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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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(705) que toute <strong>la</strong> Gaule transpadane reçut le droit <strong>de</strong> bourgeoisie romaine1. Or,<br />

sur ces 450.000 citoyens, 320.000 recevaient gratis du blé <strong>de</strong> <strong>la</strong> république.<br />

La popu<strong>la</strong>tion libre <strong>de</strong> l’Italie était donc considérablement diminuée, puisqu’en<br />

599, entre <strong>la</strong> première <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième guerre punique, c<strong>et</strong>te même portion <strong>de</strong><br />

l’Italie avait 750.000 citoyens mâles libres, <strong>de</strong> dix-sept à soixante ans, <strong>et</strong> il faut<br />

remarquer qu’il n’y avait point alors d’étrangers compris parmi les citoyens<br />

romains.<br />

Cependant, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> C. Gracchus, qui date <strong>de</strong> l’an <strong>de</strong> Rome 629, les<br />

distributions gratuites avaient nourri un très grand nombre <strong>de</strong> citoyens pauvres2.<br />

On s’est aperçu en Angl<strong>et</strong>erre que <strong>la</strong> taxe en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres engage les<br />

journaliers ou les ouvriers à donner le jour à un grand nombre d’enfants. C<strong>et</strong>te<br />

c<strong>la</strong>sse imprévoyante, assurée que l’État nourrira sa progéniture, ne s’impose ni<br />

l’obstacle privatif, ni <strong>la</strong> contrainte morale, que Malthus lui recomman<strong>de</strong> si<br />

fortement comme <strong>la</strong> base <strong>de</strong> son bien-être <strong>et</strong> <strong>de</strong> son indépendance.<br />

Mais à Rome, au VIIe siècle, il en fut autrement. La disproportion <strong><strong>de</strong>s</strong> fortunes, <strong>la</strong><br />

concentration <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses étaient à <strong>la</strong> vérité bien plus gran<strong><strong>de</strong>s</strong> qu’elles ne le<br />

sont <strong>de</strong> nos jours en Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> même en Russie, puisque, au rapport <strong>de</strong><br />

Cicéron3, le tribun Philippe attestait qu’il n’y avait pas alors 2.000 citoyens qui<br />

eussent une fortune indépendante : Non esse in civitate duo millia hominum qui<br />

rem haberent.<br />

La distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses était <strong>de</strong>venue tellement inégale qu’il n’y avait plus,<br />

dans le peuple romain, que <strong><strong>de</strong>s</strong> fortunes colossales, <strong>et</strong> à côté, l’extrême<br />

indigence. La c<strong>la</strong>sse moyenne, si utile à l’État, <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vait former les <strong>de</strong>grés<br />

intermédiaires, était presque entièrement anéantie4.<br />

Nous avons vu qu’en 705, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> dictature <strong>de</strong> César, sur 450.000 citoyens,<br />

320.000 recevaient <strong><strong>de</strong>s</strong> secours <strong>de</strong> l’État ; ce qui confirme l’assertion <strong>de</strong> Philippe,<br />

tout étonnante qu’elle paraisse ; <strong>et</strong> cependant nous savons par Dion5 que, sous<br />

Auguste, en 762, il y avait, dans le nombre total <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens romains, plus <strong>de</strong><br />

célibataires que d’<strong>hommes</strong> mariés. Tacite dit (Ann., III, 25) que, sous Tibère, on fit<br />

un rapport dans le sénat sur <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> mitiger <strong>la</strong> loi Papia Poppæa, par<br />

<strong>la</strong>quelle Auguste, dans sa vieillesse, avait voulu augmenter les punitions portées<br />

dans <strong>la</strong> loi Julia contre le célibat, <strong>et</strong> en même temps accroître les revenus du fisc.<br />

C<strong>et</strong>te loi n’avait rendu ni les mariages plus communs, ni l’infantici<strong>de</strong> plus rare.<br />

Les mœurs du siècle attachaient à l’orbité trop d’avantages. Par c<strong>et</strong>te loi les<br />

célibataires ne pouvaient hériter que <strong>de</strong> leurs plus proches parents ; hors ce cas,<br />

tous les legs qu’on leur faisait par testament revenaient au fisc, à moins que,<br />

dans l’espace <strong>de</strong> cent jours, ils ne se mariassent ; ce qui fait dire à Plutarque que<br />

l’on ne se mariait plus pour avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> héritiers, mais pour l’être. De plus, toutes<br />

les lois portées <strong>de</strong>puis le VIIe siècle <strong>de</strong> Rome jusqu’à Constantin contre le célibat,<br />

les lois en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes mariées, les prérogatives accordées à celles qui<br />

avaient trois enfants, prouvent évi<strong>de</strong>mment que <strong>la</strong> pratique du mariage fut <strong>de</strong><br />

1 Dion, XLI, 36.<br />

2 C. Gracchi frumentaria magna <strong>la</strong>rgitio, exhauriebat igitur ærarium ; modica M. Octavii <strong>et</strong> rei publicæ<br />

tolerabilis <strong>et</strong> plebi necessaria, ergo <strong>et</strong> civibus <strong>et</strong> rei publicæ salutaris (Caïus Gracchus faisait <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

distributions <strong>de</strong> blé <strong>et</strong> il épuisait ainsi le trésor public. M. Octavius, par <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>rgesses plus mesurées, sut<br />

ménager l'État tout en donnant à <strong>la</strong> plèbe le nécessaire). Cicéron, <strong>de</strong> Officiis, lib. II, c. XXI.<br />

3 De Officiis, II, c. 21.<br />

4 J’ai traité c<strong>et</strong>te question dans un mémoire spécial sur le luxe <strong><strong>de</strong>s</strong> patriciens.<br />

5 August., LVI, 1.

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