.<br />

— Oh ! mais j’ai le cœur bon, vous savez, conclut-il, la tête à<br />

l’entrebâillement. Je vous laisse décider vous-mêmes lequel de<br />

vous aura l’honneur de m’escorter pour la suite, et lesquels<br />

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