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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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<strong>la</strong> voie publique d’Hercu<strong>la</strong>num (à Naples1) le mont Gaurus, les saussaies <strong>de</strong><br />

Minturnes2, <strong>et</strong> même, à Rome, les temples, les lieux publics3, <strong>et</strong>c.<br />

La même loi assuj<strong>et</strong>tissait les généraux à rapporter tout le butin <strong>et</strong> tout l’argent<br />

qu’ils avaient pris ou reçu dans <strong>la</strong> guerre, <strong>et</strong> qui n’était pas entré dans le trésor<br />

public ou n’avait pas été employé à quelque monument. Elle livrait aux<br />

décemvirs tous les esc<strong>la</strong>ves, le bétail, l’or, l’ivoire, les étoffes, les meubles, <strong>et</strong>c.,<br />

qui avaient été acquis à l’État <strong>de</strong>puis le consu<strong>la</strong>t <strong>de</strong> Syl<strong>la</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pompée4 ; elle<br />

choisissait, pour diriger toutes ces opérations, dix commissaires, élus par dixsept<br />

tribus seulement, tirées au sort dans les trente-cinq5. Elle conférait à ces<br />

décemvirs tout pouvoir <strong>de</strong> vendre, d’aliéner, d’imposer, d’affermer, <strong>de</strong> faire<br />

rendre compte, <strong>de</strong> juger quelles terres appartenaient à l’État ou aux particuliers,<br />

<strong>et</strong> ce<strong>la</strong> sans appel, pendant cinq ans6. Elle m<strong>et</strong>tait encore dans leurs mains, pour<br />

les vendre, les domaines <strong>et</strong> les impôts que pourrait acquérir <strong>la</strong> république, à<br />

partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> promulgation <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi7.<br />

Avec les sommes immenses recueillies par ces divers moyens, les décemvirs<br />

<strong>de</strong>vaient ach<strong>et</strong>er <strong><strong>de</strong>s</strong> terres en Italie pour y établir les citoyens pauvres8. Ils<br />

s’étaient fait donner le pouvoir <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> colonies nouvelles <strong>et</strong> <strong>de</strong> renouveler<br />

les anciennes, d’en désigner à leur gré l’emp<strong>la</strong>cement, les fortifications, les<br />

colons9.<br />

Enfin ils <strong>de</strong>vaient distribuer à cinq mille citoyens romains le territoire <strong>et</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

Capoue, qui formaient un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus beaux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> plus sûrs revenus <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

république10.<br />

D’après c<strong>et</strong> extrait <strong><strong>de</strong>s</strong> chapitres <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi on voit que Cicéron n’exagérait point en<br />

affirmant11 que Rullus, sous prétexte d’une loi agraire, établissait dix rois, dix<br />

maîtres absolus du trésor public, <strong><strong>de</strong>s</strong> revenus publics, <strong>de</strong> toutes les provinces, <strong>de</strong><br />

tous les royaumes, <strong>de</strong> tous les États libres, enfin <strong>de</strong> tout l’empire <strong>et</strong> presque <strong>de</strong><br />

l’univers.<br />

La loi agraire <strong>de</strong> Rullus avait encore un autre but que Cicéron fit ressortir très<br />

habilement12 <strong>de</strong>vant l’assemblée du peuple pour décréditer le tribun <strong>et</strong> lui ôter<br />

l’appui <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse moyenne, qui s’était généralement attachée au parti <strong>de</strong><br />

Marius. Les biens-fonds appartenant, soit à <strong><strong>de</strong>s</strong> villes, soit à <strong><strong>de</strong>s</strong> particuliers, qui<br />

avaient été confisqués par Syl<strong>la</strong> lorsqu’il établit les proscriptions13, <strong>et</strong> qu’il avait<br />

donnés ou vendus à vil prix à ses créatures, ces espèces <strong>de</strong> biens nationaux dont<br />

le titre originaire reposait sur <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> propriété, subissaient alors une<br />

gran<strong>de</strong> dépréciation dans leur valeur, <strong>et</strong> même ne pouvaient se vendre ni<br />

s’échanger, à cause <strong>de</strong> l’odieux que l’opinion publique déversait sur leurs<br />

possesseurs. C’est, pour le dire en passant, ce qui a existé pendant cent ans en<br />

Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong> pour un cas semb<strong>la</strong>ble, <strong>et</strong> ce que nous avons vu se renouveler pendant<br />

trente ans en France re<strong>la</strong>tivement aux biens <strong><strong>de</strong>s</strong> émigrés. Or, le beau-père du<br />

1 II, 14.<br />

2 II, 14.<br />

3 I, 2 ; II, 14.<br />

4 II, 15.<br />

5 II, 7, sqq.<br />

6 II, 13.<br />

7 II, 21.<br />

8 II, 4, 5.<br />

9 I, 5, 6, 7.<br />

10 I, 6 ; II, 32, sqq.<br />

11 II, 6<br />

12 II, 26.<br />

13 Voyez un passage très important <strong>de</strong> Heyne, Opusc. acad., t. IV, p. 371, not. o.

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