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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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L’autre loi en faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés, loi qui donnait a tous les peuples <strong>de</strong> l’Italie<br />

inférieure1 le droit <strong>de</strong> suffrage, tel que l’avaient les propres citoyens, tendait<br />

évi<strong>de</strong>mment à fortifier <strong>la</strong> puissance romaine, en intéressant au maintien <strong>de</strong> ses<br />

lois <strong>et</strong> <strong>de</strong> son gouvernement <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples unis par <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue, par les<br />

mêmes habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, par les mêmes intérêts, enfin par une longue confraternité<br />

d’armes <strong>et</strong> <strong>de</strong> succès. Ce n’était qu’étendre <strong>et</strong> continuer ce principe<br />

d’incorporation suivi <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, <strong>et</strong> auquel elle avait dû<br />

sa foi-ce <strong>et</strong> son agrandissement. Velleius, ennemi <strong><strong>de</strong>s</strong> Gracques, approuve fort<br />

ce proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> loi (II, XV).<br />

Le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> votants ne serait pas <strong>de</strong>venu, par l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi, aussi<br />

énorme <strong>et</strong> aussi dangereux que quelques publicistes ont paru le supposer ; car le<br />

dénombrement fait par César, dans sa dictature, â une époque où tous ces<br />

peuples avaient reçu le droit <strong>de</strong> suffrage, ne fournit qu’environ 450.000<br />

citoyens2.<br />

De plus, le refus du droit <strong>de</strong> cité aux alliés excita une terrible guerre civile, qui<br />

pendant trois ans fit couler <strong><strong>de</strong>s</strong> flots <strong>de</strong> sang, ravagea l’Italie entière, mit Rome à<br />

<strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> sa ruine, <strong>et</strong> ne se termina enfin que par <strong>la</strong> concession <strong>de</strong> ce droit<br />

<strong>de</strong> suffrage.<br />

Le sénat, à coup sûr, aurait pu éviter tous ces maux en accordant à propos <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

bonne grâce ce qui était une justice <strong>et</strong> qui <strong>de</strong>vint bientôt une nécessité.<br />

L’autre loi <strong>de</strong> Caïus, qui enlevait le jugement <strong><strong>de</strong>s</strong> procès aux sénateurs <strong>et</strong> le<br />

conférait aux chevaliers, n’atteignait pas entièrement son but. Elle était motivée<br />

par les odieuses injustices commises dans les jugements, où les coupables les<br />

plus décriés pour leurs vols <strong>et</strong> leurs concussions trouvaient une protection<br />

assurée, en corrompant les juges à force <strong>de</strong> présents.<br />

Cicéron le dit en termes formels3. Il y joint un tableau curieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> haine <strong>et</strong> du<br />

mépris <strong><strong>de</strong>s</strong> nobles pour les <strong>hommes</strong> nouveaux. L’opinion générale est, dit-il,<br />

qu’avec les juges actuels nul homme riche, quelque coupable qu’il soit, ne peut<br />

être condamné4. Il rappelle comme un fait reconnu5 que le sénat s’est rendu<br />

odieux au <strong>de</strong>dans <strong>et</strong> au <strong>de</strong>hors par l’infamie <strong>de</strong> ses jugements, <strong>et</strong> qu’évi<strong>de</strong>mment<br />

toute justice est bannie <strong>de</strong> ses décisions6. Il précise enfin tous les genres <strong>de</strong><br />

corruption <strong>de</strong>venus habituels chez les juges7.<br />

Aussi les sénateurs se sentant coupables n’osèrent-ils même point disputer aux<br />

chevaliers l’administration <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice.<br />

1 C’est-à-dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> portion comprise entre le détroit <strong>de</strong> Messine, les <strong>de</strong>ux mers <strong>et</strong> une ligne tirée du golfe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Spezzia aux bouches du Rubicon.<br />

2 J’ai discuté à fond c<strong>et</strong>te question dans mon chapitre sur le Droit <strong>de</strong> cité <strong>de</strong>puis César <strong>et</strong> Auguste.<br />

3 Tulit hæc civitas quoad potuit, quoad necesse fuit, regiam istam vestram dominationem in judiciis <strong>et</strong> in omni<br />

republica (Vous pensez n'avoir plus rien à redouter <strong>de</strong> l'opinion publique, parce que vous avez occupé les<br />

premières magistratures <strong>et</strong> que vous êtes désigné consul). In Verrem, V, c. 68. Vid. <strong>et</strong> c. 69, sqq.<br />

4 Et nihil esse tam sanctum, quod non vio<strong>la</strong>ri, nihil tain munitum quod non expugnari pecunia possit (il n'y a<br />

rien <strong>de</strong> si pur qu'on ne puisse corrompre, <strong>de</strong> si bien fortifié qu'on ne puisse forcer avec <strong>de</strong> l'argent). In Verr.,<br />

actio I, 2.<br />

5 Invidiam senatorii ordinis infamiamque judiciorum. Ibid., c. 1 <strong>et</strong> 2.<br />

6 Et aperte jam <strong>et</strong> perspicue nul<strong>la</strong> esse judicia (Il est c<strong>la</strong>ir, il est manifeste, qu'il n'y a plus <strong>de</strong> justice). In Verr.,<br />

act. I, c. 7.<br />

7 Qui aut <strong>de</strong>ponere, aut accipere, aut recipere, aut polliceri, aut sequestres aut interpr<strong>et</strong>es corrumpendi iudici<br />

solent esse, quique ad hanc rem aut potentiam aut impu<strong>de</strong>ntiam suam professi sunt (Je proc<strong>la</strong>me, j'annonce, je<br />

signifie à tous ceux qui se mêlent <strong>de</strong> déposer, <strong>de</strong> garantir, <strong>de</strong> recevoir, <strong>de</strong> prom<strong>et</strong>tre, <strong>de</strong> répandre en qualité <strong>de</strong><br />

séquestres ou d'agents, <strong>la</strong> corruption dans les tribunaux, à ceux qui tirent vanité <strong>de</strong> leur puissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur<br />

impu<strong>de</strong>nce en ce genre). Ibid., c. 12.

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