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Lettre de Jean-Léon Prevost – avec illustrations

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Avec ces sentiments vous pensez, mon ami, si je gar<strong>de</strong>rai mémoire du 18 juin. Si ce<br />

jour‐là, je serai fervent au pied <strong>de</strong>s autels. Tout ce que ma faiblesse pourra donner par la<br />

prière sera tout entier versé au tribut, et jusque là chaque soir je dirai <strong>avec</strong> vous la prière<br />

<strong>de</strong>s morts, prière pour votre aïeule vénérée 41 ; prière, nous lʹespérons, quʹelle pourra re‐<br />

cueillir elle‐même et offrir pour nous en hommage à Dieu.<br />

Votre ami<br />

<strong>Léon</strong> Le <strong>Prevost</strong><br />

Aujourdʹhui même jʹenverrai, si je ne puis la porter, votre lettre à notre ami. Son<br />

union absolue <strong>avec</strong> nous en Dieu est désormais un vœu bien ar<strong>de</strong>nt pour moi. Travaillez‐<br />

y; moi, je me sens si faible agent près <strong>de</strong> lui, si supérieur à moi, que le courage mʹaban‐<br />

donne, si je nʹavais dʹailleurs ma confiance.<br />

Dites à votre père toute ma tendre vénération pour lui; dites‐lui toute ma sincère<br />

douleur et combien je suis vôtre à tous.<br />

19 à M. Pavie<br />

Amitié fondée sur Dieu. Comment souffrir en chrétien. Le chapelet <strong>de</strong> MLP. Circonstances dans lesquelles MLP.<br />

cessa toute pratique religieuse et laissa sa vocation. Il encourage son ami à persévérer dans le choix dʹune épouse.<br />

Nouvelles <strong>de</strong> Gavard, Sainte‐Beuve, Montalembert, Lacordaire. Ozanam et ses amis ont traduit lʹouvrage <strong>de</strong> Pelli‐<br />

co, Mes Prisons, dont MLP. a fait une recension.<br />

12 [juillet] 1833 42<br />

Vos lettres mʹémeuvent si intimement, mon ami, quʹelles font naître en moi le be‐<br />

soin dʹune effusion immédiate, dʹun épanchement immense dont je comprime <strong>avec</strong> peine<br />

lʹimpétuosité et lʹexcès. Mais ce qui me rend avant tout cette émotion précieuse, cʹest que<br />

jʹy vois un don <strong>de</strong> grâce, un encouragement, cʹest que jʹy trouve un parfum céleste qui dit<br />

assez dʹoù il <strong>de</strong>scend; puis, ma joie se double par réaction, car, mon ami, la tendresse infi‐<br />

nie <strong>de</strong> votre lettre ne mʹen laisse pas douter. Moi aussi jʹai quelque puissance sur vous, moi<br />

aussi je vous semble un bienfait <strong>de</strong> Dieu. Oh! que cela me fait <strong>de</strong> bien <strong>de</strong> vous servir à<br />

quelque chose, à vous qui mʹêtes tant à moi‐même, à vous dont lʹaction mʹeût opprimé si je<br />

ne lʹeusse subie <strong>avec</strong> tant dʹamour et si une voix ne mʹeût crié: reçois, reçois toujours, cʹest<br />

Dieu qui donne. Quand une fois on a mis en cette voie toutes ses affections, quʹon a senti<br />

tout ce quʹelles puisent dʹénergie et <strong>de</strong> pureté en sʹharmonisant à lʹamour divin, se peut‐il<br />

quʹon les laisse encore sʹégarer seules. Se peut‐il quʹon préfère mille sons se heurtant et dis‐<br />

cor<strong>de</strong>s au concert céleste dont on fit un instant partie? A cela, je sais bien la réponse. Le so‐<br />

leil luit quand il absorbe et dissipe les nuages, sinon le temps est sombre, lʹair mauvais; on<br />

arrive à la nuit toujours attendant le jour. Aussi en sentant tout mon être qui se renouvelle,<br />

mon âme se refaire, tous mes sentiments primitifs perdus <strong>de</strong>puis et que je croyais éteints,<br />

renaître peu à peu sous le souffle <strong>de</strong> Dieu, en laissant enfin tout ce travail intérieur sʹopé‐<br />

41<br />

Il s'agit bien <strong>de</strong> la grand-mère <strong>de</strong> V. Pavie, et non <strong>de</strong> sa mère, comme pourraient le faire croire certaines phrases <strong>de</strong> la lettre. Par<br />

<strong>de</strong>ux fois, au moins, la biographie <strong>de</strong> V. Pavie par son frère Théodore confirme l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la défunte: "Lorsqu'elle mourut en<br />

1833, un ami <strong>de</strong> la famille écrivait à Victor: M me Pavie, votre grand-mère, était une sainte"!" (p.24). C'est en 1813 que V. Pavie<br />

avait perdu sa mère: "...Victor avait cinq ans et moi <strong>de</strong>ux mois quand elle disparut d'au milieu <strong>de</strong> nous" (p.31).<br />

42<br />

L'original <strong>de</strong> la lettre porte la date du 12 juin. C'est manifestement une erreur. Dans la lettre précé<strong>de</strong>nte (18, du 30 mai), MLP.<br />

mentionne la date du 18 juin pour une messe célébrée à la mémoire <strong>de</strong> la défunte. Il y fait allusion, <strong>de</strong> nouveau, dans la présente<br />

lettre, en employant le passé: "le 18, une messe a été dite..." Cette date du 18 juin est confirmée par une lettre adressée à V. Pavie<br />

par M me Hugo: "J'irai, Monsieur, à la messe le 18 juin…" (V. Pavie, sa jeunesse…p124). Il convient donc <strong>de</strong> dater cette lettre 19 du<br />

mois <strong>de</strong> juillet.<br />

35

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