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charles gounod - cercle lyrique de metz

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Ces variations ne sont jamais gratuites : chaque air correspond à la personnalitéet à la situation <strong>de</strong> chaque personnage. Gounod ne donne jamaisl’impression d’utiliser une structure musicale pour elle-même. Au contraire,il en casse souvent les co<strong>de</strong>s. Le fameux air <strong>de</strong>s bijoux, sans doute exigépar la créatrice, n’est pas un simple prétexte à roula<strong>de</strong>s mais un moment oùla chaste jeune fille sent s’éveiller en elle un désir <strong>de</strong> plaire, prémices <strong>de</strong>l’amour dont elle s’enivre déjà. Quant à la balla<strong>de</strong> qui précè<strong>de</strong>, elle est sanscesse interrompue par un retour au souvenir du jeune inconnu qui l’a abordée.Certes le procédé n’est pas inédit, mais les interruptions venaient classiquemententre chaque couplet, alors qu’ici elles interviennent en pleinmilieu <strong>de</strong> chacun d’eux. Surprenant, également, dans le duo d’amour, lasuspension du développement mélodique après « Éternel ! ». La musiquereprend après un silence, et la tonalité change, comme si les amants revenaientà eux après un moment d’extase. Pour un personnage commeMarguerite, et même Siébel, timi<strong>de</strong>s dans leurs premières interventions, laligne mélodique se fait plus tendue et véhémente, au fur et à mesure etnotamment à l’acte IV. Ce qui pose le problème <strong>de</strong> la tessiture <strong>de</strong>l’héroïne : sa voix doit monter aisément dans l’aigu, mais elle doit êtrecapable aussi d’accents dramatiques. Une Victoria <strong>de</strong> Los Angeles chantaitMarguerite mais aussi Elsa, Desdémone.Toute la partition est ponctuée par <strong>de</strong>s ensembles qui contrastent, par leurtonalité, avec l’état d’esprit <strong>de</strong>s personnages (comme les chœurs joyeuxqui interrompent la méditation morbi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Faust, acte I), ou qui amplifientleurs sentiments (le chœur <strong>de</strong>s démons qui achèvent <strong>de</strong> plonger Margueritedans la terreur, acte III). Remarquons que l’œuvre est comme encadrée parle chœur profane <strong>de</strong>s paysans du début et celui, céleste, <strong>de</strong> la fin. Autreeffet <strong>de</strong> miroir significatif : au docteur, l’univers <strong>de</strong> la terre ; à la femmebafouée, celui du ciel.On ne saurait non plus oublier que l’opéra tout entier est comme ponctuépar <strong>de</strong>s prières, <strong>de</strong>s invocations, profanes ou religieuses, voire blasphématoires,qui montrent <strong>de</strong>s personnages dépassés par les événements et tendusvers une force supérieure dans laquelle ils placent leurs ultimes espoirs :cela définit un climat oscillant entre sensualité et mysticisme, un déchiremententre <strong>de</strong>ux postulation <strong>de</strong> l’âme : besoins bas et vulgaires contre aspirationsà un idéal inaccessible, qu’il s’agisse d’amour ou <strong>de</strong> foi. Résumé,en somme <strong>de</strong> la condition humaine, <strong>de</strong>puis l’origine <strong>de</strong>s temps et en particulier<strong>de</strong>s problèmes existentiels <strong>de</strong> Gounod lui-même.La musique traduit également les liens qui unissent ou opposent les personnages.Dans le tableau <strong>de</strong> l’église, le prélu<strong>de</strong> à l’orgue et le chœur liturgique,à l’origine sur le Dies Irae, s’allient aux imprécations <strong>de</strong> Méphisto-35

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