editorialAlternatives<strong>en</strong>tre Airbus et OGMDRSolagropage 14de la ville de Toulouse repose <strong>en</strong> grande partie aujourd’huisur la v<strong>en</strong>te d’Airbus dans le monde <strong>en</strong>tier (1). Tout autourL’économiede la ville rose, l’agriculture int<strong>en</strong>sive produit l’ess<strong>en</strong>tiel des maïsOGM cultivés <strong>en</strong> France (2), épuisant les sols et les ressources <strong>en</strong> eau.Heureusem<strong>en</strong>t, l’agglomération toulousaine a aussi bénéf<strong>ici</strong>é de l’arrivéemassive des réfugiés républicains espagnols à partir de 1938, dont les<strong>en</strong>fants port<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui des valeurs libertaires. Tout autour,l’installation des néo-ruraux, depuis les années 1970, a am<strong>en</strong>é un peude diversité dans un paysage souv<strong>en</strong>t monotone (3).Comme dans les autres régions, les réseaux sont nombreux et propos<strong>en</strong>tde multiples alternatives. Si la capitale régionale conc<strong>en</strong>tre bon nombred’associations, dispersées un peu partout de Condom, au Nord, à l’<strong>en</strong>tréedu Val d’Aran, au Sud, on trouve de nombreuses réalisations concrètesautour de l’agriculture biologique, de l’habitat sain, des énergies r<strong>en</strong>ouvelables,des arts… Ce numéro vous invite à poursuivre <strong>ici</strong> l’explorationde la région Midi-Pyrénées (4).Michel Bernard ■(1) 11 000 emplois directs.(2) En 2007, 19 815 hectares ont été cultivés <strong>en</strong> France. Trois départem<strong>en</strong>ts dépassai<strong>en</strong>t les 2000 hectares: le Gers, la Haute-Garonne et le Tarn-et-Garonne. Le produit <strong>en</strong> est surtout destiné à la consommationanimale <strong>en</strong> Espagne.(3) A l’exception du Comminges, tout au sud, dont le caractère montagnard les a préservés du remembrem<strong>en</strong>tet de l’irrigation.(4) Comm<strong>en</strong>cée avec les Hautes-Pyrénées et l’Ariège dans le numéro 331.4DRMBVivresimplem<strong>en</strong>tMixart Myrispage 39S!l<strong>en</strong>ce n°353 janvier 2008page 9Un c<strong>en</strong>tre de ressourcessur la non-viol<strong>en</strong>ce 5Vivre simplem<strong>en</strong>t 9solidarités 12Le CIDES collectif solidaire 13Solagro cultiveles r<strong>en</strong>ouvelables 14Un petit vélo dans la ville 17Une vallée préservéedans un océan de maïs 19Alternatives <strong>en</strong> paysde Comminges 22La Gavine 24femmes 25Le Relais gascon 26Les Portes neuves…de la nature 28Pied à terre <strong>en</strong> Gascogne 30habitat 32Etymon,couveuse d’alternatives 33Le Parapluie ambulant 35éducation 36Forum des languesdu monde 37Une Chapelle très m<strong>en</strong>acée 38Mixart Myris 39Un label pour la langueinternationale 40culture 42médias 43Quand le livre se faitgourmandise ! de Anne Dupuis 44DRd o s s i e r
paixUn c<strong>en</strong>tre régionalde ressourcessur la non-viol<strong>en</strong>ceA Colomiers, deuxième ville du départem<strong>en</strong>t de Haute-Garonne,à côté de Toulouse, les habitants se sont mobilisés contre la guerre <strong>en</strong> Irak,le début d’une réflexion qui a conduit à la création d’un c<strong>en</strong>treaujourd’hui fort dynamique.Le 15 février 2003, comme partout dans lemonde, la mobilisation contre la guerre <strong>en</strong>Irak atteint un sommet avec près de 20 000personnes dans les rues de la capitale régionale.Une cinquantaine d’habitants de Colomiersv<strong>en</strong>us <strong>en</strong>semble à la manifestation discut<strong>en</strong>t dece qu’ils peuv<strong>en</strong>t faire pour maint<strong>en</strong>ir la pression.Ils cré<strong>en</strong>t alors Citoy<strong>en</strong>s pour la paix, un réseauinformel qui décide de m<strong>en</strong>er une action nonviol<strong>en</strong>tehebdomadaire : une heure de sil<strong>en</strong>cepour la paix.Chaque semaine depuis le 1 er mars 2003, de11 heures à 12 heures, dans une allée piétonnedu c<strong>en</strong>tre ville, sur le passage des g<strong>en</strong>s qui se r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tau marché, les citoy<strong>en</strong>s se retrouv<strong>en</strong>t avecdes pancartes et rest<strong>en</strong>t là <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce. Sur les pancartes,aucun slogan agressif, mais des citationsde Gandhi, de Martin Luther King. De vingt àquatre-vingt personnes part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t à ses actions.De très nombreux habitants de la ville lis<strong>en</strong>t lespancartes, sign<strong>en</strong>t les pétitions.Le 20 mars 2003, alors que les bombardem<strong>en</strong>tscomm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Irak, 250 personnes manifest<strong>en</strong>tsil<strong>en</strong>cieusem<strong>en</strong>t dans la ville et se retrouv<strong>en</strong>tdevant la mairie où le conseil mun<strong>ici</strong>pal — demajorité socialiste — accueille les manifestants.Alain Refalo, militant non-viol<strong>en</strong>t, instituteurqui s’est mis <strong>en</strong> disponibilité de l’Educationnationale et correspondant de presse local, pr<strong>en</strong>dalors la parole pour dénoncer la militarisationdes relations internationales et demande le respectdu droit international. Le 26 mars 2003, leconseil mun<strong>ici</strong>pal pr<strong>en</strong>d position contre “cetteguerre illégale et illégitime”. Le 16 avril 2003,plus de 350 personnes se retrouv<strong>en</strong>t sur la placede l’Hôtel de Ville pour dessiner <strong>en</strong>semble uneimm<strong>en</strong>se colombe de la paix.Ces actions répétées vont contribuer à ouvrir ledébat sur la non-viol<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre militants associatifs,habitants de la ville et élus mun<strong>ici</strong>paux.Vers un c<strong>en</strong>tre de ressourcesParmi les associations très actives dans la commune,l’ACSE, association colomérine socio-éducative,regroupe, depuis les années 1970, deséducateurs qui travaill<strong>en</strong>t au contact des jeuneset des habitants et contribue à la mise <strong>en</strong> place d<strong>en</strong>ombreuses initiatives (voir <strong>en</strong>cart). Son directeur,Patrick Jim<strong>en</strong>a, confronté à des situationsde viol<strong>en</strong>ce liées le plus souv<strong>en</strong>t à la précarité,s’est p<strong>en</strong>ché depuis un certain temps sur les propositionsqu’offr<strong>en</strong>t la non-viol<strong>en</strong>ce.L’associationpr<strong>en</strong>d l’initiative d’inviter Jean-Marie Muller,porte-parole du MAN, Mouvem<strong>en</strong>t pour unealternative non-viol<strong>en</strong>te. Le 12 mai 2003, laconfér<strong>en</strong>ce se ti<strong>en</strong>t au collège Léon-Blum devantun large public, avec notamm<strong>en</strong>t ceux et cellesqui ont part<strong>ici</strong>pé à la réalisation de la colombe dela paix.Des par<strong>en</strong>ts d’élèves et des personnes de s<strong>en</strong>sibilitésdiverses rejoign<strong>en</strong>t l’ACSE et le réseauCitoy<strong>en</strong>s pour la paix, pour constituer un groupede réflexion sur la citoy<strong>en</strong>neté et la non-viol<strong>en</strong>ce.C’est ainsi que, de juin à septembre 2003,va naître progressivem<strong>en</strong>t le projet d’un c<strong>en</strong>trerégional de ressources sur la non-viol<strong>en</strong>ce.D’autres associations sont approchées et intégréesau projet. Le 27 septembre 2003, <strong>en</strong>viron80 personnes part<strong>ici</strong>p<strong>en</strong>t à l’assemblée généraleconstitutive du “C<strong>en</strong>tre de ressources sur la nonviol<strong>en</strong>cede Midi-Pyrénées”. Le c<strong>en</strong>tre s’articulealors autour de quatre pôles : ressources docum<strong>en</strong>taires,ressources pédagogiques, formationet réflexion. Le c<strong>en</strong>tre se dote tout de suite d’uncomité de parrainage auquel adhèr<strong>en</strong>t des personnalitésdiverses (1).Le directeur de Colomiers-Habitat, principalbailleur social de la ville, se montre intéressé parle projet et met à disposition un local proche dulycée international. La mairie pr<strong>en</strong>d à sa chargeles travaux d’aménagem<strong>en</strong>t du local pour la miseaux normes de sécurité. De nombreux dons <strong>en</strong>arg<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong> nature permett<strong>en</strong>t d’équiper le localDRmars 2003 : prés<strong>en</strong>ce sil<strong>en</strong>cieuse.DR16 avril 2003 : une colombe pour la paix.(1) On trouve dans le comité de souti<strong>en</strong>,Simone de Bollardière, ChristianDelorme, Albert Jacquard, EdgarMorin, Jean-Marie Muller, FrançoisRoux, Patrick Viveret…S!l<strong>en</strong>ce n°353 janvier 20085