Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique
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rédemption sur le plan cosmique. En effet, le Nouveau Testament développe avant tout<br />
l'idée de la rédemption de l'homme et la rédemption de la création n'apparaît qu'au second<br />
plan. Peut-être peut-on même aller plus loin, et dire que la rédemption de la création dépend<br />
de celle de l'humanité et qu'elle lui succédera. En Rm 8, 18 et ss. Paul associe l'aliénation<br />
présente de la création au péché de l'homme. En se séparant de Dieu, l'homme s'est <strong>du</strong> même<br />
coup désolidarisé de la création et celle-ci subit maintenant les conséquences de la<br />
désobéissance de l'homme. Au lieu de continuer l'entreprise que Dieu avait commencée,<br />
l'homme s'est posé en dominateur de la Nature et l'a soumise à son égoïsme. Parce que<br />
l'homme s'est rebellé contre lui, Dieu a assujetti la création et l'a livrée au néant. Depuis lors<br />
elle gémit dans les douleurs de l'enfantement et aspire à la libération. Celle-ci viendra une<br />
fois que l'homme, adopté par Dieu en Christ, sera devenu une créature nouvelle capable<br />
désormais de répondre à la vocation que Dieu lui a assignée lors de la création. Tant que<br />
l'homme ne vit pas entièrement sous le règne de l'Esprit, tant que son corps obéit encore à la<br />
loi de la chair, la création est esclave <strong>du</strong> péché. La libération totale de la création est d'ordre<br />
eschatologique; il faut d'abord que la mort et toutes les puissances hostiles soient vaincues<br />
et alors seulement viendra le règne de Dieu. A une nouvelle créature correspondra une<br />
nouvelle création et le monde tout entier participera à la gloire de Dieu.<br />
Ce qui est présenté dans une perspective eschatologique dans l'épître aux Romains est<br />
présenté comme une réalité déjà présente dans l'épître aux Colossiens. L'hymne<br />
christologique de Col. 1, 15-20 célèbre d'une part le Christ comme médiateur de la création<br />
sur le plan cosmique et elle célèbre d'autre part son action réconciliatrice et libératrice à<br />
l'égard de l'univers tout entier. Ce passage est un des rares <strong>du</strong> Nouveau Testament à décrire<br />
la dimension universelle de l'oeuvre rédemptrice <strong>du</strong> Christ. Cette universalité est ren<strong>du</strong>e<br />
d'une part par les couples antithétiques tels que les cieux et la terre, les choses visibles et les<br />
choses invisibles et d'autre part par la récurrence de l'adjectif "tout" ou, employé sous forme<br />
nominale, "le Tout". Cet hymne affirme parallèlement que tout a été créé dans le Christ, par<br />
lui et pour lui et que tout a été réconcilié par lui et pour lui. Par conséquent, puisque le<br />
cosmos réside tout entier en lui, aucune puissance n'existe de manière indépendante. Or,