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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong><strong>de</strong>s</strong>potisme. Le peuple <strong>et</strong> le sénat furent traités avec douceur, quoiqu’ils eussent<br />

peu <strong>de</strong> part au gouvernement.<br />

Sous le <strong>de</strong>rnier Tarquin, <strong>la</strong> royauté se changea en tyrannie ; le peuple <strong>et</strong> le sénat<br />

furent également opprimés, les grands <strong>et</strong> le peuple s’unirent pour l’abattre. Mais<br />

<strong>la</strong> révolution fut commencée par les patriciens, qui, dans le nouvel ordre dé<br />

choses introduit par eux, s’arrogèrent presque tout le pouvoir. Ainsi s’établit<br />

l’aristocratie.<br />

Jusqu’à <strong>la</strong> mort <strong><strong>de</strong>s</strong> Tarquins, le sénat, qui avait tout à craindre <strong>de</strong> leur r<strong>et</strong>our,<br />

maintint les lois agraires, défendit l’usure, rendit dans les jugements exacte<br />

justice à chacun ; mais les fils <strong>de</strong> ces patriciens, affranchis <strong>de</strong> <strong>la</strong> crainte d’une<br />

contre-révolution, se permirent toutes les injustices qu’ils avaient le pouvoir <strong>de</strong><br />

comm<strong>et</strong>tre. L’aristocratie se changea en oligarchie : c’est <strong>la</strong> marche naturelle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

choses, <strong>et</strong> les <strong>hommes</strong> sont toujours disposés à abuser du pouvoir.<br />

Alors le peuple se souleva contre c<strong>et</strong>te injuste domination ; il obtint en 260<br />

l’abolition <strong><strong>de</strong>s</strong> d<strong>et</strong>tes usuraires, l’appel au peuple, l’établissement <strong><strong>de</strong>s</strong> tribuns.<br />

Des commotions continuelles s’élevèrent entre les <strong>de</strong>ux ordres <strong>de</strong>puis c<strong>et</strong>te<br />

époque jusqu’à <strong>la</strong> promulgation <strong><strong>de</strong>s</strong> lois liciniennes.<br />

Mais le peuple accrut successivement son autorité, <strong>et</strong> les patriciens, à chaque<br />

mouvement popu<strong>la</strong>ire, perdirent toujours quelques-unes <strong>de</strong> leurs prérogatives1.<br />

Enfin les lois liciniennes furent portées, <strong>et</strong> <strong>de</strong>puis c<strong>et</strong>te époque (388 <strong>de</strong> Rome)<br />

jusqu’à <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Carthage, en 608, <strong>la</strong> partie démocratique prédomina un<br />

peu, ou plutôt il s’établit un juste équilibre entre les parties monarchiques,<br />

aristocratiques <strong>et</strong> démocratiques qui constituaient le gouvernement.<br />

C<strong>et</strong> exposé n’est qu’un abrégé concis, mais fidèle, du traité <strong>de</strong> Polybe sur le<br />

gouvernement <strong>de</strong> Rome. Outre qu’il me semble confirmé par les faits,<br />

l’impartialité <strong>de</strong> l’historien, qui ne pouvait avoir aucun préjugé <strong>de</strong> caste ou <strong>de</strong><br />

nation, l’étendue <strong>et</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ses vues, <strong>la</strong> connaissance exacte qu’il avait<br />

acquise <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> république romaine, sont <strong><strong>de</strong>s</strong> présomptions très fortes en<br />

faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> justesse <strong>de</strong> ses déductions. Elles se trouvent encore confirmées par<br />

c<strong>et</strong>te prévision, pour ainsi dire miraculeuse, qu’il a étendue aux événements<br />

futurs <strong>et</strong> que les faits ont pleinement justifiée. Je n’ai pas besoin <strong>de</strong> rappeler que<br />

Polybe, contemporain <strong>de</strong> Mummius <strong>et</strong> <strong>de</strong> Scipion Émilien, vécut dans le VIe <strong>et</strong> le<br />

VIIe siècle <strong>de</strong> Rome, à peu près <strong>de</strong>puis l’an 554 jusqu’à 634. L’historien, qui n’est<br />

point prophète, juge <strong>de</strong> l’avenir par le passé ; écoutons-le lui-même2.<br />

Tant qu’il resta quelqu’un <strong>de</strong> ceux qui avaient souffert <strong><strong>de</strong>s</strong> gouvernements<br />

précé<strong>de</strong>nts on se trouva bien du gouvernement popu<strong>la</strong>ire ; on ne voyait rien au<strong><strong>de</strong>s</strong>sus<br />

<strong>de</strong> l’égalité <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté dont on jouissait. Ce<strong>la</strong> se maintint quelque<br />

temps ; mais, au bout d’une certaine succession d’<strong>hommes</strong>, on commença à se<br />

<strong>la</strong>sser <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux grands avantages ; l’usage <strong>et</strong> l’habitu<strong>de</strong> en firent perdre le<br />

goût <strong>et</strong> l’estime ; les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> richesses firent naître dans quelques-uns l’envie <strong>de</strong><br />

dominer. Possédés <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te passion <strong>et</strong> ne pouvant parvenir à leur but ni par euxmêmes<br />

ni par leurs vertus, ils employèrent leurs biens à suborner <strong>et</strong> à corrompre<br />

le peuple par toutes sortes <strong>de</strong> voies ; celui-ci, gagné par les <strong>la</strong>rgesses sur<br />

lesquelles il vivait, donna les mains à leur ambition, <strong>et</strong> dès lors périt le<br />

gouvernement popu<strong>la</strong>ire. Rien ne se fit plus que par <strong>la</strong> force <strong>et</strong> par <strong>la</strong> violence ;<br />

car, lorsque le peuple est accoutumé à vivre sans qu’il lui en coûte <strong>et</strong> à prendre<br />

1 Salluste, Oratio prima ad Cœs. <strong>de</strong> Republ. ordinanda, c. I, éd. Havercamp.<br />

2 Polybe, VI, 8, 9.

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