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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Polybe. Le sénat <strong>et</strong> les consuls eurent presque tout le pouvoir exécutif, toute<br />

l’administration <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires, tant au <strong>de</strong>dans qu’au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> sorte<br />

qu’aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> étrangers <strong>et</strong> <strong>de</strong> tous ceux qui ne l’observaient que<br />

superficiellement, le gouvernement paraissait entièrement aristocratique. Le<br />

peuple eut néanmoins tous les droits inaliénables <strong>de</strong> <strong>la</strong> souverain<strong>et</strong>é, tels que<br />

ceux <strong>de</strong> nommer aux magistratures, <strong>de</strong> faire ou <strong>de</strong> révoquer les lois, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, <strong>de</strong> recevoir les appels dans les causes criminelles, <strong>de</strong><br />

citer à son tribunal les magistrats après l’expiration <strong>de</strong> leurs charges, pour<br />

rendre compte <strong>de</strong> leur conduite.<br />

L’union <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens donna <strong>de</strong> nouvelles forces à l’État, <strong>et</strong> <strong>la</strong> liberté semble avoir<br />

inspiré au peuple romain un courage plus élevé, plus infatigable que celui qu’il<br />

avait montré jusqu’alors dans <strong>la</strong> guerre.<br />

Par une suite <strong>de</strong> victoires, les Romains, dans l’espace <strong>de</strong> 70 ans, à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bataille contre les Latins en 413, étendirent jusqu’aux <strong>de</strong>rnières limites <strong>de</strong> l’Italie<br />

leur domination, qui n’embrassait d’abord que quelques lieues autour <strong>de</strong> leur<br />

ville, <strong>et</strong>, quoiqu’ils n’eussent ni amarine ni expérience dans <strong>la</strong> navigation, leur<br />

première guerre au-<strong>de</strong>là du continent fut contre une république rivale, qui<br />

joignait à <strong>de</strong> plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> richesses <strong>et</strong> à <strong>de</strong> plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> possessions l’empire<br />

absolu <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. Néanmoins, à force <strong>de</strong> courage <strong>et</strong> <strong>de</strong> constance, ils sortirent<br />

vainqueurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte périlleuse.<br />

Les lois agraires, maintenant <strong>la</strong> division <strong><strong>de</strong>s</strong> propriétés <strong>et</strong> encourageant<br />

l’agriculture, accroissaient aussi <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion libre <strong>et</strong> fournissaient une pépinière<br />

<strong>de</strong> soldats qui réparait, <strong>et</strong> au-<strong>de</strong>là, les pertes causées par les combats, les<br />

naufrages, les fatigues <strong>et</strong> les ma<strong>la</strong>dies, suites inévitables <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

centrées éloignées. Un article très sage <strong>de</strong> ces lois était celui qui obligeait<br />

d’employer <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> libres à <strong>la</strong> culture <strong>et</strong> qui limitait le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esc<strong>la</strong>ves1.<br />

Tite-Live (VII, 25) rapporte qu’en 405, c’est environ 17 ans après <strong>la</strong> promulgation<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lois liciniennes, le sénat, voyant l’État menacé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux guerres étrangères,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> révolte générale <strong>de</strong> ses alliés, <strong>et</strong> se trouvant réduit à ses propres forces,<br />

forma sur-le-champ jusqu’à dix légions, chacune <strong>de</strong> 4.200 fantassins <strong>et</strong> <strong>de</strong> 300<br />

cavaliers ; c<strong>et</strong> historien ajoute : Si, dans l’état actuel, pour repousser une<br />

invasion, on avait besoin d’une armée extraordinaire, il serait difficile <strong>de</strong><br />

rassembler tout à coup autant <strong>de</strong> soldats dans ce même empire, qui s’étend<br />

presque aux extrémités <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre ; tant il est vrai qu’il n’a crû qu’en luxe <strong>et</strong> en<br />

richesses, qui minent <strong>et</strong> consument nos forces réelles.<br />

La république fit bien d’autres efforts pendant <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> guerre punique. Ses<br />

soldats étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens libres, aisés, remplis d’un courage animé par l’amour<br />

<strong>de</strong> leur patrie, infatigables <strong>et</strong> accoutumés a une discipline exacte <strong>et</strong> sévère. Ils<br />

étaient con-duits par <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs dont <strong>la</strong> passion dominante était <strong>la</strong> gloire ; les<br />

opérations générales étaient dirigées par un sénat composé d’officiers<br />

expérimentés <strong>et</strong> <strong>de</strong> politiques habiles, enf<strong>la</strong>mmés <strong>de</strong> l’ambition <strong>la</strong> plus vive<br />

d’étendre leur empire, incapables <strong>de</strong> plier dans les plus grands revers <strong>et</strong> ne<br />

croyant aucune entreprise au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> leurs farces <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur courage. Aussi<br />

passèrent-ils rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> conquête en conquête, <strong>et</strong>, d’une domination<br />

circonscrite autour <strong>de</strong> leur ville, ils parvinrent à l’empire du mon<strong>de</strong> en moins<br />

1 Appien, Bell. civ., I, 8.

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