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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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donc uniquement: «dagegen wer...». Si l'on rajoute les mots sous-enten<strong>du</strong>s, le sens s'éclaire.<br />

On aurait alors quelque chose comme:<br />

«dagegen wer es wohl weiss, aber nicht Ohr und Sinn genug für sie hat, der wird<br />

Wahrheiten wie diese schreiben, aber von der Sprache selbst zum besten gehalten [...]» 1<br />

La syntaxe compliquée de la phrase rend compte de la subtilité <strong>du</strong> contenu. Et l'on<br />

s'aperçoit que la phrase ainsi reconstituée et complétée ne correspond pas <strong>du</strong> tout à la<br />

tra<strong>du</strong>ction que propose A. Guerne:<br />

«Celui, par contre, qui en connaît bien savamment tout aussi long, mais qui n'a ni assez<br />

d'oreille, ni le sens suffisant <strong>du</strong> langage pour écrire des vérités comme celles-ci, le <strong>verbe</strong>,<br />

alors, se moquera de lui et [...]»<br />

Par contre si nous tra<strong>du</strong>isons à partir de la phrase allemande telle que Ingrid<br />

Strohschneider la comprend nous obtenons:<br />

«par contre celui qui sait bien ces choses (c'est-à-dire, celui qui a un fin sentiment de<br />

l'esprit <strong>du</strong> langage et qui perçoit l'action de sa nature intime) mais qui n'a pas suffisamment<br />

le sens ni l'oreille pour la langue, celui-là dira des vérités comme celles-ci (c'est-à-dire comme<br />

celles exprimées dans ce Monologue), mais la langue elle-même s'en moquera et [...]»<br />

Donc celui qui sait comment fonctionne la langue, mais qui n'entend pas sa musicalité<br />

intérieure, écrira des vérités qui en fait n'en sont point puisque la langue, qui est le maître en<br />

la matière, ne les prend pas au sérieux. Par la subtilité de la syntaxe, Novalis réussit à nier et<br />

affirmer simultanément la même chose: dire des vérités sans avoir le sens musical <strong>du</strong> langage,<br />

autrement dit, sans percevoir le mystérieux principe qui s'y exprime, c'est dire des vérités<br />

que la langue tient pour des vanités. Mais alors qu'en est-il <strong>du</strong> Monologue? Celui qui parle<br />

met lui-même en question ce qu'il dit et finalement le lecteur ne sait pas si ce qu'il lit est de<br />

l'ordre des vérités ou non.<br />

1 Cf. Ingrid STROSCHNEIDER-KOHRS, op. cit., p. 260-261.

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