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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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CHAPITRE VII. — Droits civiles <strong>et</strong> politiques.<br />

Le système <strong>de</strong> gouvernement établi par les Romains dans les provinces<br />

conquises n’a point encore été, à ce qu’il me semble, examiné avec une attention<br />

assez scrupuleuse ; cependant il a obtenu <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats immenses <strong>et</strong> nous<br />

présente une espèce <strong>de</strong> phénomène moral digne d’être apprécié.<br />

En eff<strong>et</strong>, tandis que nous voyons les colonies grecques, entraînées par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

circonstances fortuites <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs quelquefois frivoles, se séparer sans cesse<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mère-patrie, combattre assez souvent contre elle, <strong>et</strong>, malgré les liens<br />

puissants <strong>de</strong> communauté <strong>de</strong> culte, <strong>de</strong> mœurs <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage qui les réunissaient<br />

à <strong>la</strong> métropole, changer plusieurs fois dans le cours d’un siècle d’alliés <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

protecteurs, les colonies romaines, au contraire, <strong>et</strong> les États libres ou<br />

monarchiques incorporés à l’empire nous présentent l’étonnant spectacle d’une<br />

union presque indissoluble, soit avec <strong>la</strong> mère-patrie, soit avec le peuple<br />

conquérant.<br />

Ce qui rend encore c<strong>et</strong>te stabilité plus surprenante, c’est que Rome, n’étant dans<br />

son origine qu’une municipalité, une commune, le gouvernement romain n’a été<br />

qu’un ensemble d’institutions municipales ; c’est là son caractère distinctif.<br />

Quand Rome s’est étendue, ce n’a dû être qu’une agglomération <strong>de</strong> colonies <strong>de</strong><br />

municipes, <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its États faits pour l’isolement <strong>et</strong> l’indépendance. Ce caractère<br />

municipal du mon<strong>de</strong> romain, je l’ai déjà fait remarquer, <strong>de</strong>vait rendre l’unité, le<br />

lien social d’un si grand empire, extrêmement difficile à établir <strong>et</strong> à maintenir.<br />

C<strong>et</strong>te unité, néanmoins, s’est maintenue pendant plus <strong>de</strong> cinq siècles.<br />

L’explication <strong>de</strong> ce phénomène se trouve dans <strong>la</strong> simple exposition du système<br />

gradué <strong><strong>de</strong>s</strong> différents droits accordés, soit aux individus, soit aux cités, soit enfin<br />

aux peuples soumis à <strong>la</strong> domination romaine. Je dois donc exposer quels étaient<br />

les droits compl<strong>et</strong>s, optimum jus, du citoyen romain, ceux du Romain envoyé<br />

dans une colonie ; ce qu’étaient le droit du Latium, le droit italique, celui <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

municipes, <strong><strong>de</strong>s</strong> villes libres ou fédérées, enfin les droits <strong>et</strong> les charges <strong><strong>de</strong>s</strong> villes<br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> cantons tributaires.<br />

Ce résumé est indispensable pour faire aisément comprendre <strong>et</strong> justement<br />

apprécier l’habil<strong>et</strong>é pru<strong>de</strong>nte du sénat romain, qui, suivant toujours le système<br />

d’agglomération établi <strong>de</strong>puis l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, avec les modifications<br />

convenables aux temps <strong>et</strong> aux lieux, employant tour à tour les ressorts puissants<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> crainte, <strong>de</strong> l’intérêt personnel <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vanité, a su attacher les peuples<br />

conquis au développement, à <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> sa puissance, <strong>et</strong> maintenir<br />

constamment l’unité dans un assemb<strong>la</strong>ge immense <strong>et</strong> confus <strong>de</strong> républiques, <strong>de</strong><br />

municipalités, <strong>de</strong> communes faites pour l’isolement <strong>et</strong> l’indépendance.<br />

Sigonius, Panvinius, Manuce, Spanheim <strong>et</strong> Vail<strong>la</strong>nt, P. Burmann <strong>et</strong> Beaufort,<br />

ayant traité spécialement ces questions, m’imposent le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> <strong>la</strong> précision ;<br />

c’en est un aussi pour moi <strong>de</strong> rendre hommage à leur sagacité <strong>la</strong>borieuse, <strong>de</strong><br />

citer leurs utiles recherches, <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> ce qu’ils ont fait pour faire quelque<br />

chose <strong>de</strong> plus, <strong>et</strong> <strong>de</strong> partir du point où ils se sont arrêtés afin d’aller au-<strong>de</strong>là s’il<br />

est possible.<br />

Pour exercer complètement les droits <strong>de</strong> citoyen romain, le domicile politique,<br />

l’inscription dans une tribu <strong>et</strong> sur les registres du cens, enfin le droit <strong>de</strong> suffrage,<br />

étaient exigés. C’était là l’optimum, le plenissimum jus ; il se divisait en droits<br />

civils <strong>et</strong> droits politiques. Les droits civils consistaient principalement dans <strong>la</strong>

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