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vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 décembre 2010 - IPM

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Découvertes Débatsemniser les victimes ?Gabriel Ringl<strong>et</strong>Prêtre <strong>et</strong> écrivainTANGUY JOCKMANSP Même si la pédophilie concerne aussi d’autres milieux, l’Eglise catholiquedoit oser s’avancer en première ligne, seule s’il le faut.M gr Léonard lors de son audition par la commission parlementaire.FILIP CLAUS/BELGAIDans ses déclarations devant lacommission parlementaire, M gr Léonarda concédé la création d’unfonds de solidarité auquel participeraientd’autres institutions pourindemniser les victimes d’abussexuels. Est-ce suffisant ?Ça me paraît vraiment insuffisant, car, mêmesur c<strong>et</strong>te question financière que je reconnaisdifficile <strong>et</strong> délicate, il était possible de proposerune parole audacieuse <strong>et</strong> qui engagel’Eglise à prendre un vrai risque évangélique,dans l’esprit de Noël. D’abord, je trouve dommagede dire: “Oui, on peut penser à un fondséventuel si d’autres l’alimentent avec nous.”Non! Même si la pédophilie concerne aussid’autres milieux, l’Eglise catholique doit osers’avancer en première ligne, seule s’il le faut. Jesuis certain que c<strong>et</strong>te “solitude” la grandirait,une solitude pour mieux dire une solidarité.M gr Léonard est apparu en r<strong>et</strong>rait par rapport àd’autres évêques qui se sont exprimés devant c<strong>et</strong>temême commission. Est-ce normal?Normal, je ne sais pas. Surprenant, oui. On avu défiler, devant c<strong>et</strong>te commission, des attitudesépiscopales contrastées. Tant mieux parcertains côtés. Cela prouve que, même au“somm<strong>et</strong>”, il peut y avoir diversité des regards<strong>et</strong> des analyses. Mais, par ailleurs, beaucoup,je crois, <strong>et</strong> pas seulement parmi les chrétiens,attendaient qu’un souffle se dégage, qui soitun peu le fil ténu qui relie toutes ces auditions.Ce souffle, je ne l’ai pas senti. Ce fil, je nel’ai pas vu. Oui, parfois, tel ou tel bout dephrase perm<strong>et</strong>tait de sentir un regard pluslarge, mais au bout du compte, on garde l’impressiond’une parole émi<strong>et</strong>tée.L’Eglise a-t-elle les moyens financiers d’indemniserlargement les victimes? A propos, quelles sont lessources de ses revenus?En fait, la situation financière de l’Eglise catholiquede Belgique est moins brillante qu’iln’y paraît à première vue. Et surtout très éclatée.Un exemple. Le patrimoine immobilierest propriété d’une commune, d’une fabriqued’église ou encore d’une ASBL. Personnellement,je souhaiterais que, tout en respectant leculte, il ait une affectation culturelle plus large.Autre exemple. De quel argent dispose les évêchés? De collectes, de legs <strong>et</strong> de dons. Et je neparle pas ici des ordres religieux. C’est un autrechapitre encore. Les abbayes, par exemple, sontexceptionnellement généreuses. Donc, en résumé,les ressources sont plus limitées qu’il n’yparaît. Raison de plus, de jouer la transparence.Que l’Eglise ose m<strong>et</strong>tre à plat, devant l’opinion, sasituation financière réelle. On verra alors surquelle base objective elle peut ou non indemniser.Au bout du compte, on gardel’impression d’une paroleémi<strong>et</strong>tée.D’une manière générale, l’attitude de l’institution ecclésialeest-elle à la hauteur de ses responsabilités à l’égarddes crimes commis par nombre de ses clercs?Hélas, non! Me croira­t­on si je le dis avec respect,car je suis pleinement d’Eglise, <strong>et</strong> je le reste, mêmedans la tempête. Alors pourquoi non? Un témoignaged’il y a quelques heures vaudra mille raisonnements.Une maman, blessée par la pédophilied’un prêtre à l’âge de 12 ans, vient de m’envoyerun SOS pour me faire part de sondésappointement après avoir suivi les auditions.Elle m’a demandé d’en parler. Elle ne réclamerien. Elle s’exprime avec délicatesse, tout ennuances. Elle raconte son calvaire, sa fragilité.Mais elle espérait entendre “une paroled’homme” à la commission. Rien que ça. Tout ça!Pas la défensive. Un cœur ouvert, qui ose vraimentsaigner. Peut­être saignait­il, mais on ne l’apas vu! Elle espérait aussi une remise en questionbien plus fondamentale. Je sens, à travers ce témoignage,<strong>et</strong> au­delà de lui, que les victimes, maispas qu’elles, les chrétiens aussi, les citoyens, ontbesoin de sentir quelque chose de plus vrai, deplus prophétique, de plus annonciateur d’avenir,quoi qu’il en coûte à l’institution ecclésiale. C<strong>et</strong>teparole viendra­t­elle?Entr<strong>et</strong>ien: J-P. Du<strong>vendredi</strong> <strong>24</strong>, <strong>samedi</strong> <strong>25</strong> <strong>et</strong> <strong>dimanche</strong> <strong>26</strong> décembre <strong>2010</strong> - La Libre Belgique53© S.A. <strong>IPM</strong> <strong>2010</strong>. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable <strong>et</strong> écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

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