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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Dion Cassius est le seul historien qui fournisse sur ce fait <strong><strong>de</strong>s</strong> détails<br />

circonstanciés, que j’extrairai <strong>de</strong> son récit1.<br />

César présenta d’abord sa loi au sénat, dont il sollicita l’approbation avant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

porter à l’assemblée du peuple. Il exposa qu’une distribution <strong>de</strong> terres aux<br />

pauvres citoyens était tout à fait utile <strong>et</strong> même indispensable pour délivrer <strong>la</strong><br />

ville d’une nombreuse popu<strong>la</strong>ce qui <strong>la</strong> surchargeait <strong>et</strong> qui souvent <strong>de</strong>venait<br />

séditieuse, pour repeupler <strong>et</strong> fertiliser plusieurs contrées <strong>de</strong> l’Italie qui étaient<br />

main-tenant dénuées <strong>de</strong> culture <strong>et</strong> d’habitants ; enfin pour récompenser les<br />

soldats qui avaient servi <strong>la</strong> république, <strong>et</strong> donner <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens d’existence à un<br />

grand nombre <strong>de</strong> citoyens qui en manquaient totalement.<br />

Il ajouta que sa loi agraire, telle qu’il l’avait rédigée, était très modérée <strong>et</strong> ne<br />

pouvait être à charge ni à l’État ni aux particuliers ; qu’en distribuant les terres<br />

appartenant à <strong>la</strong> république il exceptait le territoire <strong>de</strong> Capoue, qui, par sa<br />

fertilité, était précieux à l’État ; que, pour celles qu’il faudrait acquérir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

particuliers, il stipu<strong>la</strong>it qu’on ne les achèterait que <strong>de</strong> ceux qui consentiraient à<br />

les vendre, <strong>et</strong> qu’on les paierait à leur juste prix, selon l’estimation portée sur les<br />

registres <strong><strong>de</strong>s</strong> censeurs. La république, disait-il, avait <strong>de</strong> grands moyens pour<br />

subvenir à c<strong>et</strong>te dépense, tant par les sommes prodigieuses que Pompée avait<br />

versées au trésor public que par les tributs qu’il avait imposés à ses nouvelles<br />

conquêtes.<br />

César faisait remarquer encore que, pour prési<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> terres, il<br />

nommait vingt commissaires, nombre trop grand pour que l’on pût appréhen<strong>de</strong>r<br />

entre eux un complot redoutable à <strong>la</strong> liberté publique. Il déc<strong>la</strong>rait qu’il s’était<br />

exclu lui-même du nombre <strong>de</strong> ceux qui pouvaient être choisis pour c<strong>et</strong>te<br />

fonction, ne se réservant que l’honneur d’avoir proposé c<strong>et</strong>te mesure ; enfin il<br />

insinuait adroitement que c’étaient là vingt p<strong>la</strong>ces honorables <strong>et</strong> importantes qui<br />

pouvaient convenir à plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> membres du sénat. Non content <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

exposé, adressé au sénat en général, il interrogeait chaque sénateur <strong>et</strong> leur<br />

<strong>de</strong>mandait à tous s’ils trouvaient quelque chose à reprendre dans sa loi, offrant,<br />

ou <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rancher les articles qui seraient justement blâmés, ou même<br />

d’abandonner entièrement son proj<strong>et</strong>, pourvu qu’on en démontrât le vice <strong>et</strong> le<br />

danger. Dion rapporte qu’à toutes ces questions les sénateurs ne pouvaient<br />

répondre ni indiquer distinctement ce qu’ils blâmaient dans <strong>la</strong> loi, <strong>et</strong> c’était <strong>la</strong><br />

précisément ce qui les piquait davantage qu’une proposition qui leur dép<strong>la</strong>isait<br />

beaucoup fût néanmoins à l’abri <strong>de</strong> toute critique.<br />

César, comme on voit, ne faisait que reproduire l’amen<strong>de</strong>ment apporté par<br />

Cicéron à <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> F<strong>la</strong>vius. Caton seul s’éleva avec force contre le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

César, disant hautement qu’il n’appréhendait pas tant le partage <strong><strong>de</strong>s</strong> terres que<br />

le prix que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>raient au peuple ceux qui cherchaient à le gagner par ces<br />

<strong>la</strong>rgesses. C<strong>et</strong>te opinion entraîna <strong>la</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> sénateurs. César, après avoir<br />

essayé <strong>de</strong> les ramener à son avis, s’écria : Puisque vous m’y forcez, je vais<br />

recourir au peuple. Il fit même alors un changement à sa loi, <strong>et</strong> <strong>la</strong> rendit plus<br />

désagréable aux sénateurs en y comprenant le territoire <strong>de</strong> Capoue, qu’il avait<br />

d’abord excepté. Il le distribua, dit Suétone (César, 20), à vingt mille citoyens qui<br />

avaient au moins trois enfants. On voit encore là un nouvel effort fait par le<br />

gouvernement pour encourager <strong>la</strong> reproduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion libre <strong>et</strong><br />

1 Lib. XXXVIII, 1-7. Cf. Appien, Bell. civ., II, 10. Cicéron, ad Att., II, 16. Suétone, César, 20 ; Velleius<br />

Paterculus, II, p. 115, éd. G<strong>la</strong>sg., 1752.

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