sonnage <strong>de</strong> Bianca Castafiore, cantatrice qui n’a que l’air <strong>de</strong>s bijoux à sonrépertoire.GOUNOD ET L’OPÉRA FRANÇAISLe compositeur et critique Alfred Bruneau définit la spécificité du langagemusical <strong>de</strong> Gounod, comme « un langage tendre d’une sensibilité infinie etd’un raffinement délicieux », alliant la « simplicité pure <strong>de</strong> Mozart » à la« poésie troublante <strong>de</strong> Schumann ». Il souligne, la tendresse créée par unlyrisme sans affectation, la délicatesse <strong>de</strong>s nuances orchestrales et un artvocal qui renonce aux effets. La musique <strong>de</strong> Gounod est française dansl’âme, par la simplicité <strong>de</strong>s accords parfaits, par les figures d’accompagnementsdélicates. Certains motifs attachés à Marguerite, ou au duo d’amour,reviennent, plus ou moins discrètement, à l’orchestre jusqu’à la scène <strong>de</strong> laprison, imprégnant l’ensemble <strong>de</strong> la partition d’une tonalité amoureusedont on se sait plus si elle s’adresse au ciel ou à la chair.A ce lyrisme, véritable signature <strong>de</strong> Gounod, qui s’épanouit au chœur <strong>de</strong>l’acte III, s’ajoute une parfaite maîtrise orchestrale qui lui permet <strong>de</strong>mettre en place le chœur complexe <strong>de</strong> la scène <strong>de</strong> la Kermesse. Preuve <strong>de</strong>l’inventivité <strong>de</strong> Gounod, Faust fourmille <strong>de</strong> mélodies qui sont <strong>de</strong>venues<strong>de</strong>s tubes, non sans raison, car elles sont parfaitement construites, en parfaitaccord avec la vérité dramatique. Verdi, qui appréciait Gounod, regrettaitcependant son manque <strong>de</strong> force dramatique. Gounod n’est pas Berliozpour ce qui est <strong>de</strong> l’innovation musicale, et il ne force pas sur les effetsgrandiloquents à la Meyerbeer, même si le choral <strong>de</strong>s épées, à l’acte II, quin’existe pas chez Goethe ni chez Carré, fait irrésistiblement penser à labénédiction <strong>de</strong>s poignards dans les Huguenots.C’est le musicien d’église qui écrit Faust (la supplique <strong>de</strong> Marguerite dansla scène <strong>de</strong> l’église vient du Dies irae du Requiem écrit à Vienne en 1842).Mais, on peut dire aussi l’inverse : sa musique religieuse est souvent théâtrale,dans l’esprit <strong>de</strong> son temps. Même si nous le percevons mal, Faustn’a rien à voir avec les « diableries » que l’on voyait sur les scènes <strong>de</strong>l’époque, <strong>de</strong>stinées à faire frémir le public à bon compte. Au contraire, ilfait comprendre que Méphistophélès ne vient pas d’ailleurs, il est parminous ; en fait, il est en nous-mêmes.L’œuvre musicale <strong>de</strong> Gounod, dans son ensemble, reflète la double postulation<strong>de</strong> son auteur qui a passé quelques <strong>de</strong>ux ans au séminaire, commeplus tard il passera sensiblement le même temps à Londres, abandonnantfemme et enfants à Paris, pour vivre auprès d’une médiocre cantatrice.40
L’opéra occupe le mitan du XIX e siècle et il crée un pont entre un opérafrançais dont les principes se constituent avec le <strong>de</strong>rnier Rossini,Meyerbeer, Halévy, et celui qui va naître avec le disciple Bizet, Massenet.Gounod abandonne les sujets historiques pour d’autres plus intimes. Au<strong>de</strong>là<strong>de</strong>s scènes <strong>lyrique</strong>s, son sens mélodique va se retrouver chez Franck,Fauré, et sa clarté d’écriture va s’imposer. Même Debussy et Ravel s’ensouviendront.ENTRETIENS AVECLE CHEF D’ORCHESTRE ETLE METTEUR EN SCÈNELe Maître Jacques Mercier s’exprime sur l’écriture musicale <strong>de</strong>Gounod.Jacques Mercier, directeur <strong>de</strong> l’orchestre National <strong>de</strong> Lorraine, gar<strong>de</strong> unsouvenir amusé du premier Faust qu’il a dirigé à Séoul, à la fin <strong>de</strong>s années1970, et pour lequel André Batisse avait fait la mise en scène. Ce n’est pasle fait que l’œuvre fut chantée en coréen, ni la qualité <strong>de</strong> l’équipe musicalelocale, d’ailleurs excellente, qui lui posèrent le plus <strong>de</strong> problèmes. Lecontact fut cependant ru<strong>de</strong>, à la première répétition : confiné dans une sallepeu aérée, face à une cinquantaine <strong>de</strong> choristes chantant à pleine voix, bouchelargement ouverte, il reçut en pleine figure les effluves <strong>de</strong> leur récentdéjeuner dont les composantes exotiques laissaient un parfum particulièrementtenace et peu agréable pour un européen non averti.Ce n’est pas pour cette raison, cependant, que la reprise <strong>de</strong> Faust, à Metz,n’est que la <strong>de</strong>uxième occasion qui est donnée au Maestro <strong>de</strong> diriger l’opéra<strong>de</strong> Gounod. Sans doute est-ce un autre signe <strong>de</strong> la relative raréfactionactuelle <strong>de</strong> l’œuvre sur scène. Mais par ailleurs, Jacques Mercier connaîtparfaitement la musique française, <strong>lyrique</strong> et symphonique du XIX e sièclequ’il dirige et enregistre. Il a donc un regard particulièrement éclairé surcette partition.Pour lui, il n’est guère étonnant que Carmen supplante Faust dans le cœur<strong>de</strong>s lyricophiles car la musique <strong>de</strong> Bizet, dont il a enregistré Djamileh, estbien plus inventif. Gounod tombe parfois dans la facilité qui consiste àreprendre une même structure, <strong>de</strong>ux à trois fois <strong>de</strong> suite, en élevant àchaque fois le ton, ce qui se passe dans le <strong>de</strong>rnier trio <strong>de</strong> l’opéra, et surtoutil a une conception plus mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la structure musicale, n’hésitant pas àla désarticuler parfois, pour mieux surprendre. Ce qui rend ses partitions41
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