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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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obtenaient l’admission à ce droit, soit par l’exercice <strong><strong>de</strong>s</strong> magistratures dans leurs<br />

villes, soit en accusant un magistrat romain <strong>et</strong> en le faisant condamner.<br />

Cependant, dès l’an 576, une loi1 perm<strong>et</strong>tait l’admission <strong><strong>de</strong>s</strong> Italiens au droit <strong>de</strong><br />

cité quand ils réunissaient les conditions exprimées ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, <strong>et</strong> qu’en outre ils<br />

<strong>la</strong>issaient <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants dans leur patrie. Avant <strong>la</strong> loi Julia, dit Tite-Live2, les<br />

Italiotes étaient admis individuellement au droit <strong>de</strong> cité, in civitatem, en<br />

récompense <strong><strong>de</strong>s</strong> services qu’ils rendaient à <strong>la</strong> république.<br />

Un troisième privilège <strong><strong>de</strong>s</strong> Italiens, c’était <strong>de</strong> jouir <strong>de</strong> certains droits par rapport<br />

aux contrats <strong>de</strong> vente <strong>et</strong> d’achat <strong>et</strong> à <strong>la</strong> prescription ; ces droits étaient<br />

particuliers aux Romains, qui y associèrent les Latins <strong>et</strong> les Italiens3. En un mot<br />

<strong>la</strong> condition <strong><strong>de</strong>s</strong> Italiens était une sorte d’état moyen entre celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Latins <strong>et</strong><br />

celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Peregrini.<br />

Je dirai en passant que <strong>la</strong> cause principale <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre sociale <strong>et</strong> le premier<br />

motif d’irritation qui y donna lieu me semblent <strong>de</strong>voir être attribués à l’exemption<br />

<strong>de</strong> tribut dont les Romains se gratifièrent en 585, sans en faire jouir les Italiens<br />

<strong>et</strong> les Latins. L’histoire, très pauvre en faits pour l’époque romaine <strong>de</strong> 585 à 658,<br />

se tait sur c<strong>et</strong>te cause, mais les p<strong>la</strong>intes successives <strong>et</strong> enfin les soulèvements <strong>de</strong><br />

ces peuples, qui éc<strong>la</strong>tent avec violence du temps <strong><strong>de</strong>s</strong> Gracques en 619 <strong>et</strong> 629,<br />

semblent prouver que, <strong>de</strong>puis l’établissement <strong>de</strong> ce privilège, l’admission <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

alliés au droit <strong>de</strong> cité fut restreinte, ce qui les contraignit à se procurer par les<br />

armes un avantage qu’ils n’obtenaient plus facilement <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lois.<br />

Appien semble l’indiquer en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’intérêt qu’exprimait Tiberius Gracchus<br />

pour les peuples jouissant du droit italique : Ces races belliqueuses, unies au<br />

peuple romain par une communauté d’origine, <strong>et</strong> qui pourtant, réduites par <strong>la</strong><br />

misère, marchaient rapi<strong>de</strong>ment à leur ruine, sans nul espoir <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our4.<br />

J’ai exposé l’opinion généralement adoptée, <strong>de</strong>puis Sigonius, sur <strong>la</strong> nature du<br />

droit italique ; Manuce, Saumaise, Casaubon, <strong>et</strong> presque tous les savants<br />

mo<strong>de</strong>rnes, <strong>la</strong> regardaient comme incontestable. Mais un habile critique allemand,<br />

M. <strong>de</strong> Savigny5, a, dans ces <strong>de</strong>rniers temps, essayé <strong>de</strong> <strong>la</strong> renverser. Il avance<br />

que, dans tous les textes anciens qui nous restent concernant le jus italicum, on<br />

ne le voit appliqué qu’à <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong>et</strong> jamais à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes. C<strong>et</strong>te assertion est<br />

réfutée par le texte précis <strong>de</strong> Tite-Live : Lex sociis ac nominis Latini, qui<br />

stirpem ex sese domi relinquerent, dabat ut cives Romani fierent6. Il s’agit<br />

évi<strong>de</strong>mment ici <strong>de</strong> personnes <strong>et</strong> non <strong>de</strong> villes. Il est encore incontestablement<br />

question <strong>de</strong> personnes, <strong>et</strong> non <strong>de</strong> villes, dans les cieux passages suivants, l’un<br />

tiré du discours <strong>de</strong> Cicéron pour L. Cornelius Balbus, l’autre extrait d’un ancien<br />

commentaire du discours prononcé par le même orateur en faveur <strong>de</strong> Milon. Lege<br />

Julia, dit Cicéron, civitas est sociis <strong>et</strong> Latinis data7. L’ancien scoliaste s’exprime<br />

ainsi : Drusus, tribunus plebis, sociis <strong>et</strong> Latinis civitatem Romanam promiserat8.<br />

Dans ces passages le mot socii, opposé aux Latini, ne peut absolument<br />

1 Tite-Live, XLI, 6.<br />

2 Cité par Sigonius, I, 21, p. 42.<br />

3 Vid. Norris., Ep. Syro. Maced. Diss., IV, c. 5.<br />

4 Appien, Bell. civ., I, 9.<br />

5 Nouv. Mém. <strong>de</strong> l’Acad. <strong>de</strong> Berlin, ann. 1815-1816, 3 e vol., 3 e série, p. 41 <strong>et</strong> suiv.<br />

6 Tite-Live, XLI, 8 (La loi accordait à ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés <strong>la</strong>tins qui <strong>la</strong>issaient une <strong><strong>de</strong>s</strong>cendance dans leur patrie<br />

primitive, <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir citoyens romains).<br />

7 Cicéron, pro Balbo, VIII (<strong>la</strong> loi Julia accor<strong>de</strong> aux alliés <strong>et</strong> aux Latins le droit <strong>de</strong> cité romaine).<br />

8 In Cicer. pro Milon., ap. Mai, C<strong>la</strong>ssic. Auctor., t. II, p. 104, éd. in-8°. Cf. Tite-Live, XLI, 9. C<strong>la</strong>udius edixit : qui<br />

socii ac Latini nominis omnes in suam quisque civitatem, ante kal. novembris redirent (C. C<strong>la</strong>udius porta que<br />

tous ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés <strong>la</strong>tins <strong>de</strong>vaient se faire réintégrer tous dans leurs cités respectives avant les calen<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />

novembre).

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