IntroductionEn juin 2003 débutaient les travaux <strong>de</strong> la Filière <strong><strong>de</strong>s</strong> technologies <strong>de</strong> l’information et <strong><strong>de</strong>s</strong> communications (TIC). Celle-ciest composée <strong>de</strong> 28 organismes membres. Ils représentent les fabricants, les détenteurs <strong>de</strong> marque, les distributeurs<strong>de</strong> produits électroniques, les détaillants, les entreprises <strong>de</strong> récupération, <strong>de</strong> mise à niveau et <strong>de</strong> réemploi, les entreprises<strong>de</strong> recyclage et <strong>de</strong> transformation, les municipalités, l’organisme Ordinateurs <strong>pour</strong> les écoles du Québec (OPEQ),le Ministère du Développement Durable, <strong>de</strong> l’Environnement et <strong><strong>de</strong>s</strong> Parcs (MDDEP), Environnement Canada et RECYC-QUÉBEC.Le présent rapport traduit les consensus établis par la Filière sur les divers paramètres pouvant composer le programmequébécois <strong>de</strong> <strong>gestion</strong> <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> vie utile <strong><strong>de</strong>s</strong> produits TIC. Ces propositions s’adressent à la Ministre du DéveloppementDurable, <strong>de</strong> l’Environnement et <strong><strong>de</strong>s</strong> Parcs.Chris Jordan ©1. Pr o b l é m a t i q u eLes produits TIC sont au cœur <strong>de</strong> la vie professionnelle et personnelle <strong>de</strong> la majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Québécois au point d’en être<strong>de</strong>venus <strong><strong>de</strong>s</strong> outils incontournables. Cette omniprésence conduit à <strong>de</strong> lourds tributs sociaux et environnementaux.1.1 Vo l u m e s d e v e n t e , d e g é n é r a t i o n , d e r é c u p é r a t i o n , d e r é e m p l o i e t d e r e c y c l a g eLa Filière a cherché initialement à retracer diverses hypothèses <strong>de</strong> volumes d’équipements informatiques actuellementgénérés, entreposés, récupérés, réemployés et recyclés par l’entremise <strong>de</strong> différents rapports canadiens et sondagequébécois 1 . Certaines informations ont été colligées afin d’évaluer les volumes du matériel traité au Québec. Il n’a pas étépossible <strong>de</strong> constituer <strong><strong>de</strong>s</strong> données fiables.La Filière a examiné la possibilité d’engager <strong>une</strong> firme <strong>pour</strong> dresser un portrait exclusif du marché québécois. La majorité<strong><strong>de</strong>s</strong> membres ont jugé que la réalisation d’<strong>une</strong> telle étu<strong>de</strong> serait onéreuse, retar<strong>de</strong>rait le début du programme et neconstituerait pas nécessairement <strong>une</strong> base <strong>de</strong> données exhaustive. Ces constats s’appuient, entre autres, sur le refus <strong><strong>de</strong>s</strong>producteurs <strong>de</strong> matériel informatique à livrer leurs données <strong>de</strong> vente et <strong>de</strong> récupération lorsque disponibles <strong>pour</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>raisons <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité.Les membres ont conclu qu’<strong>une</strong> fois la réglementation adoptée et le programme enclenché, les producteurs et leurs souscontractants(entreprises <strong>de</strong> démantèlement, <strong>de</strong> réutilisation, <strong>de</strong> recyclage, détaillants et municipalités) seraient tenus <strong>de</strong>faire rapport régulièrement <strong>de</strong> leurs données.1.2 Co m p o s i t i o n t o x i q u eLes hauts niveaux <strong>de</strong> performance et <strong>de</strong> compacité <strong><strong>de</strong>s</strong> produits TIC peuvent être atteints grâce à <strong>de</strong> nombreux processus<strong>de</strong> recherche, d’extraction, <strong>de</strong> transformation et d’acheminement. Si les utilisateurs se préoccupent <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités <strong>de</strong> leursnouveaux appareils, leur contenu est en contrepartie un aspect largement ignoré. En fait, plusieurs substances toxiquesse retrouvent dans le matériel technologique et présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> risques élevés <strong>pour</strong> la santé humaine et l’environnements’ils ne sont pas convenablement gérés. Le tableau trouvé à l’annexe C permet <strong>de</strong> localiser les principales substancestoxiques à l’intérieur d’un ordinateur et <strong>de</strong> son écran et d’explorer les problèmes <strong>de</strong> santé humaine qui y sont reliés.1 Trouvées à l’annexe E du rapport8
1.3 En f o u i s s e m e n tAvec l’enfouissement, plusieurs substances toxiques provenant <strong><strong>de</strong>s</strong> produits TIC peuvent se retrouver dans l’environnementsuite à la lixiviation. Selon l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> RIS International Ltd 2 , en 2002, ce sont respectivement 3 098 tonnes <strong>de</strong> plomb,4 tonnes <strong>de</strong> cadmium, 8 tonnes <strong>de</strong> béryllium, 3 tonnes <strong>de</strong> chrome et 1 tonne <strong>de</strong> mercure qui se sont ajoutés, parl’intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> ordinateurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> écrans cathodiques, aux lieux d’enfouissement canadiens. Les membres <strong>de</strong> la Filièreconsidèrent que le traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> produits TIC doit exclure l’enfouissement.1.4 Ex p o r t a t i o nL’exportation d’ordinateurs désuets est un phénomène d’ampleur mondial où le Nigeria, la Chine, le Pakistan et l’In<strong>de</strong>en constitue majoritairement les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinations. Un rapport émis par la Toxics Link met en évi<strong>de</strong>nce que 70 % <strong><strong>de</strong>s</strong> déchets<strong><strong>de</strong>s</strong> équipements électriques et électroniques mis en décharge à New Delhi (In<strong>de</strong>) proviennent d’exportation <strong>de</strong> pays industrialisés3 . La Basel Action Network affirme que 80 % <strong><strong>de</strong>s</strong> appareils récupérés <strong>pour</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> fins <strong>de</strong> recyclage en Amériquedu Nord sont exportés en Asie 4 . On note que 75 % <strong><strong>de</strong>s</strong> ordinateurs expédiés dans ces pays sont irrécupérables ou indémontables5 <strong>de</strong> sorte que leur traitement entraine la combustion <strong>de</strong> plastiques à l’air libre, l’élimination <strong>de</strong> tubes à rayonscathodiques fendus dont le plomb se lessive aux eaux avoisinantes, la manipulation d’aci<strong><strong>de</strong>s</strong> puissants <strong>pour</strong> extraire l’oret le contact <strong><strong>de</strong>s</strong> travailleurs avec <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux lourds. Les résidus s’empilent bien souvent dans <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux d’enfouissementà proximité <strong>de</strong> zones d’habitation menacées par la contamination <strong><strong>de</strong>s</strong> métaux lourds.Tous les membres <strong>de</strong> la Filière s’accor<strong>de</strong>nt sur l’irrecevabilité <strong>de</strong> telles pratiques. Le CCME intègre d’ailleurs à ses principesla recommandation suivante : ‘’Les déchets électriques et électroniques sont exportés du Canada <strong>pour</strong> recyclage seulementdans <strong><strong>de</strong>s</strong> installations qui se sont officiellement engagées à assurer <strong>une</strong> <strong>gestion</strong> soucieuse <strong>de</strong> l’environnement et<strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques équitables en matière d’emploi’’ 6 . L’Australie a choisi <strong>de</strong> bannir l’exportation <strong>de</strong> marchandise défectueuseou périmée en exigeant la présentation d’<strong>une</strong> preuve <strong>de</strong> test et d’un certificat <strong>de</strong> fonctionnalité <strong>pour</strong> prouver le bon usage<strong><strong>de</strong>s</strong> appareils à exporter. Pour rendre <strong>une</strong> telle mesure applicable au Canada, un amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>vrait être fait au Règlementsur l’exportation et l’importation <strong>de</strong> déchets dangereux et <strong>de</strong> matières recyclables dangereuses.1.5 Co n s o m m a t i o n d e m a t i è r e s p r e m i è r e s e t d’é n e r g i eSelon <strong>une</strong> étu<strong>de</strong> menée par l’Université <strong><strong>de</strong>s</strong> Nations Unies 7 , 240 kg <strong>de</strong> combustibles fossiles, 22 kg <strong>de</strong> produits chimiqueset <strong>une</strong> tonne et <strong>de</strong>mie d’eau, sont nécessaires à la fabrication d’un ordinateur et <strong>de</strong> son écran. La même source préciseque <strong>pour</strong> fabriquer les 2 grammes d’<strong>une</strong> barrette mémoire <strong>de</strong> 32 Mb, il faut 1,7 kg d’énergie fossile, 1 m³ d’azote, 72 g <strong>de</strong>produits chimiques et 32 litres d’eau.À ce tableau <strong>de</strong> matières prélevées, on <strong>pour</strong>rait ajouter les émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre produites lors <strong>de</strong> l’acquisition<strong><strong>de</strong>s</strong> matières premières, <strong>de</strong> la fabrication, <strong>de</strong> l’acheminement et <strong>de</strong> l’élimination <strong><strong>de</strong>s</strong> produits TIC en fin <strong>de</strong> vie utile (transport,recyclage et technique <strong>de</strong> disposition ou d’élimination) 8 . Selon les analyses du cycle <strong>de</strong> vie produites par cette université,80 % <strong>de</strong> l’énergie utilisée par un ordinateur l’est au moment <strong>de</strong> sa fabrication. Par sa courte durée d’utilisation (enmoyenne 3,5 ans 9 ), l’ordinateur est le produit d’usage domestique courant qui requière le plus d’énergie. Les combustiblesfossiles utilisés <strong>pour</strong> produire un ordinateur représentent 9 fois son poids comparativement à 2 <strong>pour</strong> l’automobile.2 Données obtenues au prorata <strong>de</strong> la population québécoise. Source: RIS International Ltd., Information Technology (IT) and Telecommunication Waste in Canada – 2003 update.3 Toxics Link, 2003, Scrapping the hi-tech myth: Computer waste in India.4 Basel Action Network, 2002. Exporting Harm, the High-Tech Trashing of Asia.5 Basel Action Network, 2005. The Digital Dump: Exporting Re-Use and Abuse to Africa.6 CCME, 2004, Principes pancanadiens relatifs à l’intendance <strong><strong>de</strong>s</strong> produits électroniques. Ce document se trouve à l’Annexe B du rapport.7 Kuehr et Williams. 2004, Computers and the Environment: Un<strong>de</strong>rstanding and Managing their Impacts.8 Résultats d’<strong>une</strong> étu<strong>de</strong> à ce sujet à l’Annexe G du rapport.9 Op. cit. note 2.9