Lettre de Jean-Léon Prevost – avec illustrations

M. Myionnet est à Amiens jusquʹà lundi matin, pour installer le frère que nous
avons dû envoyer pour remplacer M. Marcaire très épuisé. Cʹest le f. Desouches, nous nʹen
voyons pas dʹautre. Il vous eût, pour vous, été bien insuffisant. Il nʹeût pu que sʹoccuper
des jeunes enfants, nʹayant pas lʹhabitude de traiter avec de grands jeunes gens. Il a aussi
des défiances de lui‐même qui nuisent souvent à son action.
Nous avons bien le désir de ramener ici le f. Thuillier, mais, en ce moment, les
moyens de le remplacer nous manquent. Nous y tendrons cependant, comprenant quʹil y
aurait avantage à ce que ce mouvement se fît. Soumettons‐nous, cher Monsieur lʹabbé, à la
croix que le Seigneur nous impose dans cette pénurie de nos moyens, mieux vaut peut‐être
encore cette souffrance que beaucoup dʹautres. Elle doit, dʹailleurs, nous sembler bonne en
tout cas, puisquʹelle nous est imposée par lʹadorable volonté de notre Souverain Maître.
Adieu, cher Monsieur lʹabbé, je vous embrasse bien affectueusement en N.S., et suis
comme toujours
Votre respectueux ami et Père
Le Prevost
P. S. Soyez bien en paix sur les quelques lettres qui pourraient, de loin en loin, me
venir directement. Confiez‐vous à la parole que je vous donne quʹelles ne nuiront jamais
au respect et à lʹaffection que vous portent vos frères. Le cousin du f. Jean [Maury] ne doit
arriver, nous le croyons, que dans les commencements de février.
669 à M. Halluin
Demande de statistiques annuelles. Prières pour le Pape et pour lʹEglise.
Vaugirard, 31 janvier 1860
Cher Monsieur lʹabbé et fils en N.S.,
Voici le moment où, dʹordinaire, je recueille quelques notes pour avoir un aperçu de
nos travaux durant lʹannée qui vient de finir. Je vous serais bien reconnaissant si vous vou‐
liez, comme lʹan dernier, mʹenvoyer quelques renseignements sur votre situation, notam‐
ment le nombre de vos enfants, apprentis, écoliers, les ressources recueillies, la part payée
par les enfants et leurs protecteurs et celle que la Providence a procurée dʹailleurs, le chif‐
fre des dépenses, les améliorations économiques, enfin et surtout les résultats moraux et
spirituels quʹavec la grâce de Dieu vous avez obtenus.
Pour la communauté, je sais déjà, à peu près, combien ses forces sont insuffisantes.
Je recevrai néanmoins les communications que vous me feriez aussi à ce sujet, afin de ten‐
dre avec vous à quelque amélioration, si le Seigneur daigne nous en donner les moyens.
La vie de communauté, lʹexactitude aux exercices, les indices de vocations, si vous en
aperceviez de quelque côté, seraient aussi des points que je vous serais obligé de mention‐
ner.
Je joins ici un mot écrit au f. Vasseur et resté trop longtemps oublié sur mon bureau.
Nous prions ici beaucoup pour le St Père et pour lʹEglise308 . Je ne demande pas si vo‐
tre petite famille en fait autant. Cʹest un besoin trop vivement senti pour que les âmes fidè‐
les y puissent être indifférentes.
308 En avril 1859, la guerre avait éclaté en Italie, provoquant des soulèvements dans les Etats Pontificaux. Dans son Encyclique Nullus
certi du 19 janvier 1860, Pie IX avait durement stigmatisé les attentats commis contre la souveraineté de l’Eglise. Les événe-
783