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Fiches synthèses sur l'eau potable et la santé humaine

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Groupe scientifique <strong>sur</strong> l’eau Institut national de <strong>santé</strong> publique du Québec<br />

Fiche Turbidité Juin 2003<br />

Interférence avec les méthodes de dénombrement des micro-organismes<br />

La turbidité peut influer <strong>sur</strong> le dénombrement des bactéries <strong>et</strong> des virus. L’énumération des bactéries se<br />

fait par incubation <strong>sur</strong> des milieux nutritifs pendant un certains temps (quelques heures à quelques jours)<br />

suivi du décompte des colonies visibles qui se forment durant c<strong>et</strong>te période. On suppose que chacune des<br />

colonies provient d’une seule cellule. Toutefois, une colonie unique pourrait résulter de <strong>la</strong> croissance de<br />

nombreuses bactéries adsorbées à <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face d’une seule particule. Dans ce cas, le nombre réel de<br />

bactéries serait sous-évalué (CFPT, 2002). Il n’existe pas de consensus <strong>sur</strong> <strong>la</strong> valeur de <strong>la</strong> turbidité ayant<br />

une influence <strong>sur</strong> l’énumération, certains <strong>la</strong> fixant à 1 UNT <strong>et</strong> d’autres à 10 UNT (Santé Canada, 1995).<br />

Les données expérimentales montrent toutefois que <strong>la</strong> proportion de résultats sous-estimant le nombre de<br />

micro-organismes s’accroît graduellement à me<strong>sur</strong>e que <strong>la</strong> turbidité augmente. C<strong>et</strong>te proportion serait de<br />

l’ordre de 20 % avec une turbidité de 1 à 2 UNT, de 45 % avec 5 UNT <strong>et</strong> de près de 80 % à 10 UNT<br />

(CFPT, 2002; LeChevallier <strong>et</strong> al, 1981; Santé Canada, 1995).<br />

Recroissance microbienne dans les canalisations<br />

Une turbidité élevée pourrait favoriser <strong>la</strong> recroissance de certaines bactéries dans le réseau de distribution,<br />

tel que démontré par Power <strong>et</strong> Nagy (1999) qui ont mis en évidence une corré<strong>la</strong>tion entre ce paramètre <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

recroissance des bactéries hétérotrophes aérobies <strong>et</strong> anaérobies facultatives (BHAA). Par contre, McCoy<br />

<strong>et</strong> Olson (1986), qui ont étudié divers réseaux de distribution du Sud de <strong>la</strong> Californie, n’ont pas été en<br />

me<strong>sur</strong>e de faire un lien entre <strong>la</strong> turbidité dans les canalisations <strong>et</strong> le décompte microbien. Une observation<br />

simi<strong>la</strong>ire a été faite par Reilly <strong>et</strong> Kippin (1983) qui ont rapporté une absence de lien entre <strong>la</strong> turbidité <strong>et</strong><br />

l’énumération des BHAA. Ceci indique l’impossibilité d’établir un modèle général ou applicable à toutes les<br />

situations. Il est cependant important de ne pas confondre <strong>la</strong> turbidité générée dans le réseau de<br />

canalisation <strong>et</strong> celle à <strong>la</strong> sortie de l’usine de traitement, c’est-à-dire avant l’entrée dans le système de<br />

distribution. Une augmentation de <strong>la</strong> turbidité dans le réseau de distribution peut simplement indiquer un<br />

problème de corrosion, de recroissance microbienne, un mauvais entr<strong>et</strong>ien ou un trop faible chlore résiduel.<br />

Efficacité de <strong>la</strong> désinfection<br />

L’accroissement de <strong>la</strong> turbidité peut entraîner une augmentation des doses de chlore requises (CFPT,<br />

2002; Santé Canada, 1995). C<strong>et</strong>te réduction de l’efficacité de <strong>la</strong> chloration est directement liée à <strong>la</strong><br />

protection des micro-organismes par les particules. Hoff (1978) rapporte que chaque accroissement<br />

unitaire de <strong>la</strong> turbidité, entre 1 <strong>et</strong> 5 UNT, diminue d’autant <strong>la</strong> quantité résiduelle de désinfectant active<br />

contre les micro-organismes. C<strong>et</strong>te évaluation est simi<strong>la</strong>ire à celle réalisée par LeChevallier <strong>et</strong> al. (1981)<br />

qui, à partir d’une modélisation, rapportent une efficacité de désinfection du chlore huit fois moindre lors<br />

d’un accroissement de <strong>la</strong> turbidité de 1 à 10 UNT. C<strong>et</strong>te modélisation traduisait des observations<br />

expérimentales rapportant une diminution (par le processus de chloration) de 20 % du nombre de<br />

coliformes totaux dans une eau avec une turbidité de 13 UNT, comparativement à une diminution de<br />

100 % avec une turbidité de 1,5 UNT (LeChevallier <strong>et</strong> al, 1981). L’eff<strong>et</strong> négatif de <strong>la</strong> turbidité ne se<br />

manifeste pas qu’avec les désinfectants chimiques comme le chlore, mais aussi avec l’utilisation des<br />

rayons ultraviol<strong>et</strong>s. Ainsi, il a été expérimentalement démontré qu’une augmentation de <strong>la</strong> concentration<br />

de 0 à 0,4 % de particules argileuses ou d’acides humiques pouvait accroître de 75 % <strong>la</strong> <strong>sur</strong>vie de<br />

Klebsiel<strong>la</strong> aerogenes soumise à un traitement aux UV (Bitton <strong>et</strong> al, 1972).<br />

Fiche rédigée par :<br />

Pierre Chevalier<br />

<strong>et</strong> les membres du Groupe scientifique <strong>sur</strong> l’eau de l’Institut national de <strong>santé</strong> publique du Québec<br />

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