T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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Les affaires d’un autre ordre étaient jugées, dans une espèce <strong>de</strong> cour d’assises,<br />
par un tribunal formé <strong>de</strong> citoyens romains.<br />
Les débats entre les cultivateurs <strong>et</strong> les décimateurs se jugeaient d’après <strong>la</strong> loi sur<br />
les céréales, portée par Hiéron.<br />
Ce qu’on a dit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sicile s’applique à toutes les autres provinces romaines, leur<br />
gouvernement étant le même, sauf quelques légères différences.<br />
Outre les lois qui formaient le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> province, le gouverneur, en entrant en<br />
charge, publiait un édit contenant certaines maximes <strong>de</strong> droit qu’il s’engageait à<br />
suivre dans l’administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice.<br />
Cicéron1 nous donne une idée <strong>de</strong> l’édit qu’il publia dans son gouvernement <strong>de</strong><br />
Cilicie. Mon édit est très court, dit-il, parce que j’ai tout réduit en <strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses :<br />
<strong>la</strong> première concerne <strong>la</strong> province, comme les comptes <strong><strong>de</strong>s</strong> villes, les d<strong>et</strong>tes,<br />
l’intérêt <strong>de</strong> l’argent, les obligations2.<br />
La secon<strong>de</strong> comprend plusieurs choses qu’on ne peut juger facilement que<br />
d’après l’édit du proconsul, comme les successions, les acquêts, les biens<br />
décrétés, le choix <strong><strong>de</strong>s</strong> syndics <strong><strong>de</strong>s</strong> créanciers.<br />
Pour toutes les autres affaires, j’ai déc<strong>la</strong>ré que je les jugerais conformément aux<br />
édits <strong><strong>de</strong>s</strong> préteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Il ajoute qu’il avait emprunté plusieurs articles à<br />
Scævo<strong>la</strong>, entre autres celui qui perm<strong>et</strong>tait aux Grecs <strong>de</strong> terminer leurs différends<br />
selon leurs lois.<br />
Les provinces étaient suj<strong>et</strong>tes à beaucoup <strong>de</strong> taxes dont les Latins, les Italiens <strong>et</strong><br />
les alliés étaient exempts. La province d’Asie, par exemple, ayant pris le parti <strong>de</strong><br />
Mithridate, qui y fit égorger torts les citoyens romains, perdit tous ses privilèges<br />
<strong>et</strong> fut condamnée, pour surcroît <strong>de</strong> punition, à une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 20.000 talents ou<br />
108.000.000 <strong>de</strong> francs.<br />
Il y avait dans les provinces <strong><strong>de</strong>s</strong> terres qui étaient <strong>la</strong> propriété domaniale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
république. Les anciens domaines <strong><strong>de</strong>s</strong> rois <strong>de</strong> Macédoine, <strong>de</strong> Pergame, <strong>de</strong><br />
Bithynie, <strong>de</strong> Cyrène, <strong>de</strong> Chypre, <strong>et</strong> les territoires confisqués lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête<br />
composaient l’ensemble <strong>de</strong> ce patrimoine public.<br />
Toutes ces terres s’affermaient en argent au profit <strong>de</strong> l’État, <strong>et</strong> formaient une<br />
branche importante <strong>de</strong> ses revenus.<br />
Plusieurs villes municipales d’Italie possédaient <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nature dans<br />
les provinces. Arpinum <strong>et</strong> Atel<strong>la</strong> en avaient dans <strong>la</strong> Gaule3, Capoue dans <strong>la</strong><br />
Crète4. Ainsi les municipes Bebianum <strong>et</strong> Cornelianum, dans <strong>la</strong> Ligurie, avaient<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> fonds <strong>de</strong> terre situés les uns dans <strong>la</strong> pertica Beneventana, les autres dans <strong>la</strong><br />
pertica No<strong>la</strong>na, d’autres dans le territoire <strong>de</strong> P<strong>la</strong>isance, in P<strong>la</strong>centino5.<br />
Les villes, ou faisaient valoir ces terres comme leur bien propre ; c’était l’ager<br />
publicus ; ou les donnaient à bail emphytéotique ; c’était l’ager vectigalis. Le<br />
fermier, s’il payait exactement <strong>la</strong> rente, ne pouvait être évincé, <strong>et</strong> même il<br />
1 Epist. ad Attic., VI, 1, t. I, p. 584.<br />
2 Sous Trajan, Apamée avait encore le privilège d’administrer ses affaires sans qu’elles fussent soumises à <strong>la</strong><br />
révision du gouverneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> province. (Voyez <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> Pline le Jeune, X, 56, à Trajan, <strong>et</strong> <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong><br />
Trajan, epist. 57.) Nicée avait reçu d’Auguste le droit <strong>de</strong> recueillir les successions <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> ses citoyens qui<br />
mourraient intestat. Pline, X, epist. 88, éd. Schœff.<br />
3 Cicéron, ad Famil., XIII, 7, 11.<br />
4 Velleius Paterculus, II, 81.<br />
5 Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> l’Instit. archéol., ann. 1835, p. 149, Dissert. <strong>de</strong> M. le comte Borghesi.