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concret et actif pour le respect des droits fondamentauxde tout être humain. “Nous devons êtrele changement que nous souhaitons pour le monde”disait encore Gandhi, interpellant chacun à s’élevercontre les injustices et à incarner dans sesactes quotidiens ces valeurs. J’ai été marquée, enrelisant leurs récits de vie, par le courage et ladétermination avec lesquels ces grands hommesont tenté de défendre leurs idéaux. Ils n’hésitaientpas à faire appel à la désobéissance civile pourfaire pression contre les lois injustes des gouvernements,et ce jusqu’à en assumer pleinement lesconséquences et les sanctions. D’ailleurs, Gandhi,Martin Luther King et Nelson Mandela ont tousles trois été condamnés à l’emprisonnement qu’ilsassumaient totalement, plutôt que de se laisservaincre par leurs ennemis politiques ou qued’avoir recours à la violence. La désobéissancecivile se définit ainsi comme un acte collectif,décidé consciemment, assumé publiquement (etnon caché dans la clandestinité), profondémentpacifique et visant au changement d’une loi oud’une politique gouvernementale, jugée injuste etinéquitable. Le terme nous vient d’Henry DavidThoreau dans son essai Resistance to CivilGovernment publié en 1849 à la suite de son refusde payer l’impôt américain destiné à financer laguerre contre le Mexique et de son opposition àla politique esclavagiste des états du Sud. “Lecitoyen doit-il, fût-ce un moment et si peu que ce soit,sacrifier sa conscience au législateur ? Je pense quenous devons être d’abord des hommes et seulementensuite des citoyens. Il est inadmissible de confondrele respect de la loi avec le respect du juste. Jamais laloi ne rendit le moins du monde les hommes plusjustes ; et souvent les bien intentionnés deviennent,de par leur respect pour elle, les agents de l’injustice”écrivit-il dans cet ouvrage. Par la suite,Thoreau eut une influence sur Gandhi qui développal’idée de désobéissance civile à travers leconcept de Satyagraha (littéralement « la voie dela vérité »), qui lui permit de mener sa lutte nonviolentecontre l’Apartheid et la discriminationdu peuple indien en Afrique du Sud et de s’opposerà la politique coloniale du Royaume-Uni enInde. “La Satyagraha diffère de la résistance passivecomme le pôle Nord et le pôle Sud. La seconde aété conçue comme l’arme du faible et n’exclut pasl’utilisation de la force physique ou de la violencepour arriver à ses fins, alors que la première a étéconçue comme l’arme du fort et exclut l’utilisationde la violence sous toutes ses formes. Il y a beaucoupde causes pour lesquelles je suis prêt à mourir maisaucune pour laquelle je suis prêt à tuer. “Œil pourœil” rend le monde entier aveugle”.L’humanisme et la souverainetédes peuples sur leurs territoiresPour s’opposer aux monopoles et à l’oppressiondes gouvernements, Gandhi n’hésita pas non plusà faire appel aux boycotts. En 1930, en protestationcontre une taxe instaurée par lesBritanniques, il organisa la « Marche du Sel »menant des milliers d’Indiens sur plus de 400 kmafin d’aller extraire leur propre sel des maraissalants de Jabalpur. Il demanda également que lekhadi – vêtement fait maison – soit porté par tousles Indiens au lieu des textiles britanniques.Riches ou pauvres, hommes ou femmes, devaientfiler chaque jour afin d’aider le mouvement d’indépendance.Pour ne citer qu’une autre de sesnombreuses actions qui menèrent à la victoire del’indépendance de son pays, Gandhi organisa larésistance civique de dizaines de milliers de fermierssans terre et petits propriétaires pauvres quiétaient forcés de cultiver l’indigo et autres produitsd’exportation au lieu de cultiver la nourriturenécessaire à leur subsistance. Martin LutherKing, quant à lui, mena également des campagnesde boycott des bus de Montgomery en Alabamadans lesquels était instaurée la ségrégation àl’égard des personnes de couleur. Après avoir étéarrêté durant cette campagne, il eut finalementgain de cause par une décision de la CourSuprême des Etats-Unis qui déclara illégale touteségrégation dans les autobus, restaurants, écoleset autres lieux publics. On peut noter par ces différentsexemples que l’humanisme incarné parces grands hommes était étroitement lié avec lerespect de la liberté, de la souveraineté et de l’égalitédes peuples sur leurs territoires.Humanisme, sobriété et écologieUne autre valeur et pratique qui était chère àGandhi est celle de la simplicité. Il croyait qu’unepersonne impliquée dans le service social devaitmener une vie simple, abandonner toute dépensesuperflue et laver ses propres vêtements. Lefameux “Vivre simplement pour que, simplement,d’autres puissent vivre” est resté encore aujourd’huicomme une des paroles les plus renomméesde Gandhi. Un autre humaniste qui le rejoint surce point est Théodore Monod, le passionné dudésert qui arpenta le Sahara pendant plus desoixante ans à dos de chameau ou à pied. Pourl’un comme pour l’autre, l’engagement pour unmonde plus juste allait de pair avec la conscienceque tous les hommes sont abrités par la mêmeterre et qu’une répartition équitable des ressourcesest obligatoire pour assouvir les besoinsfondamentaux de chacun. Gandhi ne disait-il pasaussi que la terre est suffisante pour assouvir lesbesoins de tous mais non pour répondre à l’aviditéde quelques-uns ? Chez Théodore Monod,le souci du bien-être humain et du respect de lavie sous toutes ses formes ne faisait qu’un. Sesconvictions antiracistes, pacifistes et écologiquesse rejoignaient et au fil de son itinéraire, il militaaussi bien contre la collaboration de Vichy et lerégime nazi que contre l’arme nucléaire et les violencesfaites aux animaux. Il disait : “Nous devonsapprendre à respecter la vie sous toutes ses formes :DRDRNelson Mandela.Gandhi.S!lence n°353 janvier 20085 5