Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
<strong>Le</strong> <strong>sport</strong> <strong>en</strong> <strong>Chine</strong><br />
Yao Ming opération superstar<br />
Créature du système <strong>sport</strong>if de Shanghai, Yao Ming est le premier basketteur<br />
chinois à avoir réussi <strong>en</strong> NBA, aux Etats-Unis. Récupéré, <strong>en</strong> partie, par le big business<br />
américain, il est dev<strong>en</strong>u le premier athlète chinois à pouvoir <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir une ambition<br />
personnelle.<br />
Géant dès le début. Cinq kilos<br />
à la naissance, plus d’un<br />
mètre à quatre ans et plus<br />
de deux à treize ans. Un physique de<br />
basketteur sans aucun doute. Mais le<br />
hasard et Mère Nature n’y sont pour<br />
ri<strong>en</strong>. Yao Ming est né à Shanghai le<br />
12 septembre 1980 d’une décision<br />
politique. Lorsque sa mère, Fang<br />
F<strong>en</strong>gdi, 1m88 et capitaine de l’équipe<br />
nationale féminine, pr<strong>en</strong>d sa retraite,<br />
les autorités <strong>sport</strong>ives lui « suggèr<strong>en</strong>t »,<br />
comme c’est l’usage depuis Mao, de<br />
« produire un champion ». Elles lui<br />
trouv<strong>en</strong>t rapidem<strong>en</strong>t un père, Yao<br />
Zhiyuan, 2 mètres et joueur d’un des<br />
clubs pro de Shanghai. L’ « opération<br />
Yao Ming » peut comm<strong>en</strong>cer. « Cela<br />
faisait trois générations que nous<br />
att<strong>en</strong>dions son arrivée », confie,<br />
messianique, Wang Chongguang, excoéquipier<br />
de Yao père et coach de<br />
Yao fils dans les années 1990.<br />
Un destin pré-programmé<br />
Personne ne lui demande son avis.<br />
L’imm<strong>en</strong>se garçon se retrouve dès<br />
l’âge de neuf ans avec un gros ballon<br />
orange <strong>en</strong>tre les mains à l’école de<br />
<strong>sport</strong>s du district de Xuhui. « Je rêvais<br />
d’être archéologue, explorateur de<br />
contrées éloignées du vieux monde<br />
de mes par<strong>en</strong>ts, révèlera-t-il bi<strong>en</strong><br />
après. Je n’aimais pas le basket, mais<br />
je me suis résigné par respect pour<br />
eux. » A 17 ans, Yao Ming, 2m18,<br />
débute sa carrière chez les Shanghai<br />
Sharks. Il est immédiatem<strong>en</strong>t repéré<br />
par Nike qui vi<strong>en</strong>t de signer un<br />
contrat avec le club et la fédération<br />
chinoise de basket-ball. La marque<br />
américaine a trouvé son « produit »<br />
pour conquérir le marché chinois.<br />
En 2002, le Shanghaï<strong>en</strong> domine le<br />
championnat national. Il offre aux<br />
Sharks leur premier titre depuis un<br />
demi-siècle. Son heure est v<strong>en</strong>ue : il<br />
devi<strong>en</strong>t le troisième Chinois recruté <strong>en</strong><br />
NBA. En échange, Pékin exige 50 % du<br />
contrat de 18 millions de dollars signé<br />
pour quatre ans avec les Houston<br />
Rockets, ainsi que l’obligation de jouer<br />
avec la sélection nationale.<br />
« <strong>Le</strong> Bono ori<strong>en</strong>tal »<br />
La saison comm<strong>en</strong>ce mal. Souv<strong>en</strong>t<br />
remplaçant, Yao peine à suivre le<br />
rythme. <strong>Le</strong> v<strong>en</strong>t tourne <strong>en</strong> novembre<br />
lorsqu’il marque 20 points contre<br />
les Los Angeles Lakers. Il devi<strong>en</strong>t<br />
rapidem<strong>en</strong>t titulaire. Début 2003, sa<br />
réputation grandit tellem<strong>en</strong>t qu’il est<br />
comparé à Shaquille O’Neal, le pivot<br />
superstar des Lakers. En 2004, il atteint<br />
le nirvana : la titularisation dans le<br />
prestigieux All-Star Game. Deux ans<br />
plus tard, il emmène l’équipe de<br />
<strong>Chine</strong> pour la première fois jusqu’aux<br />
huitièmes de finale des championnats<br />
du monde au Japon. Grâce à lui, le<br />
basket chinois se rapproche de la cour<br />
des grands.<br />
Icône sur les deux contin<strong>en</strong>ts,<br />
Yao Ming est dev<strong>en</strong>u une star à<br />
l’américaine. Depuis quatre ans, le<br />
magazine Forbes le classe de loin<br />
<strong>en</strong> tête des célébrités chinoises les<br />
mieux payées avec un rev<strong>en</strong>u de 32,5<br />
millions de dollars avant impôt. Non<br />
cont<strong>en</strong>t de promouvoir les cartes<br />
de crédit, les boissons énergétiques<br />
ou les ordinateurs, Yao participe à<br />
Yao Ming, né le 12 septembre 1980<br />
à Shanghai, cet athlète de 2m26, qui<br />
pèse 140 kg a été champion de <strong>Chine</strong><br />
avec les Shanghai Sharks <strong>en</strong> 2002,<br />
premier choix des Houston Rockets<br />
<strong>en</strong> 2002 et titulaire des All-Star Game<br />
de la Confér<strong>en</strong>ce Ouest <strong>en</strong> 2004 et<br />
2005.<br />
Pékin <strong>en</strong> 2003 à un “Téléthon” pour<br />
les victimes du SRAS. L’anci<strong>en</strong> joueur<br />
des Shanghai Sharks appelle même<br />
à arrêter la consommation du plat<br />
incontournable des dîners d’affaires<br />
<strong>en</strong> <strong>Chine</strong> : la soupe aux ailerons de<br />
requin, espèce <strong>en</strong> voie de disparition.<br />
<strong>Le</strong>s médias américains le surnomm<strong>en</strong>t<br />
« le Bono ori<strong>en</strong>tal », <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce au<br />
chanteur <strong>en</strong>gagé du groupe U2. A<br />
l’évid<strong>en</strong>ce, Yao Ming ne veut plus être<br />
le Frank<strong>en</strong>stein du <strong>sport</strong> chinois. •<br />
Joris Zylberman<br />
© Adidas<br />
47