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T4 - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Les opinions ont été très partagées, <strong>et</strong> elles le sont encore, au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

l’entreprise <strong>de</strong> Tiberius. Appien, après avoir rapporté <strong>la</strong> mort du tribun, s’exprime<br />

en ces termes (B. c., I, 17) : C’est ainsi que Gracchus, poursuivant avec trop <strong>de</strong><br />

chaleur le meilleur <strong>de</strong> tous les proj<strong>et</strong>s pour le bien <strong>de</strong> sa patrie, fut tué dans le<br />

Capitole même, quoique revêtu alors <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> tribun, qui rendait sa<br />

personne sacrée <strong>et</strong> invio<strong>la</strong>ble.<br />

Salluste ne reproche aux Gracques que d’avoir mis un peu trop <strong>de</strong> chaleur dans<br />

<strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> leur entreprise1.<br />

Plutarque approuve <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Tiberius2, <strong>et</strong> blâme seulement <strong>la</strong> déposition<br />

d’Octavius comme injuste <strong>et</strong> illégale. Il ajoute même, après avoir raconté le<br />

massacre <strong>de</strong> Tiberius <strong>et</strong> <strong>de</strong> tous ses amis3 : Il paraît que c<strong>et</strong>te sang<strong>la</strong>nte<br />

exécution fut plutôt dictée par <strong>la</strong> colère <strong><strong>de</strong>s</strong> riches <strong>et</strong> leur haine personnelle<br />

contre le tribun, que motivée par les prétextes qu’ils m<strong>et</strong>taient en avant.<br />

Cicéron <strong>et</strong> tous ses admirateurs, tant anciens que mo<strong>de</strong>rnes, condamnent<br />

hautement l’entreprise <strong>de</strong> Tiberius ; ils déci<strong>de</strong>nt que c’était un séditieux, <strong>et</strong> qu’on<br />

doit lui attribuer tous les troubles arrivés pendant son tribunat <strong>et</strong> dans lesquels il<br />

perdit <strong>la</strong> vie.<br />

Il dit4 que les amis <strong>de</strong> Tiberius, <strong>et</strong> entre autres Tubéron, l’abandonnèrent quand<br />

ils virent qu’il vexait <strong>la</strong> république. Il adopte ce conte forgé par l’envie que<br />

Tiberius voulut se faire roi5. Il dit6, dans sa harangue pour Milon, que les<br />

meurtriers <strong>de</strong> Tiberius Gracchus ont rempli l’univers entier ale leur gloire, <strong>et</strong> luimême7<br />

loue Gabinius d’avoir fait revêtir Pompée d’une puissance exorbitante <strong>et</strong><br />

contraire aux lois romaines. Nous l’avons vu vanter les assassins <strong>de</strong> Tiberius ;<br />

nous le voyons, dans <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> harangue sur <strong>la</strong> loi agraire, faire un pompeux<br />

éloge <strong><strong>de</strong>s</strong> Gracques8.<br />

Ces disparates dans le jugement <strong>de</strong> Cicéron sur les Gracques s’expliquent<br />

facilement par <strong>la</strong> différence <strong><strong>de</strong>s</strong> dates auxquelles ont été prononcées ces diverses<br />

opinions. Dans son discours sur les provinces consu<strong>la</strong>ires9, Cicéron blâme les<br />

Gracques : An Tiber. Gracchus (patrem dico), cujus utinam filii ne <strong>de</strong>generassent<br />

a gravitate patria ! Mais c<strong>et</strong>te harangue sur les provinces consu<strong>la</strong>ires est <strong>de</strong> 697<br />

1 Et sane Gracchis, cupidine victoria, haud satis mo<strong>de</strong>ratus animus fuit. Sed bono vinci satius est quam malo<br />

more injuriam vincere (Je conviens que les Gracques, dans l'espérance <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire, ne firent pas preuve d'une<br />

modération suffisante. Mieux vaut, pour l'homme <strong>de</strong> bien, <strong>la</strong> défaite qu'une victoire sur l'injustice, obtenue par<br />

<strong>de</strong> mauvais moyens). Bell. Jug., c. XLVI.<br />

2 Tiberius Gracchus, c. XI <strong>et</strong> XII.<br />

3 Ibid., c. XX.<br />

4 Tib. qui<strong>de</strong>m Gracchum rempublicam vexantem a Q. Tuberone æqualibusque amicie <strong>de</strong>relictum vi<strong>de</strong>bamus. De<br />

Amicit., cap. XI.<br />

5 Tib. Gracchus regnum occupare conatus est, vel regnavit is qui<strong>de</strong>m paucos menses. Ibid., c. XII.<br />

6 Pro Milone, 27.<br />

7 Pro Corn., I, apud Asconius. Vid. Not. orat. pro leg. Manil., XVII, 52, édit. Brocas.<br />

8 Nam, vere dicam, genus ipsum legis agrariæ vituperare non possum ; venit enim mibi in mentem duos<br />

c<strong>la</strong>rissimos, ingeniosissimos, amantissimos plebis Romanæ viros, Tib. <strong>et</strong> C. Gracchos, plebem in agris publicis<br />

constituisse, qui agri a privatis antea possi<strong>de</strong>bantur. Non sum autem ego is consul qui, ut plerique, nefas esse<br />

arbitrer Gracchos <strong>la</strong>udare, quorum consiliis, sapientis, legibus, multas esse vi<strong>de</strong>o reipublicæ partes constitutas<br />

(Je le dis avec franchise, Romains, je ne blâme pas tout entier le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi agraire en lui-même; j'aime à<br />

me rappeler que <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> nos plus illustres citoyens, <strong>de</strong> nos plus bril<strong>la</strong>nts génies, Tibérius <strong>et</strong> Caïus Gracchus, si<br />

dévoués au peuple <strong>de</strong> Rome, ont établi ce peuple sur <strong><strong>de</strong>s</strong> terres <strong>de</strong> <strong>la</strong> république, dont quelques particuliers se<br />

trouvaient possesseurs. Non je ne suis pas un consul <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> certains autres qui regar<strong>de</strong>nt comme un<br />

crime <strong>de</strong> louer les Gracques, ces magistrats austères, dont les conseils, <strong>la</strong> sagesse <strong>et</strong> les lois ont apporté une<br />

réforme salutaire dans plusieurs branches <strong>de</strong> l'administration). De lege agr. contra Rullum, II, 5.<br />

9 Cap. VIII, ed. varior.

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