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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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La liberté de la langue, son caractère illimité, sa fluidité, sa capacité à franchir toutes les<br />

limites <strong>du</strong> raisonnement, font d'elle l'élément parfaitement approprié pour s'élever à l'absolu,<br />

ou plutôt pour en être l'expression. La multiplicité de sens que peut exprimer un seul mot<br />

permet à la langue d'exprimer de manière tout-à-fait adéquate la multiplicité des rapports qui<br />

régissent l’Univers. L'imprécision de la langue, ses échos divers, ses relations multiples entre<br />

le signe et le signifié sont les reflets de la vérité qu'elle manifeste. Croire qu'il n'y a qu'un<br />

sens possible entre le signe et le signifié est une ré<strong>du</strong>ction absurde de la langue, mais c’est<br />

aussi une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> monde. Car la langue ne fait que refléter, voire révéler, l'essence de<br />

l’Univers; elle en est en quelque sorte la messagère.<br />

A cet endroit là <strong>du</strong> texte on est déjà en mesure de se poser la question que Novalis<br />

formulera lui-même un peu plus loin, à savoir: l'auteur n'a-t-il pas une intention précise en<br />

disant que le propre <strong>du</strong> langage, c'est son <strong>mystère</strong> insaisissable, autrement dit, l'auteur n'est-<br />

il pas lui-même en train d'affirmer des absurdités en disant que c'est absurde de vouloir dire<br />

quelque chose de défini? Mais peut-être s'exprime-t-il involontairement et dans ce cas il ne<br />

serait que le porteur d'une vérité qui le précède? Pour le moment gardons ces questions en<br />

mémoire et attendons de voir comment Novalis se situe face à elles.<br />

Comme nous l'avons déjà annoncé, la seconde partie <strong>du</strong> Monologue consiste en une<br />

comparaison entre le langage et les mathématiques.<br />

«Si seulement on pouvait faire comprendre aux gens qu'il en va <strong>du</strong> langage comme des<br />

formules mathématiques: elles constituent un monde en soi, pour elles seules; elles jouent<br />

entre elles exclusivement, n'expriment rien sinon leur propre nature merveilleuse, ce qui,<br />

justement, fait qu'elles sont si expressives, que justement en elles se reflète le jeu étrange des<br />

rapports entre les choses. [...]»<br />

<strong>Le</strong> contenu de cette partie reprend les idées énoncées précédemment, mais la manière de<br />

les exposer est différente. Novalis laisse tomber les contradictions frappantes de la première<br />

partie et ordonne ici ses idées en une succession de phrases principales évocatrices et<br />

logiques. L'auteur ne cherche plus à casser le raisonnement <strong>du</strong> lecteur, mais à l'élever à une<br />

autre vision <strong>du</strong> monde. Selon I. Strohschneider-Kohrs la langue de cette seconde partie est

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