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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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peu dérisoire, légère. Il y a ainsi un contraste indirect entre les termes schreiben et sprechen,<br />

généralement associés à l'intelligence de l'esprit, et l'adjectif närrisch. Cette première moitié<br />

de phrase est très vague; Novalis parle d'une chose sans la définir de près; de même<br />

l'expression um das Sprechen und Schreiben ne cerne rien de précis. On ne sait pas encore<br />

quel va être le sujet de ce monologue, le sens n'est encore qu'allusif et approximatif. La<br />

seconde moitié de la phrase est, elle, par contre beaucoup plus précise:<br />

«la vraie conversation, le dialogue authentique est un pur jeu de mots.»<br />

La tra<strong>du</strong>ction française qui rajoute une périphrase ne rend pas bien compte <strong>du</strong><br />

balancement de la phrase allemande. Balancement qui met en évidence l'opposition entre les<br />

deux membres de celle-ci; d'un côté on a la conversation authentique et de l'autre le simple<br />

jeu de mots. Mais Novalis ramène cette opposition à une équivalence. Ce que nous<br />

considérons habituellement comme une contradiction est en fait pour Novalis quelque chose<br />

d'identique. Nos habitudes de langage et de pensée sont donc une fois de plus déroutées et<br />

remises en question. Cette manière d'ébranler la logique passive <strong>du</strong> raisonnement est pour<br />

Novalis le seul moyen d'amener petit à petit le lecteur là où il veut en venir. Cette<br />

mécompréhension de la langue que nous impose notre raisonnement conventionnel est<br />

encore précisée dans la phrase suivante:<br />

«Tout bonnement ahurissante est l'erreur ridicule des gens qui se figurent parler pour les<br />

choses elles-mêmes.»<br />

En allemand la fin de cette phrase est au subjonctif: parler pour les choses elles-mêmes<br />

est en réalité une prétention illusoire. <strong>Le</strong> mode <strong>du</strong> subjonctif rend compte de cette<br />

impossibilité et met en question l'assurance des gens qui croient que le langage exprime<br />

réellement leur intention. Cette phrase offre une fois de plus un contraste dans les termes<br />

qui ne se laisse que difficilement percevoir en français; en allemand, on a d'un côté der<br />

lächerliche Irrtum et d'un autre côté, le terme zu bewundern. Alors que l'adjectif lächerlich

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