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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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interrogative sa vocation; l'affirmer comme une chose sûre et certaine serait un acte de<br />

volonté, et non la manifestation de l'inspiration. Transformer les questions conditionnelles<br />

en affirmations directes, reviendrait à oublier qu'au coeur <strong>du</strong> langage se loge un <strong>mystère</strong><br />

imprenable. Puisque le processus poétique échappe au savoir, ce serait une pure absurdité<br />

que de prétendre sans hésitation être «un inspiré <strong>du</strong> <strong>verbe</strong>» («ein Sprachbegeisteter»). <strong>Le</strong><br />

<strong>mystère</strong> de la langue ne peut être ren<strong>du</strong> intelligible que si celui qui parle disparaît avec ses<br />

intentions; l'esprit des mots ne se révèle pas à celui qui veut les maîtriser et qui croit savoir<br />

comment le pénétrer. Et l'on mesure à nouveau à quel point on est loin de Klingsohr qui<br />

affirmait que le métier de poète s'apprenait comme un travail artisanal. Il apparaît ici au<br />

contraire que la vocation se pro<strong>du</strong>it à l'insu de celui qui en est concerné. <strong>Le</strong> poète est un<br />

possédé sur lequel la langue agit en toute liberté et selon son bon vouloir à elle.<br />

On retrouve l'idée de la souveraineté de la langue exprimée dans le Monologue dans les<br />

fragments où Novalis parle de Zufallspro<strong>du</strong>ktion. Dans ces fragments Novalis associe la<br />

provenance de cette Zufallspro<strong>du</strong>ktion à une provenance divine. Cette idée apparaît<br />

également à l'arrière plan <strong>du</strong> Monologue notamment quand il est question de prophétie. Par<br />

Zufallspro<strong>du</strong>ktion Novalis entend ce qui "tombe" d'ailleurs et dont l'origine nous est<br />

inconnue et mystérieuse. <strong>Le</strong> hasard est la manifestation de la réalité supérieure d'où découle<br />

la poésie, Novalis va même jusqu'à dire qu'il est une révélation de Dieu:<br />

«Tout ce que nous nommons hasard, est de Dieu.» 1<br />

«(...)<strong>Le</strong> poète invoque le hasard.» 2<br />

«Tout hasard est miraculeux, contact d'un être supérieur: un «problème», une donnée <strong>du</strong><br />

sens religieux actif.» 3<br />

1<br />

NOVALIS, «<strong>Le</strong> journal intime après la mort de Sophie», in O. C., t. II, p. 175.<br />

2<br />

NOVALIS, «Grand répertoire général», in O. C., t. II, n° 579, p. 348. «(...)Der Dichter betet den Zufall an.»,<br />

NOVALIS, Schriften, B. III, n° 940, p. 449.<br />

3 Ibid., n° 414, p. 303. «Aller Zufall ist wunderbar - Berührung eines höhern Wesens - ein Problem Datum<br />

des thätig religiösen Sinns.», Ibid., n° 901, p. 441.

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