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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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CHAPITRE II. — De l’intérêt légal <strong>de</strong> l’argent.<br />

La loi sur les d<strong>et</strong>tes avait statué simplement que les intérêts perçus seraient<br />

passés en compte <strong>et</strong> en déduction du capital, <strong>et</strong> qu’il serait donné trois ans aux<br />

débiteurs pour s’acquitter du reste en trois paiements égaux1. On n’avait pas pris<br />

d’autres mesures pour empêcher que les pauvres ne s’end<strong>et</strong>tassent <strong>de</strong> nouveau<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> emprunts usuraires.<br />

La loi <strong><strong>de</strong>s</strong> Douze-Tables, l’an <strong>de</strong> Rome 303, avait fixé l’intérêt <strong>de</strong> l’argent à 1 %<br />

par an2. Si quis unciario fœnore (quod unciam menstruam <strong>de</strong>pendit in centenos<br />

asses) amplius fœneravit, quadruplione luito3. Ces lois, dit Ammien (XXII, XVI, 22),<br />

étaient tirées, en gran<strong>de</strong> partie, <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> Solon ; elles furent promptement<br />

violées. Mais les patriciens n’étant plus seuls souverains <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, M.<br />

Duilius, en 398, rappe<strong>la</strong> <strong>la</strong> loi <strong><strong>de</strong>s</strong> Douze-Tables, <strong>et</strong> réduisit <strong>de</strong> nouveau l’intérêt<br />

<strong>de</strong> l’argent à 1 % par an, unciario fœnore. Il fut réduit à ½ % en 408 4 ; <strong>et</strong>, en<br />

413, le prêt à intérêt fut absolument défendu par un plébiscite qu’avait provoqué<br />

le tribun Genucius5.<br />

Il ne faut pas croire que Tite-Live désigne par ces mots unciarium, semunciarium<br />

fœnus, l’intérêt par mois, c’est-à-dire 12 % ou 6 % par an. La suite <strong><strong>de</strong>s</strong> faits le<br />

prouve, <strong>et</strong> Tacite, dont je vais rapporter un passage, explique c<strong>la</strong>irement les<br />

textes <strong>de</strong> Tite-Live. D’abord, dit Tacite6, <strong>la</strong> loi <strong><strong>de</strong>s</strong> Douze-Tables réduisit à 1 %<br />

l’intérêt, qui auparavant n’avait <strong>de</strong> bornes que <strong>la</strong> cupidité <strong><strong>de</strong>s</strong> riches. Depuis, une<br />

loi tribunitienne le restreignit à ½ % ; une autre enfin l’abolit tout à fait, <strong>et</strong> l’on<br />

tâcha, par différents plébiscites, <strong>de</strong> prévenir les frau<strong><strong>de</strong>s</strong>, qui, souvent réprimées,<br />

reparaissaient toujours sous divers déguisements.<br />

C<strong>et</strong>te explication est confirmée par un autre passage <strong>de</strong> Tite-Live (X, 23), qui<br />

prouve que <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Genucius fut appliquée, l’an 457, contre <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens qui<br />

prêtaient à intérêt. Du reste, il n’est pas étonnant que, dans une république où<br />

l’industrie, où le commerce en gros <strong>et</strong> en détail étaient interdits aux citoyens, ou<br />

défendit aussi le commerce <strong>de</strong> l’argent.<br />

Un passage <strong>de</strong> Cicéron7 prouve qu’en 692 l’intérêt <strong>de</strong> 1 % par mois était regardé<br />

comme usuraire. Il avait besoin d’argent : Il me faut, dit-il, recourir aux<br />

banquiers Considius, Axius ou Selicius ; car, pour Cæcilius, ses parents mêmes<br />

n’en tireraient pas un sou à moins <strong>de</strong> 1% par mois.<br />

Le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> phrase concise <strong>de</strong> Tacite postremo v<strong>et</strong>ita versura, enfin le prêt à<br />

intérêt fut défendu, est c<strong>la</strong>irement expliqué <strong>et</strong> bien déterminé par ce passage <strong>de</strong><br />

Cicéron8 : Iniquissime fœnore versuram facere Aurelius coactus est ; Aurelius a<br />

été forcé d’emprunter à un intérêt exorbitant.<br />

1 Tite-Live, VI, 35.<br />

2 Niebuhr le fixe à 10 % par an. Hist. rom., t. V, p. 73, ss. <strong>et</strong> not. 105, tr. fr.<br />

3 Cf. Gaji, lib. III, ad leg. XII tab. c. a., De Martini, Hist. jur. civ., p. 53, <strong>et</strong> Gothofr., Fragm. XII tab., tit. XV.<br />

4 Semunciarium tentum ex unciario fœnus factum (seulement l'intérêt, fixé à un pour cent, fut réduit <strong>de</strong><br />

moitié). Tite-Live, VII, 27.<br />

5 Lucium Genucium tulisse ad populum ne fœnerare licer<strong>et</strong> (Lucius Génucius porta une loi contre l'usure). Tite-<br />

Live, VII, 42. Μή δανείζειν έπί τόxοις, dit Appien, Bell. civ., I, 54.<br />

6 Annales, VI, 16. Niebuhr (Hist. Rom., t. II, p. 384) explique, à tort je crois, le mot versura par une<br />

conversion du capital échu <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> intérêts en une nouvelle d<strong>et</strong>te. Juste-Lipse, Gronovius, Saumaise, Ernesti, le<br />

font synonyme <strong>de</strong> usura.<br />

7 Ad Attic., I, 12.<br />

8 Ibid., XVI, 15.

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