fichier pdf - IUFM de l'académie de la Réunion
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80 Chapitre II<br />
puis <strong>la</strong> fluxion <strong>de</strong> l’angle <strong>de</strong> réfraction est exprimée en fonction <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />
a 2 byẋ<br />
(2) ˙α =<br />
.<br />
2cx 2 ×1 + y × 1+y<br />
1+d x2 − b 2<br />
Par <strong>de</strong>s calculs assez compliqués, qui mêlent les équations (1) et (2) et qui font appel à plusieurs changements<br />
<strong>de</strong> variables, Taylor parvient à extraire l’angle <strong>de</strong> réfraction sous forme <strong>de</strong> série, par <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s<br />
différentes. Le détail <strong>de</strong> ces calculs ne nous semble pas présenter un grand intérêt car on n’y perçoit<br />
pas <strong>de</strong> principe conducteur susceptible d’être généralisé. Par contre, ce qu’il est important <strong>de</strong> retenir,<br />
c’est que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s séries est, apparemment pour <strong>la</strong> première fois, employée à <strong>la</strong> résolution d’un<br />
système d’équations fluxionnelles.<br />
La lecture du Methodus incrementorum est fascinante. Taylor y fait preuve, presque à chaque page,<br />
d’une rare inventivité. Il réalise, en particulier, une synthèse personnelle remarquablement enrichie <strong>de</strong>s<br />
premiers travaux sur <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s séries : rappel <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coefficients indéterminés, perfectionnement<br />
<strong>de</strong> l’algorithme <strong>de</strong>s extractions successives <strong>de</strong> Newton avec mise au point définitive <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
technique du parallélogramme, invention <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> série <strong>de</strong> Taylor, application <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s séries aux systèmes d’équations fluxionnelles. Le Methodus incrementorum mériterait sans doute<br />
d’occuper une p<strong>la</strong>ce plus importante dans les livres d’histoire du calcul infinitésimal.<br />
1.5. Deux conceptions <strong>de</strong> l’intégration<br />
Nous arrivons au terme <strong>de</strong> ce qu’on pourrait appeler, pour l’intégration <strong>de</strong>s équations différentielles<br />
par les séries, <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> initiale <strong>de</strong> fondation. Vers 1715, sont en p<strong>la</strong>ce les trois versions c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
métho<strong>de</strong>, soit, par ordre chronologique d’apparition, les approximations successives (Newton), les coefficients<br />
indéterminés (Newton et Leibniz) et <strong>la</strong> série <strong>de</strong> Taylor, sous forme implicite (Jean Bernoulli) et<br />
explicite (Taylor). Ces métho<strong>de</strong>s sont d’ores et déjà utilisées avec confiance et sûreté, malgré <strong>la</strong> présence<br />
<strong>de</strong> zones d’ombre : on ne perçoit pas toujours que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coefficients indéterminés est plus générale<br />
que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> série <strong>de</strong> Taylor, on n’i<strong>de</strong>ntifie pas c<strong>la</strong>irement le rôle théorique <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante d’intégration,<br />
on ne soulève guère <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergence si ce n’est lors <strong>de</strong>s calculs numériques effectifs.<br />
Par ailleurs, on n’est pas capable d’expliquer pourquoi <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> conduit tantôt à plusieurs solutions et<br />
tantôt à aucune, tantôt à <strong>de</strong>s séries particulières et tantôt à <strong>de</strong>s séries dépendant <strong>de</strong> constantes arbitraires.<br />
Pendant cette première phase, l’utilisation <strong>de</strong>s séries est révé<strong>la</strong>trice <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux conceptions nettement différentes<br />
du problème inverse <strong>de</strong>s tangentes. D’un côté, celle <strong>de</strong> Newton et <strong>de</strong>s géomètres ang<strong>la</strong>is, pour qui<br />
<strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s séries est <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> générale et quasi définitive d’intégration, <strong>de</strong> l’autre côté, celle <strong>de</strong><br />
Leibniz, <strong>de</strong> Bernoulli et <strong>de</strong>s savants continentaux, qui s’intéressent en priorité à l’intégration algébrique en<br />
termes finis. Cette opposition se manifeste <strong>de</strong> manière exemp<strong>la</strong>ire dans les remarques que fit Jean Bernoulli<br />
à propos d’un livre <strong>de</strong> Stone 32 . En choisissant quelques citations <strong>de</strong> l’un et <strong>de</strong> l’autre, nous avons<br />
reconstitué un court dialogue imaginaire, dans lequel Stone défend les positions <strong>de</strong>s ang<strong>la</strong>is, et Bernoulli<br />
celles <strong>de</strong>s continentaux :<br />
Stone : “Le Calcul intégral ne va pas sans le secours <strong>de</strong>s Séries… il faut développer [les Problèmes]<br />
en Séries infinies.”<br />
32 “Remarques sur le livre intitulé «Analyse <strong>de</strong>s infiniments petits comprenant le Calcul intégral dans toute son étendue, &c.»,<br />
par Mr. Stone, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société Royale <strong>de</strong> Londres, imprimé à Paris en 1735”, Johannis Bernoulli Opera omnia, op. cit., t. 4,<br />
pp. 169-177.