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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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La condition <strong><strong>de</strong>s</strong> municipes libres était <strong>la</strong> plus favorable après celle <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens<br />

romains1 ; ils gardaient leurs lois, leurs droits civils <strong>et</strong> politiques, tout en<br />

possédant les avantages du droit politique romain, tels que l’élection, l’éligibilité<br />

aux magistratures romaines, <strong>et</strong> l’immunité. Adrien trouvait leur condition<br />

préférable à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> colonies romaines. Ils pouvaient renoncer à leurs lois<br />

particulières en <strong>de</strong>venant populus fundus, c’est-à-dire en adoptant le droit<br />

quiritaire <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains2.<br />

Les Latins, qui s’étendaient, en Italie, du Tibre jusqu’au Liris3, occupaient le<br />

troisième rang dans <strong>la</strong> hiérarchie <strong><strong>de</strong>s</strong> droits politiques. Sans jouir <strong>de</strong> toutes les<br />

prérogatives <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens romains, ni même <strong><strong>de</strong>s</strong> municipes, ils en approchaient<br />

beaucoup, <strong>et</strong> <strong>la</strong> loi leur facilitait les moyens d’acquérir le droit <strong>de</strong> cité. Ils<br />

conservèrent leur territoire, leurs droits <strong>et</strong> leurs privilèges ; on leur donna le titre<br />

d’alliés <strong><strong>de</strong>s</strong> Romains, en leur imposa un contingent <strong>de</strong> soldats. Mais, dit Cicéron4,<br />

pour les vivres, <strong>la</strong> sol<strong>de</strong> <strong>et</strong> les autres dépenses, chaque ville rem<strong>et</strong>tait au<br />

commandant <strong>de</strong> ses troupes ou, au capitaine du vaisseau <strong>de</strong> l’argent, du blé <strong>et</strong><br />

les autres provisions nécessaires. Il était obligé d’en rendre compte à ses<br />

concitoyens, <strong>et</strong>, dans toute sa gestion, il était chargé <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> peine <strong>et</strong> <strong>de</strong> tous<br />

les risques. C’était un usage constant dans <strong>la</strong> Sicile, dans toutes les provinces, <strong>et</strong><br />

même lorsque les Latins <strong>et</strong> nos alliés nous envoyaient <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes auxiliaires<br />

entr<strong>et</strong>enues à leurs frais. Ce passage important nous offre le tableau compl<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’administration militaire <strong>de</strong> tous les alliés, <strong>de</strong> toutes les provinces <strong>de</strong> l’empire<br />

romain dans le <strong>de</strong>rnier siècle <strong>de</strong> <strong>la</strong> république. Les Latins fournissaient les <strong>de</strong>ux<br />

tiers <strong>de</strong> l’infanterie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cavalerie <strong><strong>de</strong>s</strong> armées romaines5 ; ils ne jouissaient<br />

pas du droit <strong>de</strong> contracter <strong><strong>de</strong>s</strong> mariages avec <strong><strong>de</strong>s</strong> Romaines ; il ne leur était<br />

même permis ni <strong>de</strong> se marier hors <strong>de</strong> leur territoire, ni <strong>de</strong> tester jure quiritum, ni<br />

d’hériter par testament, ni <strong>de</strong> recevoir un legs <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’un citoyen romain.<br />

Enfin ils n’avaient pas sur leurs enfants le même droit que les Romains, <strong>et</strong> ils rie<br />

pouvaient acquérir qu’avec le droit <strong>de</strong> cité <strong>la</strong> jouissance du droit quiritaire6. A<br />

l’égard <strong><strong>de</strong>s</strong> tributs ils étaient à peu près traités comme <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens<br />

romains avant <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Macédoine7.<br />

Les peuples qui jouissaient du droit italique étaient compris dans l’espace<br />

renfermé entre les <strong>de</strong>ux mers <strong>et</strong> une ligne parallèle tirée <strong>de</strong> Luna au Rubicon,<br />

bien entendu qu’il faut excepter les Romains <strong>et</strong> les Latins. Chacun d’eux fit son<br />

traité particulier avec Rome ; les conditions furent plus ou moins avantageuses ;<br />

mais enfin ils conservèrent tous leur liberté, leurs lois, leur gouvernement, <strong>et</strong><br />

possédèrent certaines franchises dont ne jouissaient pas les habitants <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

provinces8.<br />

1 Les premiers municipes libres que nous rencontrions, hors <strong>de</strong> l’Italie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, furent créés par Jules<br />

César. Dion, XLIII, 39, p. 233. On en trouve bientôt après en Br<strong>et</strong>agne. Tacite, Agrico<strong>la</strong>, c. 32, Annales, XIV,<br />

33.<br />

2 Sigonius, Jur. Ital., p. 13 b. Le passage c<strong>la</strong>ssique d’Aulu-Gelle (XVI, 13) fixe ainsi leurs droits : Municipes<br />

ergo suat cives Romani ex municipiis, legibus suis <strong>et</strong> suo jure utentes, muneris tantum cum P. R. honorarii<br />

participes, nullis aliis necessitatibus, neque ul<strong>la</strong> lege P. R. adatricti, ni populus eorum fundus factus est (Les<br />

municipaux sont donc les citoyens <strong><strong>de</strong>s</strong> villes soumises à leurs règlements <strong>et</strong> à leurs usages particuliers : ils<br />

partagent avec les habitants <strong>de</strong> Rome l'honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourgeoisie romaine (munus), d'où l'on a formé le nom<br />

municipal, sans autre dépendance <strong>de</strong> Rome ou <strong>de</strong> ses lois, que d'être invio<strong>la</strong>blement attachés à ses intérêts).<br />

Cf. Roth, De re municip., p. 12, n° 25.<br />

3 Pline, III, 9. Strabon, V, p. 231 sqq.<br />

4 In Verrem, V, <strong>de</strong> Supplic., c. XXIV.<br />

5 Velleius Paterculus, II, p. 15.<br />

6 Sigonius, Jur. Ital., p. 13 b. sq.<br />

7 Sigonius, p. 14 b. Cf. Tite-Live, VIII, 8 ; XXXVIII, 44 ; XXVII, 9.<br />

8 Vid. Sigonius, De ant. jur. Ital. I, 9, sqq.

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