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Zibeline n° 62 en PDF

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Joyeuses Pâques !34MUSIQUELe Festival de Pâques est bi<strong>en</strong>,artistiquem<strong>en</strong>t et musicalem<strong>en</strong>tparlant, un Festival «horsnorme»R<strong>en</strong>aud Capuçon et Dominique Bluzet, lesinitiateurs du projet, ne cess<strong>en</strong>t de le répéter<strong>en</strong> exergue de chaque concert, se félicitant dela prés<strong>en</strong>ce «d’interprètes hors norme». Maiscette réussite, liée bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du à la qualitédes artistes prés<strong>en</strong>ts durant ces deux semaines,est égalem<strong>en</strong>t à mettre sur le compted’une programmation intellig<strong>en</strong>te, équilibréeet éclectique.Trois événem<strong>en</strong>ts, proposés dans la foulée auThéâtre du Jeu de Paume, sembl<strong>en</strong>t révélateursde cet esprit. Samedi, le démoniaque DaniilTrifonov, jeune prodige russe longiligne auréoléde titres internationaux, proposa, dansla lignée des grandes joutes virtuoses du XIX esiècle, un concert diabolique, se débattant avecles forces méphistophéliques de la Sonate <strong>en</strong>si m de Liszt, <strong>en</strong>chaînant avec des Variationssur un thème de Chopin op 22 de Rachmaninov,avant de tirer sa révér<strong>en</strong>ce après quatre bisdantesques ! Un concert ébouriffant qui sembleposer comme thèse que la musique est unart de la démonstration.Le l<strong>en</strong>demain, antithèse ! Le génialissime GidonKremer avec la superbe Khatia Buniatishviliau piano et l’excell<strong>en</strong>te Giedre Dirvanauskaiteau violoncelle, démontrèr<strong>en</strong>t, au contraire, sansost<strong>en</strong>tation, que la musique est affaire d’intériorité,de poésie, de sublimation, d’élévationspirituelle. Avec l’audace que de débuter leconcert par une pièce de Stevan Kovacs Tickmayer,œuvre contemporaine tout <strong>en</strong> élégance,fruit d’un travail méticuleux sur le timbre, l’introspectionsonore étant au cœur de ce Triocon echi da Monteverdi. Les deux trios quisuivir<strong>en</strong>t de Franck et de Tchaïkovski, fur<strong>en</strong>tun exemple d’intellig<strong>en</strong>ce de lecture d’œuvreGidon Kremer, Khatia Buniatishvili et Giedre Dirvanauskaite © Caroline Doutreet d’interprétation ; c’est peut être cela la maturitémusicale !Et de maturité, de finesse, de clairvoyance ilfut question avec la confér<strong>en</strong>ce lumineuse dumaître, Alfred Br<strong>en</strong>del, sur un thème appropriépour un 1 er avril : «La musique pure peut-ellefaire preuve d’humour ?». Savamm<strong>en</strong>t éclairépar des référ<strong>en</strong>ces à Kant, Goethe… mâtinéd’extraits d’Haydn de Beethov<strong>en</strong> proposés surCD ou, <strong>en</strong> direct au piano, malicieusem<strong>en</strong>t joués,le propos p<strong>en</strong>sé, am<strong>en</strong>é, disp<strong>en</strong>sé pour le coup,avec beaucoup d’humour, combla un publicéclectique, composé de mélomanes, d’amateurséclairés, mais égalem<strong>en</strong>t d’étudiants qui,grâce à des tarifs cette fois abordables, pur<strong>en</strong>tprofiter des lumières de cet imm<strong>en</strong>se musici<strong>en</strong>qu’est Br<strong>en</strong>del.Daniil Trifonov © Caroline DoutreLe prix et l’humourCar le seul véritable bémol de ce festival exceptionnelfut le prix pratiqué certains soirs,raisonnable par rapport à certaines salles deconcert parisi<strong>en</strong>nes, mais que l’on a peu l’habitudede voir pratiquer dans la région <strong>en</strong>dehors du Festival d’Aix. Il est dommage qu<strong>en</strong>ombre de mélomanes pauvres, et il y <strong>en</strong> a,nombre d’élèves du Conservatoire d’Aix parailleurs conviés généreusem<strong>en</strong>t à des masterclass n’ai<strong>en</strong>t pu assister aux concerts d’orchestre,à 66€ la place, tandis que le tarifréduit des concerts de chambre ne desc<strong>en</strong>daitpas, sauf pour les jeunes <strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> dessousde 22€. Une politique tarifaire qui, <strong>en</strong> dépitdu mécénat généreux de la CIC, t<strong>en</strong>drait àconfirmer que la musique «classique» veut seréserver à une élite économique.Ainsi peu d’étudiants pour le Concerto pourdeux pianos <strong>en</strong> rém de Francis Poul<strong>en</strong>c, dévergondépar le jeu fantasque des pétillantessœurs Labèque, proposé le l<strong>en</strong>demain auGTP ! Pourtant il n’aurait pas détonné dans laconfér<strong>en</strong>ce de la veille, tant l’humour est auc<strong>en</strong>tre de cette pièce tout <strong>en</strong> brillance etspontanéité ! Œuvre emblématique de la périod<strong>en</strong>éo-classique, ce concerto explosa sousles doigts des membres du Chamber Orchestraof Europa ! Quant à l’interprétation deL’Inachevée de Schubert et de la Jupiter deMozart avec, à la direction, l’imm<strong>en</strong>se chefSemyon Bychkov, un seul qualificatif s’impose: sublime !Profitons que la boîte à laudatifs est ouverte,pour discerner égalem<strong>en</strong>t à tous les interprètesprés<strong>en</strong>ts sur scène pour «La carte blancheà R<strong>en</strong>aud Capuçon» le même éloge : FranckBraley, Gérard Causse… Jörg Widmann, clarinettistesurdoué mais égalem<strong>en</strong>t compositeuravec un morceau crée le soir même pour l’occasion,conc<strong>en</strong>trés sur un programme trèsd<strong>en</strong>se autour des compositeurs de la deuxièmeécole de Vi<strong>en</strong>ne, mais égalem<strong>en</strong>t de Brahms,Mahler… ont apporté une réponse cinglanteà Br<strong>en</strong>del : cette musique ne peut pas fairepreuve d’humour ! Mais elle peut vous éleverà des hauteurs insoupçonnées… jusqu’auscintillem<strong>en</strong>t des étoiles d’Ainsi la nuit, musiqueintemporelle, baignée de poésie, ocelléede grappes d’accords irisant l’espace, dansl’éclat solaire des Métaboles, lieu de métamorphosessonores perman<strong>en</strong>te. De BertrandChamayou, magnifique, H<strong>en</strong>ri Demarquette,inspiré et lumineux, au Quatuor Zaïde, d’unegrâce toute féminine, à un Valery Gergiev ausommet de son art à la tête du somptueuxOrchestre du théâtre Mariinsky, autantd’imm<strong>en</strong>ses artistes au tal<strong>en</strong>t exceptionnelprés<strong>en</strong>ts pour célébrer un des plus grandscompositeurs français : H<strong>en</strong>ri Dutilleux.Trifonov (1991…), Dutilleux (1916…) : dansce grand écart, <strong>en</strong>tre jeunes interprètes etcompositeurs phare du XXe siècle, réside laforce de ce Festival de Pâques. Un sommet adéjà été atteint pour une première ; on att<strong>en</strong>dmaint<strong>en</strong>ant un Festival de l’Asc<strong>en</strong>sion, pouraller… toujours plus haut !CHRISTOPHE FLOQUETExceptions…Combi<strong>en</strong> de temps a duré le sil<strong>en</strong>ce aprèsl’ultime Lied de La Belle Meunière ? Nul nepeut le dire précisém<strong>en</strong>t ! Long, très long…Dans le trouble immédiat du cycle schuber-

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