fichier pdf - IUFM de l'académie de la Réunion
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82 Chapitre II<br />
2. La virtuosité eulérienne<br />
À lui seul, Euler pourrait incarner les mathématiques du 18 e siècle. Né en Suisse mais résidant tantôt à<br />
Saint-Pétersboug et tantôt à Berlin, écrivant indifféremment en <strong>la</strong>tin, en allemand ou en français, entretenant<br />
une correspondance régulière avec <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s mathématiciens continentaux, il s’est trouvé au<br />
carrefour <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> son temps. Doué d’une puissance créatrice hors du commun, il a bâti une<br />
œuvre immense qui a fait progresser <strong>de</strong> manière significative tous les domaines <strong>de</strong>s mathématiques et <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> physique.<br />
En particulier, ses travaux sur les équations différentielles sont considérables. En nous limitant à ceux<br />
qui font intervenir, sous une forme ou sous une autre, <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s séries, nous avons pu repérer <strong>de</strong><br />
nombreux mémoires et chapitres <strong>de</strong> traités, occupant au total plusieurs centaines <strong>de</strong> pages. Il n’était pas<br />
possible d’en faire ici une étu<strong>de</strong> exhaustive. Pour une vue d’ensemble sur les problèmes <strong>de</strong> physique<br />
mathématique et les types d’équations différentielles qui ont conduit Euler à employer les séries, nous<br />
renvoyons aux analyses historiques <strong>de</strong> Watson 33 , Simonov 34 , Kline 35 et Dieudonné 36 . De notre côté, nous<br />
avons choisi <strong>de</strong> mettre l’accent sur quelques textes peu connus qui semblent représentatifs <strong>de</strong>s conceptions<br />
et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s eulériennes. Il s’agira, d’une part, d’une série <strong>de</strong> travaux théoriques sur les équations <strong>de</strong><br />
Riccati et les équations linéaires du second ordre, afin d’avoir le point <strong>de</strong> vue d’Euler “mathématicien”,<br />
d’autre part, d’un traité d’artillerie, pour découvrir le comportement d’Euler “physicien”.<br />
2.1. Recherches sur l’équation <strong>de</strong> Riccati et l’équation linéaire du second ordre<br />
2.1.1. Sources <strong>de</strong>s travaux d’Euler<br />
En 1694, Jean Bernoulli indique qu’il n’a pas réussi à séparer les variables dans l’équation différentielle<br />
x 2 dx + y 2 dx = a 2 dy. En 1702, Jacques Bernoulli ramène l’équation dy = y 2 dx + x 2 dx à l’équation<br />
linéaire du second ordre ddu : u =−x 2 dx 2 , grâce au changement <strong>de</strong> variables y =−du udx . L’année suivante,<br />
il résout l’équation du second ordre en série et en déduit une solution <strong>de</strong> l’équation initiale sous <strong>la</strong><br />
forme d’un quotient <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux séries. En 1724, à <strong>la</strong> suite d’une proposition du Comte Riccati, Daniel Bernoulli<br />
s’intéresse à une équation plus générale, qui peut s’écrire dy + ay 2 dx = bx m dx, et montre que cette<br />
équation est intégrable en termes finis pour les valeurs <strong>de</strong> m <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme −<br />
4n , avec n entier. En 1763,<br />
2n ± 1<br />
d’Alembert appelle “équation <strong>de</strong> Riccati” toute équation <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme dy dx = P + Qy + Ry 2 , où P, Q, R<br />
sont <strong>de</strong>s fonctions données <strong>de</strong> x.<br />
33 A treatise on the theory of Bessel functions, op. cit., chap. 1 : ”Bessel functions before 1826”.<br />
34 “Sur les recherches d’Euler dans le domaine <strong>de</strong>s équations différentielles”, Revue d’histoire <strong>de</strong>s sciences, t. 21, 1968,<br />
pp. 131-156.<br />
35 Mathematical thought from ancient to mo<strong>de</strong>rn times, pp. 478-489 et pp. 709-715.<br />
36 Abrégé d’histoire <strong>de</strong>s mathématiques, 2 e éd., pp. 31-43.