Lettre de Jean-Léon Prevost – avec illustrations

Je ne connais pas M. Henri Vrignault, je ne crois pas lʹavoir jamais rencontré; cʹest
son frère, Paul Vrignault, des Affaires Etrangères, qui est de nos amis; je ne sais si ce der‐
nier a beaucoup dʹinfluence sur lʹautre; mais, comme il peut en être ainsi, jʹenvoie une note
qui le mettra à même de parler utilement à son frère de vous et de vos travaux littéraires.
Jʹai appris avec joie que vous et tous les vôtres aviez traversé sans atteinte notable
les douloureuses épreuves que nous venons de subir; jʹen bénis Dieu qui protège si sensi‐
blement votre chère famille.
Vous aurez appris quʹun des prêtres de notre famille religieuse, lʹabbé Planchat, a
été lʹun des otages sacrifiés dans les fusillades de la Commune; cʹest pour nous un grand
deuil, car il était des plus zélés et dʹun dévouement sans bornes pour les classes ouvrières;
mais cʹest aussi une bénédiction, puisque le sang des martyrs est précieux devant Dieu et
fécond sur la terre; ses restes ont été déposés dans un caveau en notre chapelle de la Sa‐
lette.
Adieu, mon bien cher ami, je vous reverrai avec plaisir et je vous remercie de votre
bonne et fidèle amitié.
Votre dévoué et affectionné ami
Le Prevost
P. S. Je marche de plus en plus difficilement, et ce nʹest pas sans quelque peine que
je puis offrir le St Sacrifice.
1672‐1 à tous les Frères
Notification du choix fait par MLP. et son Conseil du P. de Varax comme Vicaire Général de la Congrégation.
Chaville, 8 août 1871
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Les graves circonstances où nous nous trouvons, jointes à lʹaffaiblissement de ma
santé et de mes forces, me rendant de plus en plus difficile lʹentier accomplissement de ma
charge comme chef de notre chère Famille religieuse, jʹai senti le besoin dʹen remettre le
poids le plus lourd à quelquʹun de nos frères plus jeune et plus fort, dont lʹaction se fît
mieux sentir et imprimât à la Congrégation une marche plus ferme et mieux soutenue.
Jʹai demandé, à cet effet, au Conseil de suppléer à mon insuffisance en me désignant
un Vicaire général, conformément à lʹarticle 3e (n° 10) du 3e chapitre de nos Constitutions.
Le Conseil, se rendant à mes vœux, a fait choix pour cette charge de M. lʹabbé de
Varax, par décision du 23 mars dernier, laquelle, soumise au Saint‐Siège, aux termes du
Bref approbatif de notre Institut, a reçu son agrément par un rescrit en date du 16 juin
dernier.
Lʹaffection et le respect que M. de Varax sʹest conciliés de la part de tous dans la
famille, me sont de sûrs garants de la cordiale correspondance que ses intentions généreu‐
ses et dévouées trouveront parmi nous. Je me borne donc, mon cher ami et fils en N.S., à
notifier à vous et à vos frères les actes que je viens de mentionner, en priant Dieu de vous
bénir et de répandre de plus en plus abondamment en vous, en votre maison, et dans
toute notre Corporation, son Esprit de paix, de dévouement et dʹamour.
Croyez, bien cher ami et fils, à mes sentiments accoutumés dʹaffectueux dévoue‐
ment en N.S. Le Prevost
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