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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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lui-même, mais comme une séparation momentanée d'avec les êtres que nous aimons. Et loin<br />

d'empêcher les hommes de s'unir au divin, le péché, au contraire, favorise leur communion<br />

avec Dieu. Pour Novalis, le péché, tout comme l'amour, est de nature voluptueuse et la<br />

fonction de la volupté, comme nous l'avons vu dans le premier chapitre de notre travail, est<br />

de fondre le moi dans une union mystique qui englobe la totalité des êtres et de Dieu. La<br />

volupté élève l'homme à son moi supérieur, dissout les frontières qui séparent l'intérieur de<br />

l'extérieur, et met l'homme en relation avec le divin. Et c'est cela qui, aux yeux de Novalis,<br />

caractérise la religion chrétienne:<br />

«La religion chrétienne est essentiellement la religion de la volupté. <strong>Le</strong> péché est un<br />

grand, est le grand stimulant de l'amour divin. Plus on se sent pécheur, plus on est chrétien.<br />

Union absolue au divin, c'est le but de l'amour comme <strong>du</strong> péché.» 1<br />

Alors que dans la tradition chrétienne le péché est ce qui entrave et rompt la relation de<br />

l'homme à Dieu, chez Novalis, c'est plutôt un élément qui permet cette relation. Comme le<br />

péché n'isole pas l'homme loin de Dieu, mais qu'au contraire il l'en rapproche, on comprend<br />

que Novalis ne fasse pas intervenir le Christ en tant que rédempteur de l'humanité. Dans la<br />

perspective de Novalis, l'homme n'a pas besoin d'être sauvé d'une mort éternelle puisqu'il<br />

n'est pas condamné.<br />

Par contre l'homme actuel, par opposition à l'homme qui vivait au temps de l'âge d'or, ne<br />

sait plus lire les signes que Dieu a imprimés dans sa création, il ne voit plus les traces que<br />

Dieu y a laissées. Autrefois l'homme, la Nature et Dieu ne faisaient qu'un et parlaient le<br />

même langage. Depuis l'apparition de la fin de l'âge d'or, l'homme vit dans le règne de la<br />

scission et il ne comprend plus ni le langage de la Nature, ni le sens <strong>du</strong> monde.<br />

«Tout ce que nous apprenons est une communication. Ainsi le monde est par le fait une<br />

communication - une manifestation de l'esprit. <strong>Le</strong> temps n'est plus, où l'esprit de Dieu était<br />

l'âge d'or primitif n'est pas marquée par une chute morale, comme par exemple l'infidélité à la Vierge Sophie,<br />

comme c'était le cas pour J. Böhme, mais par l'apparition de la lune.<br />

1 NOVALIS, «Fragments des dernières années», in O. C., t. II, n° 229, p. 406. «Die Xstliche Religion ist die<br />

eigentliche Religion der Wollust. Die Sünde ist der grosse Reitz für die Liebe der Gottheit. Je sündiger man<br />

sich fühlt, desto kristlicher ist man. Unbedingte Vereinigung mit der Gottheit ist der Zweck der Sünde und<br />

Liebe.», NOVALIS, Schriften, B. III, n° 573, p. 653.

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