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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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constitution <strong>de</strong> <strong>la</strong> république. C<strong>et</strong> état <strong>de</strong> choses subsista jusqu’en 666, époque à<br />

<strong>la</strong>quelle, après <strong>la</strong> guerre sociale, <strong>la</strong> loi Julia accorda le droit <strong>de</strong> cité romaine<br />

compl<strong>et</strong> à tous les peuples <strong>de</strong> l’Italie inférieure, qui adoptèrent le droit civil<br />

romain.<br />

Les villes fédérées, alliées ou libres, fæ<strong>de</strong>ratæ, sociæ, immunes, jouissaient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

droits civils <strong>et</strong> politiques stipulés dans leur traité d’alliance avec Rome. On ne<br />

peut mieux définir leur état qu’en disant qu’elles n’étaient ni <strong><strong>de</strong>s</strong> colonies, ni <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

municipes, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> villes <strong>la</strong>tines ou italiques, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> préfectures. Elles ne<br />

jouissaient d’aucune portion <strong><strong>de</strong>s</strong> droits civils <strong>et</strong> politiques romains1 ; elles se<br />

gouvernaient par leurs anciennes lois <strong>et</strong> pouvaient même en faire <strong>de</strong> nouvelles ;<br />

elles avaient leur gouvernement propre <strong>et</strong> créaient elles-mêmes leurs magistrats<br />

; elles avaient conservé leur territoire, étaient exemptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> juridiction du<br />

gouverneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>et</strong> ne payaient point <strong>de</strong> tribut, vectigal, voilà leurs<br />

avantages. Mais on vio<strong>la</strong>it souvent leurs libertés, puisque Jules César, dit<br />

Cicéron2, fut forcé <strong>de</strong> faire une loi pour les garantir. De plus ces villes ne<br />

pouvaient faire ni paix, ni guerre, ni con-tracter d’alliance qu’avec <strong>la</strong> permission<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Romains. Elles étaient obligées à fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> vaisseaux armés <strong>et</strong> équipés,<br />

témoins Messine <strong>et</strong> Taurominium en Sicile, qui étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> villes fédérées <strong>et</strong><br />

néanmoins astreintes à c<strong>et</strong>te obligation. Nous l’apprenons <strong>de</strong> Cicéron qui ajoute3<br />

: Ce tribut onéreux imprimait en quelque sorte au traité d’alliance une marque <strong>de</strong><br />

servitu<strong>de</strong>. Ces villes étaient contraintes à pourvoir <strong>de</strong> vivres les troupes <strong>et</strong> les<br />

généraux romains qui passaient sur leur territoire. Elles étaient souvent forcées à<br />

<strong>la</strong>isser régler leurs affaires au gré du proconsul ou du propréteur. Si elles<br />

n’étaient pas soumises aux mêmes tributs que le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> province, elles<br />

supportaient parfois <strong><strong>de</strong>s</strong> contributions extraordinaires, <strong>et</strong> même elles étaient<br />

assuj<strong>et</strong>ties à divers droits <strong>de</strong> douane <strong>et</strong> d’octroi.<br />

Le véritable avantage <strong>de</strong> l’immunité était que les peuples qui en jouissaient<br />

levaient eux-mêmes, dans leur territoire, les sommes auxquelles ils étaient<br />

taxés, au lieu que, chez les peuples tributaires, c’étaient les publicains ou les<br />

traitants romains qui les exigeaient, comme une branche <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus <strong>de</strong> l’État.<br />

Or Tite-Live nous donne une idée <strong>de</strong> leur administration par ces mots<br />

remarquables : Ubi publicanus est, ibi aut jus publicum vanum, aut libertatem<br />

sociis nul<strong>la</strong>m esse4.<br />

Au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’Italie, les villes libres ou alliées étaient soumises aux mêmes<br />

conditions que les villes italiennes dont je viens <strong>de</strong> parler.<br />

Les rois alliés étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> espèces <strong>de</strong> vassaux, reges inservientes, qui jouissaient<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes exemptions <strong>et</strong> supportaient les mêmes charges que les villes alliées.<br />

Il y avait aussi, dans les provinces, <strong><strong>de</strong>s</strong> villes municipales, <strong><strong>de</strong>s</strong> colonies, <strong><strong>de</strong>s</strong> cités<br />

jouissant ou du droit romain avec exclusion <strong>de</strong> suffrage, ou du droit <strong><strong>de</strong>s</strong> Latins,<br />

ou du droit italique. J’en trouve un exemple dans Pline. L’Espagne ultérieure, ditil<br />

(III, 1), contient cent quatre-vingt-cinq villes, parmi lesquelles il y a neuf<br />

1 Sigonius, II, 14, p. 90-92.<br />

2 Mitto diplomata... mitto ereptam libertatem populis ac singulis, qui erant affecti præmiis nominatim, quorum<br />

nibil est quod non sit lege Julia ne fieri liceat sancitum diligenter (Je ne parle pas <strong><strong>de</strong>s</strong> l<strong>et</strong>tres publiques... Je ne<br />

parle pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté ravie à <strong><strong>de</strong>s</strong> particuliers <strong>et</strong> à <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples dont les privilèges étaient formels, <strong>et</strong> dont les<br />

droits ont été expressément garantis par <strong>la</strong> loi Julia). Cicéron, in Pison., c. 37. Lege Cæsaris, justissima atque<br />

optima, populi liberi p<strong>la</strong>ne <strong>et</strong> vere erant liberi (Par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> César, loi aussi sage que juste, les peuples libres<br />

l'étaient véritablement). Id., ibid., c. 16.<br />

3 Cicéron, Verrines, III, 6 ; V, 19.<br />

4 XLV, 18 (avoir recours aux publicains, c'était ou comprom<strong>et</strong>tre les intérêts du trésor, ou sacrifier <strong>la</strong> liberté<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> alliés).

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