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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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CHAPITRE V. — Lois <strong>de</strong> Caïus Gracchus.<br />

Caïus, dit Plutarque (C. Gracchus, I), était questeur en Sardaigne ; l’hiver était très<br />

ru<strong>de</strong> ; le général <strong>de</strong>manda aux villes <strong><strong>de</strong>s</strong> habits pour ses soldats. Les villes<br />

envoyèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> députés au sénat pour le prier <strong>de</strong> les décharger <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

imposition trop onéreuse. Le sénat ordonna au général <strong>de</strong> chercher ailleurs <strong>de</strong><br />

quoi habiller ses troupes. Comme celui-ci ne trouvait aucun moyen <strong>de</strong> fournir à<br />

c<strong>et</strong>te dépense <strong>et</strong> que cependant les soldats souffraient beaucoup, Caïus s’avisa<br />

d’aller <strong>de</strong> ville en ville, <strong>et</strong> fit si bien par son éloquence qu’il leur persuada à<br />

toutes d’envoyer <strong><strong>de</strong>s</strong> habits <strong>et</strong> <strong>de</strong> secourir les Romains dans leur détresse (ibid.,<br />

II).<br />

Ce grand service partit aux patriciens, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> Caïus, un essai <strong>et</strong> un prélu<strong>de</strong><br />

pour gagner l’affection du peuple, <strong>et</strong> les indisposa fortement contre lui. Leur<br />

malveil<strong>la</strong>nce al<strong>la</strong> même si loin, dit toujours Plutarque (ibid.), que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ambassa<strong>de</strong>urs arrivés en même temps à Rome <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du roi Micipsa, ayant<br />

déc<strong>la</strong>ré au sénat que le roi leur maître, pour l’amour <strong>de</strong> Caïus, envoyait en<br />

Sardaigne, au général romain, une provision <strong>de</strong> blé, les sénateurs s’emportèrent<br />

contre eux <strong>et</strong> les chassèrent honteusement.<br />

Caïus fut ensuite accusé <strong>et</strong> cité <strong>de</strong>vant les censeurs pour être revenu <strong>de</strong><br />

Sardaigne avant son général. Il <strong>de</strong>manda audience pour se défendre ; par un<br />

discours plein d’adresse <strong>et</strong> d’éloquence, il changea l’esprit <strong>de</strong> tous ses auditeurs,<br />

<strong>et</strong> fut absous complètement <strong>et</strong> à l’unanimité par ses juges.<br />

Les nobles ne se <strong>la</strong>ssèrent point <strong>de</strong> le poursuivre, <strong>et</strong> ils intentèrent contre lui<br />

divers chefs d’accusations encore plus graves. On l’accusa d’avoir sollicité les<br />

alliés à <strong>la</strong> défection <strong>et</strong> d’avoir eu part à <strong>la</strong> révolte <strong>de</strong> Frégelles1 ; mais il répondit<br />

si bien aux différents griefs qu’on alléguait contre lui qu’il détruisit tous les<br />

soupçons ; <strong>et</strong>, après s’être <strong>la</strong>vé, il <strong>de</strong>manda le tribunat, auquel il fut porté par<br />

totale <strong>la</strong> faveur du peuple2.<br />

Bientôt il proposa <strong>de</strong>ux lois qui tendaient l’une <strong>et</strong> l’autre à attaquer les ennemis<br />

<strong>de</strong> Tiberius3. L’une portait que tout magistrat que le peuple aurait déposé ne<br />

pourrait plus aspirer à aucune charge ; l’autre ordonnait que le magistrat qui<br />

aurait banni un citoyen sans lui avoir fait son procès dans les formes serait cité<br />

<strong>et</strong> poursuivi <strong>de</strong>vant le peuple.<br />

Parmi les édits qu’il présenta pour relever <strong>la</strong> puissance du peuple <strong>et</strong> pour<br />

rabaisser celle du sénat, il y en avait un qui regardait les colonies <strong>et</strong> qui donnait<br />

aux citoyens pauvres les terres <strong><strong>de</strong>s</strong> villes où on les envoyait pour les repeupler ;<br />

un autre en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes, qui ordonnait qu’on leur fournirait <strong><strong>de</strong>s</strong> habits,<br />

sans rien r<strong>et</strong>rancher pour ce<strong>la</strong> <strong>de</strong> leur sol<strong>de</strong>, <strong>et</strong> qu’on n’enrôlerait point <strong>de</strong> soldat<br />

qui n’eût dix-sept ans accomplis ; un troisième en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés, qui conférait<br />

à tous les peuples <strong>de</strong> l’Italie le droit <strong>de</strong> suffrage, tel que l’avaient les propres<br />

citoyens ; un quatrième pour diminuer, à l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres, le prix du blé ; un<br />

cinquième, enfin, concernant l’administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice, par lequel il enlevait<br />

au sénat <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son autorité ; car les sénateurs étaient les seuls<br />

juges <strong>de</strong> tous les procès, ce qui les rendait très redoutables aux chevaliers <strong>et</strong> au<br />

peuple. Caïus ne se contenta pas d’associer les chevaliers au sénat pour le<br />

1 L. Opimius, préteur, réduisit <strong>et</strong> rasa c<strong>et</strong>te ville, l’an <strong>de</strong> Rome 629.<br />

2 Cf. Velleium, II, VI, édit. varior.<br />

3 Plutarque, C. Gracchus, c. IV <strong>et</strong> V.

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