Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique
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marquée par la communion des hommes avec Dieu se dessine déjà maintenant sur ce que l'on<br />
pourrait interpréter à première vue comme étant les ruines de la religion. C'est dans ce<br />
contexte à la fois hostile et favorable à la renaissance de la religion qu'il faut situer les<br />
réflexions de Novalis sur le christianisme. Comme d'autres de ses contemporains,<br />
Schleiermacher et Schlegel notamment, mais avant eux déjà Herder, Novalis se sent appelé à<br />
participer à la résurrection de la religion. Pour tous ces penseurs il est urgent de redonner<br />
une nouvelle définition de la religion, voire de laisser s'épanouir une nouvelle religion dont on<br />
peut déjà discerner les premiers signes en Allemagne.<br />
A ce propos Schlegel écrit à Novalis le 2 septembre 1798:<br />
«Il me semble qu'un nouvel évangile commence déjà à se mettre en mouvement. En<br />
dehors des signes qui sont émis par la philosophie et la pratique, la religion se développe<br />
même chez les indivi<strong>du</strong>s et notamment chez ceux de notre génération, qui ont vécu la<br />
période de crise aux côtés des citoyens.» 1<br />
Quant à Novalis, il constate lui aussi déjà les promesses d'un renouvellement profond de<br />
la religion et de l'homme intérieur, car les deux choses sont pour lui, comme nous l'avons<br />
déjà montré, étroitement liées:<br />
«On sent partout comme l'éveil d'une revanche de la liberté créatrice, la démesure, la<br />
variété infinie, la sainte originalité, le génie universel de l'homme intérieur. Réveillée <strong>du</strong> songe<br />
matinal de son enfance encore gauche, une part de l'humanité essaye ses jeunes forces contre<br />
les serpents qui enlaçaient son berceau et voulaient paralyser ses membres. Tout n'est<br />
encore qu'indication, à l'état brut et sans nulle cohérence; mais l'oeil historique y perçoit une<br />
universelle Indivi<strong>du</strong>alité, une Histoire nouvelle, une nouvelle Humanité, l'embrassement très<br />
doux d'une jeune Église surprise et d'un Dieu plein d'amour: l'intime accueil donné à la<br />
naissance d'un nouveau Messie au sein de ses mille membres.» 2<br />
himmlisches Eiland wird als Wohnstätte der neuen Menschen, als Stromgebiet des ewigen <strong>Le</strong>bens sichtbar<br />
über den zurückströmenden Wogen.», NOVALIS, Schriften, B. III, p. 517.<br />
1 NOVALIS, <strong>Le</strong>ttres de la vie et de la mort. 1793-1800, trad. C. Perret, éd. <strong>du</strong> Rocher, Paris, 1993, p. 119-<br />
120.<br />
2 NOVALIS, «Europe ou la Chrétienté», in O. C., t. I, p. 319. «Eine gewaltige Ahn<strong>du</strong>ng der schöpferischen<br />
Willkühr, der Grenzenlosigkeit, der unendlichen Mannigfaltigkeit, der heiligen Eigenthümlichkeit und der<br />
Allfähigkeit der innern Menschheit scheint überall rege zu werden. Aus dem Morgentraum der unbehülflichen<br />
Kindheit erwacht, übt ein Theil des Geschlechts seine ersten Kräfte an Schlangen, die seine Wiege