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LES NOUVELLES TRAJECTOIRES

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-! pour améliorer la personnalisation des publicités ;<br />

-! pour optimiser le fonctionnement des services : statistiques d’utilisation,<br />

personnalisation de l’information ;<br />

-! pour rendre plus efficiente l’allocation des ressources des entreprises : métriques et<br />

statistiques de consommation, politiques de prix, etc ;<br />

-! pour créer de nouveaux services: exploitation de données sur des plateformes<br />

d’innovation ouverte (interfaces de programmation – API).<br />

Le terrain de recherche autour de la notion de Digital Labor 44 définit ces phénomènes comme<br />

la mise au travail de nos liaisons numériques : un travail implicite, à faible intensité mais<br />

omniprésent est réalisé mais n’est pas reconnu comme tel. Ce nouveau type de travail<br />

constituerait ainsi le cœur de la production de valeur à l’heure numérique. De ce point de vue,<br />

lorsque nous fournissons de manière plus actives des informations exploitables - remplir un<br />

formulaire, poster un commentaire, … - celles-ci sont exploitées de la même manière : le<br />

procédé d’extraction de la valeur connaît donc des déclinaisons mais ne change pas de nature.<br />

Ces actions sont à la fois productrices de valeur, soumises à un encadrement contractuel (via<br />

les conditions générales d’utilisation des services numériques) et sujettes à des injonctions<br />

sociales (nombre de likes, de followers, etc.) assimilables à des métriques de performances 45 .<br />

En revanche ce constat d’une situation asymétrique n’amène pas nécessairement les tenants<br />

du Digital Labor à recommander la généralisation d’une rémunération des utilisateurs de<br />

plateformes.<br />

Travail vs. emploi. Le courant du Digital Labor fait une distinction entre le travail et<br />

l’emploi. Toutes les activités qui participent de la vie en société – langage, interactions, etc. -<br />

peuvent être considérées comme un travail, puisqu’elles deviennent le cœur de la production<br />

de valeur dans la nouvelle économie. En revanche le crowdsourcing se distingue du<br />

Digital Labor, car il repose sur un outsourcing du travail sur le mode spéculatif.<br />

Par exemple, lorsqu’une marque organise un concours pour imaginer le design de sa future<br />

campagne publicitaire, chaque candidat travaille mais seule une partie, la plus talentueuse,<br />

reçoit la rémunération. Le Digital Labor repose de son côté sur une hyperspécialisation du<br />

travail non rémunéré ou soumis à des micro-paiements précaires. Le concept de Digital<br />

Labor distingue par ailleurs les places de marché qui mettent en relation des entreprises et<br />

des personnes pour externaliser des travaux de pigistes (ex : Freelancer, oDesk, …), et le<br />

recours à des humains pour effectuer des micro-tâches peu qualifiées, destinées à aider les<br />

machines à apprendre. Cette distinction repose sur l’idée que dans le second cas, la<br />

rémunération des micro-tâches est toujours bien inférieure à la valeur crée directement et<br />

indirectement par ces tâches. C’est ce qui rapprocherait les micro-taskers d’Amazon<br />

Mechanical Turk - qu’Antonio Casilli décrit comme un centre d’élevage pour algorithmes -<br />

des utilisateurs de Facebook ou autre dont les usages génèrent des données exploitables.<br />

Une autre manière de voir est de considérer que dans les deux cas (crowdsourcing et Digital<br />

Labor) la co-production de valeur par l’utilisateur est un transfert de tâches qui se fait en<br />

44<br />

Trebor Scholtz, Digital Labor: The Internet as Playground and Factory, 2012 ; Christian Fuchs,<br />

Class and the exploitation of the Internet, 2013. Le terme Labor fait référence à la fois au travail, aux<br />

fruits du travail et à toutes les forces sociales liées au travail, plutôt qu’à l’activité de travailler (Work).<br />

45 Pour Antonio Casilli, le fait d’être populaire sur un réseau n’est certes pas identique au fait d’être<br />

présent chaque jour au travail. Pour autant cela reste une injonction qui peut être importante pour<br />

une partie de la population. Ainsi être présent sur academia.edu peut être décisif pour une carrière<br />

universitaire. Qu’est-ce que le Digital Labor ?, Dominique Cardon et Antonio Casilli, Août 2015<br />

47

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