58CINÉMAEn P<strong>en</strong>nsylvanieDu 15 au 25 mars, Scènes et Cinés a proposéun Panorama du cinéma américainindép<strong>en</strong>dant. Les cinéphiles, de Port-Saint-Louis à Istres et Miramas, n’ont eu quel’embarras du choix : 32 films de tous g<strong>en</strong>resdont 3 <strong>en</strong> avant-première parmi lesquels, le17 mars au cinéma l’Odyssée de Fos,Promised Land, le dernier film de Gus VanSant qui y a retrouvé, quinze ans après WillHunting, Matt Damon, l’un des coscénaristeset acteurs avec John Krasinski.Le thème est très actuel puisqu’il concernel’exploitation du gaz de schiste par la méthodede fracturation, dont les dangers sontexpliqués de manière très pédagogique pardeux opposants au projet dans une communautérurale de P<strong>en</strong>nsylvanie qui souffrede la crise économique. C’est d’ailleurs pourcela qu’un commercial d’une grande société,Steve Butler (Matt Damon) et sa collègue(Frances McDormand) parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t assezaisém<strong>en</strong>t, au départ, à convaincre des fermiersde leur accorder le droit de forage surleurs terres. Steve qui a grandi à la campagneet a connu dans son <strong>en</strong>fance les dommagesde la crise quand l’usine Caterpillar de saville natale a fermé, est convaincu de lanécessité de l’exploitation du gaz de schisteet il promet aux habitants qu’ils vont dev<strong>en</strong>irriches. La résistance s’organise peu à peu…On ne vous dévoilera pas la fin.Gus Van Sant a réussi à faire un portrait intéressantde cette communauté rurale, àPromised Land de Gus Van Santmettre <strong>en</strong> scène des mom<strong>en</strong>ts de vie quotidi<strong>en</strong>ne,à nous montrer comm<strong>en</strong>t on pr<strong>en</strong>ddes décisions importantes pour l’av<strong>en</strong>ir ; lesacteurs sont bons, Matt Damon ainsi queJohn Krasinski, un «écologiste», ainsi queRosemarie DeWitt dans le rôle d’Alice,l’institutrice. Mais le film ne décolle pas vraim<strong>en</strong>t,peut-être à cause d’un scénarioprévisible -sauf le coup de théâtre final-. Onest loin du Gus Van Sant d’Elephant, mais on<strong>en</strong> reti<strong>en</strong>dra cep<strong>en</strong>dant de belles images etdes mom<strong>en</strong>ts musicaux intéressants.ANNIE GAVALe Panorama du cinéma américainindép<strong>en</strong>dant s’est déroulé du 15 au 25 marsdans les salles de Scènes et Cinés OuestProv<strong>en</strong>ceLe film Promised Landsortira <strong>en</strong> salles le 17 avrilLes Brésil de WalterInvité de l’Escale 5 des Écrans Voyageurs,Walter Salles était à l’Alhambra du 20 au 24mars, prés<strong>en</strong>tant ses films, discutant aussibi<strong>en</strong> dans la salle que dans le hall autourd’un verre avec les spectateurs… répondantavec simplicité aux questions des lycé<strong>en</strong>squi v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de voir jeudi matin Carnets devoyage. Avec ce périple sur une vieille moto,à travers l’Amérique latine, des deux jeunesArg<strong>en</strong>tins Alberto Granado et ErnestoGuevara, certains découvrai<strong>en</strong>t que Le Ch<strong>en</strong>’était pas qu’une icone publicitaire !L’après-midi, avec Une Famille Brésili<strong>en</strong>ne,réalisé <strong>en</strong> 2008 avec Daniela Thomas, leslycé<strong>en</strong>s ont partagé la vie, pas souv<strong>en</strong>t rose,de quatre frères nés de pères différ<strong>en</strong>ts, àSao Paulo. Chacun a l’espoir d’échapper àla misère, rêve d’un au-delà, comme lamère, tout à la fois «père et mère» -SandraCorveloni, prix d’interprétation féminine àCannes- de nouveau <strong>en</strong>ceinte et qui espèreavoir une fille, cette fois-là !Un film superbe, tourné avec de jeunesacteurs et des non-professionnels, dont lemontage <strong>en</strong> parallèle, tout <strong>en</strong> soulignant leTerre lointaine de Walter Salles et Daniela Thomasdésir d’appart<strong>en</strong>ance à la famille, crée uneffet de t<strong>en</strong>sion perman<strong>en</strong>t. Un film <strong>en</strong> étatd’urg<strong>en</strong>ce pour décrire une société sur le fil.«Au Brésil, les g<strong>en</strong>s ne se regard<strong>en</strong>t plus<strong>en</strong>tre classes sociales.»Une réalité différ<strong>en</strong>te de son premier longmétrage de fiction coréalisé avec DanielaThomas <strong>en</strong> 1995, Terre lointaine, lié aucontexte du Brésil qui sortait de 25 ans dedictature : de 1989 à 1994, aucun film n’a étéréalisé au Brésil. «C’est un film fait par desg<strong>en</strong>s qui voulai<strong>en</strong>t retrouver l’amour ducinéma !» On s<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> cet amour duCinéma Novo de la Nouvelle Vague, onp<strong>en</strong>se à Wim W<strong>en</strong>ders, à Antonioni, onretrouve la 404 d’À Bout de souffle… Tourné<strong>en</strong> noir et blanc, <strong>en</strong> montage parallèle, Terrelointaine nous emmène du Brésil auPortugal et malgré l’histoire tragique,procure un vrai plaisir esthétique.Ceux qui ne connaissai<strong>en</strong>t de Walter Sallesque C<strong>en</strong>tral do Brasil ou son dernier opus,Sur la route, ont pu ainsi découvrir l’œuvred’un cinéaste très s<strong>en</strong>sible, généreux ettal<strong>en</strong>tueux. À l’Alhambra, qui appr<strong>en</strong>dinlassablem<strong>en</strong>t à regarder les images et lemonde, dans une réalité sociale parfois passi éloignée du Brésil…A.G.Voir <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec Walter Sallessur www.journalzibeline.fr
Sous le ciel d’ItalieC’est dans la bonne humeur et<strong>en</strong> musique qu’ont démarré, le19 mars, les 23 e R<strong>en</strong>contresCinématographiques de Salonavec le trio I Canzonieri et seschants populaires transalpins.Normal car cette édition est auxcouleurs de la Sicile avec uneCarte Blanche donnée au Festivalde Sciacca dont le directeurartistique, Sino Caracappa, étaitprés<strong>en</strong>t, ainsi que Nello Correalequi prés<strong>en</strong>tait La Voce diRosa le 20 et Pasquale Scimecadont le film Malavoglia, d’aprèsle roman de Verga, était projetéle 21.En ouverture, Tutti I santi Giornia été projeté <strong>en</strong> avant-premièreau cinéma Les Arcades dansune salle comble. Cette comédieadaptée du roman La g<strong>en</strong>erazionede Simone L<strong>en</strong>zi, écrivainet compositeur interprète, est ledernier film de Paolo Virzì à quion doit notamm<strong>en</strong>t Catarina va<strong>en</strong> ville et La prima cosa bella.Tutti I santi Giorni, qui sortira <strong>en</strong>France sous le titre Chaque jourque Dieu fait, r<strong>en</strong>voie au récitque Guido fait chaque matin, <strong>en</strong>r<strong>en</strong>trant de son travail de portierde nuit, à sa compagne, Antonia,hôtesse d’accueil dans uneag<strong>en</strong>ce de location : il lui raconte,avant qu’ils fass<strong>en</strong>t l’amour,la vie du saint du jour. Guido(Luca Marinelli) est doux, passionnéd’hagiographie tandisqu’Antonia, impétueuse et peucultivée, compose de jolies chansonset les chante parfois dansdes bars où personne ne l’écoute.Tout semble les opposer ; maisils s’aim<strong>en</strong>t même s’ils ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tpas à avoir d’<strong>en</strong>fant.Comm<strong>en</strong>ce alors un parcours,traité avec légèreté par lecinéaste, et qui nous vaut desTutti I santi Giorni de Paolo Virziscènes très drôles comme laséqu<strong>en</strong>ce de relaxation «shanta»pieds nus dans la neige ou lacourse éperdue des hommesdans les couloirs de la cliniqueoù va se faire la FIV, pour arriverle premier dans les toilettes. Lacomédie s’essouffle durant lesvingt dernières minutes maisPaolo Virzì a montré son s<strong>en</strong>s durythme, sa verve et son humourpour traiter un sujet un peudélicat.Le public, qui semblait charmépar le film, a été invité à rejoindrela salle de concert du PortailCoucou pour finir <strong>en</strong> musiqueavec R<strong>en</strong>ato Tonin, JamesSadras et Yannick Boudruchedu trio I Canzonieri. Une soiréetrès conviviale.ANNIE GAVALes R<strong>en</strong>contresCinématographiques ont eulieu du 19 au 26 mars à Salon04 90 17 44 97www.r<strong>en</strong>contres-cinesalon.org59CINÉMA