Marguerite sortant <strong>de</strong> l'égliseAry Scheffer - huilesée par un certain Cou<strong>de</strong>r, Gounod y trouvel’inspiration pour sa Chanson du Roi <strong>de</strong>Thulé. Il semble que Carré, pour son personnage<strong>de</strong> Marguerite ait eu à l’esprit, au moinsune <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> Scheffer, Marguerite sortant<strong>de</strong> l’église, qui la montre le visageempourpré d’un air <strong>de</strong> naïveté détachée, justeavant sa première rencontre avec Faust. Cettescène n’existe pas chez Goethe. En effet,l’œuvre <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier ayant inspiré les artistesfrançais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années, leurstoiles, bien connues, circulaient sous la forme<strong>de</strong> lithographies. Les représentations théâtralesleur avaient emprunté l’image d’uneGretchen à tresses blon<strong>de</strong>s, habillée d’unerobe blanche, inspirée par les toiles <strong>de</strong>Scheffer. Le peintre avait, d’ailleurs, été présentéà Gounod par Pauline Viardot. Il étaitdonc en terrain connu.En 1856, Gounod rencontra Jules Barbier qui avait déjà écrit l’argumentd’un Faust dont la profon<strong>de</strong>ur et la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s personnages convenaientbien à un opéra. Il ne restait donc à Gounod qu’à obtenir les droitspermettant d’adapter l’œuvre <strong>de</strong> Carré pour son livret. Mais ce <strong>de</strong>rnier préférantse consacrer à une collaboration avec Giacomo Meyerbeer, Barbierfinit par travailler seul sur le livret et connut son plus grand succès avec ceFaust mis en musique par Gounod.Une pério<strong>de</strong> propiceDans le Paris du Second Empire dont les efforts pour développer l’économierenforcent l’influence <strong>de</strong> la bourgeoisie dans la société, l’enthousiasmedu Romantisme cè<strong>de</strong> le pas à <strong>de</strong>s thèmes plus pragmatiques. Un Faust,plus moral que philosophique, répondait mieux à l’attente <strong>de</strong> ce public,grâce à la naïveté <strong>de</strong> son héroïne, le piquant <strong>de</strong> la transgression sexuelle,tempérée par le triomphe final <strong>de</strong> la religion, l’ensemble étant soutenu par<strong>de</strong>s mélodies inspirées. Cette version <strong>de</strong> Faust, moins subversive que l’originalet centrée sur la religion, arrivait à point nommé. L’attirance <strong>de</strong>Gounod pour l’aspect religieux <strong>de</strong> l’histoire tenait à son tempérament quiresta toujours partagé entre le théâtre et l’Église. À Rome, il avait fait levœu <strong>de</strong> travailler au renouveau <strong>de</strong> la musique sacrée française.Dans son adaptation <strong>de</strong> Faust et Marguerite, le librettiste <strong>de</strong> Gounod, Jules16
Barbier (1825-1901), qui fut un collaborateur régulier <strong>de</strong> Carré, obtint <strong>de</strong>ce <strong>de</strong>rnier le droit d’utiliser son texte dont il conserva la structure et dontil réduisit les dimensions, en éliminant ou en regroupant les personnages etles événements, pour qu’elles puissent convenir au rythme plus lent <strong>de</strong>l’opéra. Il étoffa l’histoire <strong>de</strong> Marguerite, incarnation <strong>de</strong> l’innocence trahie,et finalement rachetée, en empruntant certains éléments à l’œuvre <strong>de</strong>Goethe. La scène <strong>de</strong> la prison et l’apothéose finale, qui ne figuraient pasdans l’œuvre <strong>de</strong> Carré, furent rajoutées, <strong>de</strong> même que la mort <strong>de</strong> Valentindont il renforça le rôle, ainsi que celui <strong>de</strong> Siébel. Parmi les personnagessurnaturels, seuls Méphistophélès et quelques démons furent retenus. Lapsychologie complexe <strong>de</strong> Faust se réduisit à une lutte entre le désir charnelet l’amour pur.Le début <strong>de</strong> la carrière <strong>de</strong> Gounod avait coïncidé avec la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> croissanceet <strong>de</strong> stabilité créée par la politique du Second Empire, qui avait provoqué,dans la capitale, une soif <strong>de</strong> distractions. Ce que comprit et exploitaparfaitement Jacques Offenbach. La vie musicale se partageait alorsentre cinq salles. Les grands chefs-d’œuvre <strong>de</strong> Meyerbeer, Halévy etRossini, populaires <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies, tenaient toujours le haut <strong>de</strong>l’affiche à l’Opéra ou au Théâtre-Italien. Mais, d’autres conception<strong>lyrique</strong>s se faisaient jour. En 1856, l’imprésario Léon Carvalho (1825-1897) avait pris la direction du Théâtre-Lyrique, fondé une dizaine d’annéesplus tôt, et en rehaussa le niveau <strong>de</strong> qualité. Personnage passionné,intransigeant et envahissant, il lança Bizet, créa Les Troyens <strong>de</strong> Berlioz,ainsi que les grands succès <strong>de</strong> Gounod, Faust, Mireille, et Roméo etJuliette.Début 1856, Gounod avait reçu une nouvelle comman<strong>de</strong> pour un opérahistorique intitulé Ivan le terrible qu’il finit par abandonner (et qui futrepris, avec beaucoup <strong>de</strong> modifications, par Bizet). Gounod s’attèle àFaust, en songeant à l’Opéra, puisque <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses œuvres y avaient étédéjà montées, fait remarquable pour un compositeur inconnu. PaulineViardot n’y était sans doute pas pour rien. Dès 1856, Barbier et Gounodauraient proposé Faust à l’Académie Nationale <strong>de</strong> Musique, ce qui impliqueraitl’existence <strong>de</strong> récitatifs, et non <strong>de</strong> dialogues parlés, ainsi que d’unballet, obligatoires pour cette scène. Mais, c’est le Théâtre-Lyrique, quiaccepte, la même année, l’idée <strong>de</strong> produire un nouveau Faust : le nom <strong>de</strong>Gounod est connu, Michel Carré et Jules Barbier sont déjà <strong>de</strong> célèbreslibrettistes. De plus, l’empressement <strong>de</strong> Léon Carvalho s’explique sansdoute, en partie, parce qu’il y voyait une occasion <strong>de</strong> donner à son théâtreplus <strong>de</strong> prestige artistique et parce que sa femme, Marie Miolan Carvalho,<strong>de</strong>vait y tenir le premier rôle, d’où l’importance accordée à Marguerite17
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