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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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Novalis parle ici en se référant indirectement à l'expérience qu'il a faite avec la mort de<br />

Sophie et il constate deux choses. D'une part l'homme ne peut connaître Dieu directement,<br />

celui-ci se révèle par l'intermédiaire d'un médiateur et d'autre part, l'homme peut, en toute<br />

liberté, élever n'importe quelle chose au rang de médiateur. Alors que pour la doctrine<br />

chrétienne le Christ est le médiateur par excellence, pour Novalis, il est un médiateur parmi<br />

d'autres. A côté, ou plutôt, en plus <strong>du</strong> Christ, Novalis reconnaît dans la figure <strong>du</strong> médiateur<br />

non seulement Sophie, mais aussi l'univers tout entier, et surtout le poète. C'est sur cette<br />

notion de médiateur que repose l'idée centrale chez Novalis, selon laquelle le sensible renvoie<br />

au supra sensible, le visible à l'invisible, le fini à l'infini. Mais avant de développer davantage<br />

cette idée, il nous faut encore préciser la fonction <strong>du</strong> médiateur et c'est là que se situe, à<br />

notre avis, une des grandes divergences entre Novalis et la doctrine chrétienne.<br />

Lorsque Novalis parle <strong>du</strong> médiateur, il le comprend par rapport à la connaissance que<br />

l'homme peut avoir <strong>du</strong> divin, par delà la distinction entre monothéisme et panthéisme. <strong>Le</strong><br />

médiateur a avant tout et essentiellement pour fonction de révéler et de rendre manifeste<br />

Dieu pour les hommes, alors que pour le christianisme, le médiateur a surtout une fonction<br />

rédemptrice. La terminologie relative à la sotériologie est presque totalement absente des<br />

écrits de Novalis; elle apparaît uniquement dans un contexte, celui de la Nature (nous y<br />

viendrons plus tard). Quand Novalis dit que toute chose peut devenir médiatrice, il ne veut<br />

pas dire que l'homme peut être sauvé par n'importe quel intermédiaire. Novalis en effet ne<br />

considère pas le péché comme un mal absolu que seule l'intervention de Dieu peut abolir 1 .<br />

<strong>Le</strong> péché n'apparaît pas comme une condamnation dont l'homme ne pourrait se libérer par<br />

Glauben bezeichnet, daß es nur Ein solches Organ in der Welt für uns gebe, das allein der Idee eines Mittlers<br />

angemessen sey, und wo<strong>du</strong>rch Gott allein sich vernehmen lasse. (...)», NOVALIS, Schriften, B. II, n° 74, p.<br />

441-445.<br />

1 Nous ne pouvons ici qu'effleurer ce thème <strong>du</strong> mal et <strong>du</strong> péché, qui, pour être bien compris, nécessiterait un<br />

nouveau travail. Plusieurs fragments soutiennent ce que nous avançons plus par intuition que par dé<strong>du</strong>ction,<br />

notamment le passage suivant: «Il n'existe rien d'absolument mauvais, ni aucun mal absolu. - Il est possible<br />

que l'homme se rende et devienne mauvais peu à peu absolument mauvais - et qu'il crée donc aussi<br />

gra<strong>du</strong>ellement un absolu <strong>du</strong> mal - mais l'un et l'autre sont des pro<strong>du</strong>ctions artificielles qu'il faut tout<br />

simplement annihiler selon les lois de la morale et de la poésie. (...)», NOVALIS, «Grand répertoire général»,<br />

in O. C., t. II, n° 546, p. 340. D'autre part signalons que pour Novalis, qui en cela suit Hemsterhuis, la fin de

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