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LES NOUVELLES TRAJECTOIRES

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secteurs d’innovation traditionnels, alimentant une demande de force de travail<br />

créative ;<br />

-! du fait de l’automatisation des tâches et de la complémentarité qui s’organise entre le<br />

travail de la machine et le travail humain, ce dernier aura pour valeur ajoutée et donc<br />

pour contenu majoritaire la mise en œuvre de capacités d’intuition, de créativité,<br />

d’adaptabilité, tandis que le discrétisable et le calculable seront gérés par les machines.<br />

Enfin, autour du mouvement des makers est valorisée une culture de l’autodidactisme, du<br />

bricolage et de la diffusion des savoirs qui s’appuie largement sur les outils numériques. C’est<br />

autour de l’émancipation du travail humain par l’autonomisation vis-à-vis des chaînes de<br />

production industrielle que s’articulent les principales affirmations de ces mouvements.<br />

D’un autre côté, sont soulevés un certain nombre de paradoxes de l’autonomie, qui caractérise<br />

les outils numériques :<br />

●! L’autonomie peut être subie et non voulue : dans le cadre d’une activité donnée, le<br />

passage d’un mode de travail très encadré à un mode de travail autonome peut être<br />

vécu comme une violence, engendrer de la solitude de la démotivation et in fine de la<br />

souffrance au travail. Cela s’inscrit dans le contexte plus large de l’évolution des<br />

politiques de ressources humaines vers davantage de responsabilisation des fonctions<br />

intermédiaires. La question des dispositifs d’accompagnement des individus doit donc<br />

être soulevée pour penser l’autonomisation de salariés, par exemple.<br />

●! L’autonomie peut n’être que formelle et receler des dispositifs d’incitation à certains<br />

comportements, tels que des dispositifs d’enrôlement. Ces dispositifs encadrent<br />

l’activité tout en laissant une marge de manœuvre formelle aux salariés. La diffusion<br />

large des progiciels de gestion intégrée (ERP) participe de ce mouvement d’incitation.<br />

De manière plus générale, c’est autour de la notion de programmation ou encore de<br />

prolétarisation qu’est posée la question du sens/contenu du travail à l’heure de<br />

l’automatisation. Le travailleur n’est plus décrit comme étant un mécanisme obéissant<br />

au sens de l’usine fordiste, mais comme une entité programmable. Cela signifie qu’au<br />

lieu de simplement obéir à un ordre donné et de l’appliquer sur une durée déterminée,<br />

il est amené à réagir en continu à un ensemble de signaux et d’informations qui lui sont<br />

transmis afin d’atteindre des objectifs changeants. Ainsi, selon les défenseurs de cette<br />

idée, sous couvert d’avoir gagné en autonomie, le travailleur a échangé un mode<br />

subordination pour un autre. Il devient, à l’image d’un programme, déterminé en<br />

permanence par des stimuli extérieurs, amené à “réagir” au lieu “d’agir”. La critique de<br />

la prolétarisation développe cette thématique en analysant la destruction des savoirs<br />

(théoriques, -faire, -être) qu’occasionnent les nouveaux systèmes automatisés<br />

d’hypercontrôle des activités humaines, qui délèguent le discernement à des<br />

algorithmes et font du travail humain une suite de processus à suivre, au lieu d’une<br />

activité émancipatrice.<br />

●! L’individualisation et l’autonomisation des travailleurs peuvent conduire à un<br />

affaiblissement du collectif, ce qui a plusieurs conséquences. Tout d’abord une<br />

individualisation de la souffrance au travail, perçue comme un problème personnel,<br />

quand cela pouvait être considéré auparavant comme relevant d’un problème collectif.<br />

Mais également une perte relative du sens du travail, souvent défini par rapport au<br />

collectif auquel on se rattache, dans le cadre d’une discussion avec ses pairs et de la<br />

poursuite d’un objectif commun. Les collectifs de travail, mis notamment à mal par les<br />

nouvelles organisations du travail qui individualisent le rapport individu/entreprise -<br />

(cf. controverse 3) - étaient en effet des lieux de réflexion et d’échange sur la valeur de<br />

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