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vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 décembre 2010 - IPM

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Découvertes DébatsDRDRNicolas GAZONProfesseur de religion <strong>et</strong> d’histoireà l’Institut de l’Assomption (Watermael-Boitsfort)Uwww.assomption-edu.bel Opinion SociétéA qui appartient NoP Coincé entre la crèche <strong>et</strong> la racl<strong>et</strong>te, entre l’appel des centres commerciaux <strong>et</strong> la messe de minuit, que fête­t­on ?P Noël a été “folklorisé”, ach<strong>et</strong>é <strong>et</strong> a perdu son âme. Croyants ou pas, tous nous pouvons lui donner du sens.Al’approche du <strong>24</strong> décembre, cesdernières années, les médias ontpris l’habitude de s’agiter autourd’une question qu’ils présententcomme essentielle : “Les Belgesauront­ils le cœur à dépenser?”Les reportages <strong>et</strong> les spéculations semultiplient: en ces temps de crise,on espère que les ménages, ragaillardis par l’esprit deNoël, ne regarderont pas à leurs dépenses <strong>et</strong> ferontchauffer les Bancontacts. A la veille du réveillon, lesjournalistes sont sur le pont pour commenter la frénésiedes achats, m<strong>et</strong>tre en évidence les cadeaux à lamode <strong>et</strong> comptabiliser le montant des transactions.Oui, c’est une évidence, les fêtes de fin d’année sontdevenues un des rouages importants de notre sociétéde consommation. Le phénomène, depuis une trentained’années, a pris de l’ampleur, Noël,aujourd’hui, se fête d’abord dans les galeries commerciales<strong>et</strong>, à l’instar des autres fêtes du calendrier,l’événement est devenu “folklorique”. En caricaturant,on pourrait presque dire que la crèche, Jésus <strong>et</strong>les rois mages sont devenus un prétexte pour testerle nouvel appareil à racl<strong>et</strong>te <strong>et</strong> offrir une console dejeu Wii à la famille. Le conte de Noël, ce qu’on appellela Nativité, est passé au second plan. D’ailleurs pourquoise raconter une énième fois l’histoire, puisqu<strong>et</strong>out le monde la connaît, <strong>et</strong> que, selon les sondages,de moins en moins de monde y croit…Prenons le temps, ici, de réfléchir à ce constat, essayonsde lui donner une signification. Qu’est­ce quecela nous dit sur l’état actuel de notre société, sur nosvaleurs, sur nos croyances? Si on accepte que Noël serésume de plus en plus à une course aux magasins,on accepte alors que c<strong>et</strong>te fête soit de moins enmoins celle de tous. Dans ce contexte, Noël devientindirectement un facteur de rupture sociale <strong>et</strong> d’exclusion.C<strong>et</strong>te fête qui se veut généreuse <strong>et</strong> pleine debons sentiments, m<strong>et</strong> cruellement en évidence lefossé qui sépare ceux qui peuvent consommer deceux qui ne peuvent que sentir <strong>et</strong> regarder. Ironiquement,elle distingue ceux qui peuvent avoir le plaisird’offrir <strong>et</strong> ceux qui, par voie de charité, ne peuventque recevoir.Et si on y réfléchit bien, le matraquage publicitaire,en détournant nos valeurs à coup de millionsd’euros, résume Noël en une seule <strong>et</strong> unique démarchefinale: ach<strong>et</strong>er! A la grand­messe commercialede fin d’année, le bonheur consumériste est finalementla croyance partagée par tous. Quoi qu’on endise, Noël reste donc bien une affaire de foi, <strong>et</strong> m<strong>et</strong>toujours en évidence, d’une certaine manière, notreidéal… Aussi matérialiste soit­il.Toutefois, je ne veux pas croire que l’esprit de Noëlait complètement été rattrapé par la société marchande.Il faut sans doute comprendre l’évolutionque je viens de décrire comme –pour reprendre uneformule d’Ivan Illich– “une corruption du meilleurqui engendre le pire”. Je m’explique. Au départ,qu’est­ce que Noël? C’est avant tout c<strong>et</strong>te histoir<strong>et</strong>ouchante qui vient nous percuter comme une promesse;on y raconte que Dieu se fait homme dans laplus grande humilité. C<strong>et</strong>te incarnation n’est pas réfléchieni calculée. Elle est l’eff<strong>et</strong> d’une liberté pure <strong>et</strong>sans contrainte, un don gratuit <strong>et</strong> joyeux d’un Dieuqui vient nous rejoindre dans notre réalité. Fêter laNativité, c’est au départ fêter la joie de l’espérance;l’espérance d’une vie nouvelle construite surl’amour. Noël est donc, avant tout, un moment spirituel,la volonté de vivre concrètement c<strong>et</strong> amour gratuit,en se rassemblant joyeusement, en s’écrivant,en se réconciliant ou en se voulant solidaire. Il s’agitd’un moment privilégié pour partager des valeursqui nous rapprochent. Et je le crois, c’est ce Noël,c<strong>et</strong>te espérance du cœur, que beaucoup cherchentencore en fêtant le réveillon.S’il est heureux de se rencontrer autour d’un bon repas,s’il est agréable d’offrir <strong>et</strong> de recevoir de belleschoses, s’il est joyeux que les commerçants illuminentleurs boutiques, ce serait malheureux de fêterNoël sans espérer… Plutôt que de comptabiliser lesbénéfices des achats de fin d’année, voilà peut­être ceà quoi les médias doivent s’intéresser: quelles sontaujourd’hui nos espérances?Noël est devenu aujourd’hui le symptôme d’une desimpasses de notre modernité: nous avons “folklorisé”nos anciennes croyances tout en perdant leurâme <strong>et</strong> leur sens profond. Nous avons ironisé sur lescoutumes des générations précédentes en oubliantl’utilité <strong>et</strong> la force de leurs gestes. Toutefois, en ba­54 La Libre Belgique - <strong>vendredi</strong> <strong>24</strong>, <strong>samedi</strong> <strong>25</strong> <strong>et</strong> <strong>dimanche</strong> <strong>26</strong> décembre <strong>2010</strong>© S.A. <strong>IPM</strong> <strong>2010</strong>. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable <strong>et</strong> écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.

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