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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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formes historiques de la religion ne définissent pas la religion une fois pour toutes et que<br />

celle-ci peut et doit se renouveler. D'ailleurs il nous faut remarquer ici un certain flottement<br />

dans les termes; Schleiermacher en effet, parle tantôt de nouvelle religion, voire de nouvelles<br />

religions au pluriel, et tantôt de nouvelles formes de la religion. Novalis parle quant à lui<br />

tantôt d'une nouvelle religion et tantôt d'un nouveau christianisme. Donc lorsqu'il est<br />

question de nouvelle religion, il faut bien voir qu'il y a en arrière plan le christianisme, mais<br />

que celui-ci n'est plus qu'un cadre à partir <strong>du</strong>quel chaque indivi<strong>du</strong> a à construire sa propre<br />

compréhension et expérience de la religion.<br />

La nécessité d'une religion nouvelle s'accompagne de la nécessité d'une nouvelle Bible; les<br />

romantiques veulent que celle-ci soit ouverte, infinie et éternellement en devenir, car ce qui<br />

importe avant tout, ce n'est pas la lettre figée et définie, mais le dynamisme de l'Esprit:<br />

«<strong>Le</strong> Saint-Esprit est plus que la Bible. C'est à lui d'être notre maître de christianisme, -<br />

non pas à la lettre morte, la lettre terrestre, la lettre incertaine.» 1<br />

Si le Saint-Esprit est plus que la Bible, c'est qu'il permet le dépassement d'une religion<br />

cloisonnée dans un cadre historique et passé. Novalis veut élargir le christianisme, l'enrichir,<br />

le féconder. Il veut décloisonner l'Écriture, la mettre en contact avec d'autres textes qui<br />

proviennent d'autres religions et d'autres cultures, notamment orientales. Il faut même aller<br />

plus loin et dire que Novalis, mais il n'est pas le seul à défendre ce projet, veut enrichir<br />

l'Écriture de diverses créations poétiques chargées de donner une signification nouvelle et<br />

universelle au christianisme. Novalis s'en prend donc d'une part à la canonicité de l'Écriture<br />

telle que la défendait l'orthodoxie et d'autre part à une lecture purement littérale et historique<br />

de la Bible qui interprète le texte à l'aide de méthodes scientifiques. Pour lui, la Bible ne<br />

saurait se suffire à elle-même et à cet égard il prend ses distances à l'égard de la doctrine<br />

réformée de la sola Scriptura. Au lieu d'une Bible qui se comprend par elle seule et qui se<br />

referme sur elle-même, Novalis prône une Bible ouverte, que des récits extérieurs peuvent<br />

1 SCHLEIERMACHER, Discours sur la religion, Aubier, éd. Montaigne, Paris, 1944, p. 291.

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