elle, pour ses rôles, un air brillant qui la mettrait en valeur. Ce fut l’air <strong>de</strong>sbijoux, dans Faust, la valse <strong>de</strong>s premiers actes <strong>de</strong> Mireille et <strong>de</strong> Romeo etJuliette, rôles dont elle fut la créatrice. Mais, elle avait également un vraitalent <strong>de</strong> comédienne, un charme qui touchait le public. Elle fut une gran<strong>de</strong>Marguerite et fit une carrière internationale.Émile Balanqué, basse chantante <strong>de</strong> 32 ans, était Méphisto. Il a chanté dansLe Roi malgré lui, Béatrice et Bénédicte, Philémon et Baucis, autant <strong>de</strong>rôles qui n’exigent pas une basse profon<strong>de</strong>. Osmond Reynald, baryton,chantait Valentin et Amélie Faivre-Duclos, Siébel.Dans leur sillage, tous les grands noms du mon<strong>de</strong> <strong>lyrique</strong> ont voulu chanterles trois rôles principaux : <strong>de</strong> Caruso à Domingo, <strong>de</strong> Nelly Melba àMirella Freni, <strong>de</strong> Chaliapine à Ghiaurov.Faust a d’emblée assuré la fortune du directeur Carvalho : les 57 représentations<strong>de</strong> 1859 mettent Faust largement au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s autres œuvres àl’affiche (Richard Cœur-<strong>de</strong>-Lion, Si J’étais roi, Les Noces <strong>de</strong> Figaro ouL’Enlèvement au sérail couplé avec Abou Hassan). Il fit même <strong>de</strong>l’ombre au Pardon <strong>de</strong> Ploërmel <strong>de</strong> Meyerbeer. Seul l’Orphée <strong>de</strong> Gluck,avec Pauline Viardot, fit courir tout Paris. Dix ans plus tard, la Salle LePeletier <strong>de</strong> l’Opéra, en donne 70 représentations. À partir <strong>de</strong> 1875, Garnierouvre avec La Juive et les quarante saisons suivantes avec Aïda,Lohengrin, Le Freischütz. Ces opéras l’emportent dans l’année commeœuvre la plus jouée dans l’année, mais Faust est seul à l’emporter vingtfois, établissant un record <strong>de</strong> longévité et <strong>de</strong> popularité. Les plus grandsnoms <strong>de</strong> chanteurs nationaux ont marqué les principaux rôles. Les étrangersne sont pas restés en reste. Le Metropolitan Opera choisit Faust poursa soirée inaugurale le 22 octobre 1883, avec Christine Nilsson qui l’avaitcréé à l’Opéra, mais cette fois elle chante en italien.CritiquesBeaucoup <strong>de</strong> critiques <strong>de</strong> l’école mo<strong>de</strong>rne, dont Berlioz et le jeune ErnestReyer, sensibles à la poésie <strong>de</strong> ses thèmes, oublièrent leurs différendsesthétiques avec Gounod et défendirent vigoureusement Faust, faisantcause commune avec lui pour faire exister un style d’opéra français. Dès lapremière, l’œuvre reçut un accueil favorable, notamment grâce à la prestation<strong>de</strong> M me Carvalho.D’autres journalistes lui furent hostiles et il s’avéra, fin 1859, que l’enthousiasmeparisien pour l’opéra ne pesait pas assez lourd face aux problèmes<strong>de</strong> l’attribution <strong>de</strong>s rôles et au départ temporaire <strong>de</strong> Carvalho <strong>de</strong> la directiondu Théâtre-Lyrique. Peu après, Gounod mit le dialogue parlé <strong>de</strong>l’œuvre originale en musique dans l’idée d’éventuelles représentations en30
province et à l’étranger. Ces projets furent considérablement renforcés parles relations professionnelles <strong>de</strong> Gounod avec l’éditeur Antoine <strong>de</strong>Chou<strong>de</strong>ns qui acquit les droits <strong>de</strong> Faust pour une somme modique. Il allait<strong>de</strong>venir, dans les dix années suivantes, un agent dynamique pour le compositeur.Faust fit rapi<strong>de</strong>ment fureur en Allemagne, au grand dépit <strong>de</strong>Richard Wagner qui le dénonça, dans Deutsche kunst und <strong>de</strong>utsche Politik(1867), comme le faible pastiche français d’un monument littéraire allemand.Wagner, tout en reconnaissant le réel talent <strong>de</strong> Gounod, lui reprocheun sentimentalisme <strong>de</strong> surface. Les opinions <strong>de</strong> Gounod sur le musicienallemand, assez positives pendant le séjour <strong>de</strong> celui-ci à Paris, <strong>de</strong> 1859 à1861, tiédirent considérablement après ses attaques contre son opéra.L’ensemble <strong>de</strong>s critiques reconnurent la trahison du poème original <strong>de</strong>Goethe, mais estima que c’était sans importance car le livret s’adaptait parfaitementà la musique. Ils accordèrent à Faust le statut <strong>de</strong> « véritablegrand opéra », c’est-à-dire que sa qualité formelle le mettait au niveau leplus élevé <strong>de</strong> l’art <strong>lyrique</strong>. Certains allèrent jusqu’à trouver sa musique tropsavante, voire dépourvue <strong>de</strong> caractère mélodieux. On accusa Gounod <strong>de</strong>vouloir imiter Wagner, à une époque où ce rapprochement ne passait paspour un compliment.Un succès universelQuatre mois après la première à Paris, Gounod orchestre les récitatifs pourl’opéra <strong>de</strong> Strasbourg. Au cours <strong>de</strong>s dix-huit mois suivants, l’opéra remporte<strong>de</strong>s succès spectaculaires sur la plupart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s scènes étrangères.L’œuvre est présentée en 1862 à Milan, en italien. Londres est plusréticent et ce n’est qu’en 1863 que Faust y est donné, dans la même langue,à Her Majesty’s Theatre, et rapi<strong>de</strong>ment à Covent Gar<strong>de</strong>n, avecChristine Nilsson, première d’une longue série <strong>de</strong> représentations qui obligerontGounod à faire plusieurs voyages dans cette ville. Ce fut l’occasion<strong>de</strong> modifications apportées par Gounod, dans le quatrième acte, avecd’abord quelques petites variantes dans la rencontre entre Siébel etValentin, puis dans le trio Méphisto-Faust-Valentin, et enfin, avec l’introductiond’un nouvel air pour Siébel, « Si le bonheur », où le jeune hommedéclare son amour sans espoir pour Marguerite. Très vite, dans le <strong>de</strong>rniertiers du XIX e siècle, Faust <strong>de</strong>vient l’opéra le plus joué dans le mon<strong>de</strong>.Dix ans après la création au théâtre <strong>lyrique</strong>, Faust fait une entrée triomphaleà l’Académie Impériale <strong>de</strong> Musique, le 3 mars 1869, avec la mêmeChristine Nilsson dans le rôle <strong>de</strong> Marguerite. Pour l’occasion, Gounod écritle grand ballet, La nuit <strong>de</strong> Walpurgis. Il avait un temps songé, à cause d’unedépression qu’il avait peine à surmonter, à en confier l’écriture à Saint-31
- Page 1: 2011-2012CERCLE LYRIQUEFaustDE METZ
- Page 5: SOMMAIRECharles Gounod (1818-1893)
- Page 8 and 9: Méphisto apparaissant à Faust dan
- Page 10 and 11: François Lesueur, Ferdinando Paër
- Page 12: oman de Lewis, Le Moine, et success
- Page 15 and 16: lant la mer. Plus étonnant, Faust
- Page 17 and 18: GOUNOD ET FAUSTUn sujet dans l’ai
- Page 19 and 20: Barbier (1825-1901), qui fut un col
- Page 21 and 22: ARGUMENTIntroductionActe 1. Le cabi
- Page 23 and 24: Tandis que ce dernier s’élance v
- Page 25 and 26: disposait pas de danseurs adéquats
- Page 27 and 28: sous prétexte de décence, le chas
- Page 29 and 30: à l’action et son flux musical.C
- Page 31: Faust - production PE Fourny - Opé
- Page 35 and 36: suspendent l’action, alternent av
- Page 37 and 38: Ces variations ne sont jamais gratu
- Page 39 and 40: signe un pacte avec le diable, c’
- Page 41 and 42: protecteurs à Siébel. Mais elle s
- Page 43 and 44: L’opéra occupe le mitan du XIX e
- Page 45 and 46: turgique afin qu’il ne soit pas u
- Page 47 and 48: jamais.À partir de l’avènement
- Page 49 and 50: En 1948, Beecham grave, dans un Lon
- Page 51 and 52: À VOIROn peut retrouver Alfredo Kr
- Page 53 and 54: Ses enregistrements discographiques
- Page 55 and 56: Wozzeck d’Alban Berg. Elle a beau
- Page 57 and 58: d’opéra au Concours Flame, Rév
- Page 60: FaustOpéra en cinq actes de Charle