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Le mystère du verbe - Contrepoint philosophique

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intelligible; le sens <strong>du</strong> monde est allé en se perdant et s'est per<strong>du</strong>; voici que nous en sommes<br />

restés fixement à la lettre; derrière l'apparence, nous avons per<strong>du</strong> l'apparition. (...)» 1<br />

Il est temps que l'homme apprenne à déchiffrer à nouveau les signes de la Nature et à<br />

reconnaître les signatures que Dieu y a inscrites, pour reprendre le terme de Paracelse, car<br />

c'est alors seulement que l'Univers sera lui aussi médiateur. Comme nous l'avons vu au début<br />

de cette conclusion, Novalis tient à élargir la notion de révélation, et c'est dans cette<br />

perspective qu'il faut situer ce qu'il dit de l'Univers comme médiateur. Novalis ne confond,<br />

ni ne ré<strong>du</strong>it, ni n'enferme Dieu dans la Nature, mais il affirme que l'Univers parle, qu'il est<br />

une manifestation de Dieu et que sa face visible renvoie à l'esprit invisible qui l'anime.<br />

Dans cette époque d'incompréhension et de séparation qui caractérise le monde actuel 2 ,<br />

la tâche de l'homme supérieur, et tout particulièrement celle <strong>du</strong> poète, consiste à élever la<br />

Nature à Dieu, à la moraliser. Novalis donne ici une mission rédemptrice au poète. A<br />

plusieurs reprises, et c'est notamment le cas dans Henri d'Ofterdingen, Novalis souligne la<br />

familiarité, l'intimité que le poète a avec la Nature. Dans la mesure où le poète a un sens<br />

particulier de l'harmonie et qu'il peut s'élever déjà maintenant au-dessus de lui-même, il est<br />

appelé à devenir le Messie de la Nature. Qu'est-ce que c'est devenir le Messie de la Nature?<br />

C'est ne plus rien voir isolément, comme dit Novalis dans les Disciples à Saïs, c'est<br />

comprendre et parler à nouveau la langue primitive, qui était la même pour les hommes, la<br />

Nature et Dieu, et c'est réintégrer la Nature dans le Tout.<br />

L'idée de la rédemption de la création toute entière est aussi présente dans la tradition<br />

biblique, bien que l'on trouve peu de textes dans le Nouveau Testament qui parlent d'une<br />

1 NOVALIS, «Fragments préparés pour de nouveaux recueils», in O. C., t. II, n° 298, p. 109. «Alles, was wir<br />

erfahren ist eine Mittheilung. So ist die Welt in der That eine Mittheilung - Offenbarung des Geistes. Die Zeit<br />

ist nicht mehr, wo der Geist Gottes verständlich war. Der Sinn der Welt ist verlohren gegangen. Wir sind<br />

beym Buchstaben stehen geblieben. Wir haben das Erscheinende über der Erscheinung verlohren.», NOVALIS,<br />

Schriften, B. II, n° 316, p. 594.<br />

2 Plusieurs fragments soulignent la distance qui sépare pour le moment Dieu et la Nature, comme par exemple<br />

le fragment suivant: «Il faut par conséquent séparer Dieu et la Nature. Dieu n'a rien à faire avec la nature. - Il<br />

est le but de la Nature - ce avec quoi il faut qu'elle soit un jour harmonisée. La nature doit devenir morale.<br />

(...)», NOVALIS, «Grand répertoire général», in O. C., t. II, n° 35, p. 230-231. «Gott und Natur muss man<br />

hiernach trennen - Gott hat gar nichts mit der Natur zu schaffen - Er ist das Ziel der Natur - dasjenige, mit dem<br />

sie einst harmoniren soll. Die Natur muss moralisch werden.(...)», NOVALIS, Schriften, B. III, n° 60, p. 250.

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