L’Homme <strong>et</strong> la for<strong>et</strong> Figure 38, cartographie <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> défense du Camp r<strong>et</strong>ranché <strong>de</strong> Paris en 1916, (Service Historique <strong>de</strong> la Défense, 7N 1873) 2. 3. 2. Le chantier <strong>de</strong> consolidation <strong>de</strong>s ouvrages Dès la déclaration <strong>de</strong> guerre, le 3 août 1914, le gouverneur <strong>de</strong> Paris, m<strong>et</strong> en application les règlements sur la guerre <strong>de</strong> forteresse <strong>de</strong> 1913. Le plan XVII prévoyait l’état <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> Paris à partir du 40 e jour <strong>de</strong> mobilisation, soit le 10 septembre. Mais suite à la défaite <strong>de</strong> l’armée française aux frontières <strong>et</strong> à l’avancée <strong>de</strong>s forces alleman<strong>de</strong>s, l’édification <strong>de</strong> fortifications s’intensifie avec notamment la construction d’une ligne jalonnée <strong>de</strong> 28 abris en béton. Figure 39, cartographie <strong>de</strong>s principaux ouvrages dans les massifs forestiers <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong> Grosbois <strong>et</strong> <strong>de</strong> La Grange, 1916 66
l’homme <strong>et</strong> la for<strong>et</strong> Gallieni, nommé par décr<strong>et</strong> du 26 août 1914 du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République, « Gouverneur militaire <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> commandant <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong> Paris », est informé <strong>de</strong> la situation défavorable du Camp r<strong>et</strong>ranché <strong>de</strong> Paris : les forts <strong>et</strong> ouvrages n’étaient pas armés, les batteries extérieures <strong>de</strong>s intervalles étaient à peine commencées <strong>et</strong> dans aucune les pièces n’étaient en place ; les abris à munitions n’existaient pas <strong>et</strong> les munitions elles-mêmes étaient toujours dans les magasins <strong>de</strong> secteurs, ne pouvant être transportées par la voie étroite en construction; les ouvrages d’infanterie, <strong>de</strong>stinés à garnir les intervalles entre les forts <strong>et</strong> à couvrir les batteries, venaient à peine d’être piqu<strong>et</strong>és sur le terrain. De plus, les approvisionnements prévus par le journal <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong> la place étaient insuffisants <strong>et</strong> il fallait encore plusieurs semaines pour les porter au compl<strong>et</strong> ; enfin, <strong>et</strong> surtout, les 4 divisions <strong>et</strong> les 2 briga<strong>de</strong>s territoriales, - une centaine <strong>de</strong> milliers d’hommes qui formaient la garnison du camp r<strong>et</strong>ranché, étaient <strong>de</strong>s troupes sans cohésion, sans instruction militaire, insuffisamment encadrées <strong>et</strong> sur la valeur <strong>de</strong>squelles on ne pouvait guère compter si l’ennemi se présentait en force <strong>de</strong>vant Paris. Le 29 août, il constate que « les travaux du génie sont en r<strong>et</strong>ard, … les ouvriers manquent, quittent les chantiers pour aller ailleurs, <strong>et</strong>c.. Le r<strong>et</strong>ard est surtout marqué dans le secteur est ». De même, les ouvrages <strong>de</strong> fortification sont loin d’être achevés <strong>et</strong> un bon nombre sont mal placés. Enfin le matériel est ancien, obsolète <strong>et</strong> les projectiles, pour la très gran<strong>de</strong> majorité, en poudre noire. Le gouverneur ordonne la réquisition <strong>de</strong> tous les moyens <strong>de</strong> transport pour acheminer l’armement jusqu’aux forts. Le 31 août, la région nord, la plus menacée, est visitée par l’état major parisien, ainsi que les nombreux ouvrages, batteries, tranchées d’infanterie, qui garnissent les intervalles entre les forts. Des travailleurs civils, <strong>de</strong>s terrassiers professionnels, réquisitionnés, creusent la terre, abattent les arbres qui gênent la vue, posent <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> fer, <strong>et</strong>c. De nouvelles troupes gagnent le Camp r<strong>et</strong>ranché afin <strong>de</strong> renforcer la protection <strong>de</strong> la zone. Il s’agit <strong>de</strong> la 6e armée (4 divisions <strong>de</strong> réserve, 1 division du 7e corps <strong>et</strong> une briga<strong>de</strong> marocaine), <strong>de</strong> la 45e division algérienne <strong>et</strong> du 4e corps qui vient <strong>de</strong> Verdun <strong>et</strong> commencera à débarquer le 3 septembre dans le sud du Camp r<strong>et</strong>ranché. Gallieni réquisitionne le nombre <strong>de</strong> taxi-autos nécessaires pour hâter le transport <strong>de</strong>s munitions jusqu’aux batteries. Début septembre, les observatoires, établis pour régler le tir <strong>de</strong>s batteries, sont reliés par le téléphone. Les allemands <strong>et</strong> autrichiens, grâce à leurs canons <strong>de</strong> 420 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 305, détruisent sans difficultés les forts bétonnés. Les militaires français se servent <strong>de</strong> l’expérience acquise lors <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong>s Balkans <strong>et</strong> <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Mandchourie pour affronter l’ennemi : mise en place d’un système <strong>de</strong> tranchées profon<strong>de</strong>s <strong>et</strong> étroites, recouvertes par <strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>de</strong> rondins, flanquées par <strong>de</strong>s mitrailleuses <strong>et</strong> précédées par tout un réseau <strong>de</strong> défenses accessoires, fils <strong>de</strong> fer, chevaux <strong>de</strong> frise, trous <strong>de</strong> loup, <strong>et</strong>c., occupées par <strong>de</strong>s hommes instruits <strong>et</strong> déterminés, constituant un ensemble à peu près imprenable. C’est d’après ces idées qu’étaient conduits les travaux aux abords <strong>de</strong> Paris. Toute la région, entre Pontoise <strong>et</strong> la presqu’île <strong>de</strong> Carn<strong>et</strong>in au nord, entre la Marne <strong>et</strong> Brunoy à l’est; enfin, entre la Seine <strong>et</strong> Poissy, par Trappes <strong>et</strong> Palaiseau, dans la direction sud, se couvrait d’une triple ligne <strong>de</strong> tranchées, parsemées <strong>de</strong> nombreuses batteries, où avaient été transportées les pièces <strong>de</strong> 155, 120 <strong>et</strong> 95. Le 5 septembre 1914, les troupes d’artillerie du Camp r<strong>et</strong>ranché, environ 8000 hommes, en plus <strong>de</strong>s artilleries divisionnaires <strong>et</strong> 67
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